Par Selim Lander
Au théâtre, il y a des soirs avec et des soirs sans. On veut dire par là avec ou sans cette fascination que connaît le spectateur lorsque les trois conditions d’une pièce réussie se trouvent réunies : le bon texte, la bonne mise en scène et le(s) bon(s) comédien(s). Tout commence par le texte (sauf pour le mime ou un certain théâtre d’objets, évidemment). Fuck America est un roman qui, d’après ce que l’on en sait, est fortement inspiré par l’expérience personnelle de l’auteur, Edgar Hilsenrath, plus particulièrement ses années de « galère » en Amérique (États-Unis). Connaissant l’humour juif new-yorkais, on imagine aisément qu’un bon écrivain puisse tirer d’une telle expérience un roman à succès (et l’on nous dit que, en l’occurrence, le succès fut bien au rendez-vous). Le théâtre, néanmoins, semblable d’ailleurs à cet égard au cinéma, est obligé d’opérer des coupes sombres dans le texte romanesque. L’adaptation est un exercice difficile, pas toujours réussi. C’est malheureusement le cas dans cette pièce (adaptée par l’un des trois comédiens) où l’on enfile les lieux communs, par exemple les stéréotypes racistes.