Étiquette : Frantz Succab

Adieu à Philippe Bourgade

— Par Frantz Succab —

Adieu Pipo
Juste un mauvais jeu de mots
Pour te dire
Ce n’était pas du pipeau
Le clin d’oeil.
De ton obturateur

Pas du pipeau
Mais la putain de mélodie qui en sort
Et jamais ne se taira

Nous étions quelque uns
S’en souviennent-t-ils
Les autres ?
Moi guadeloupéen
Entouré de martiniquais
Plus que frères pour la cause commune
Antinégrière
Face au BUMIDOM
Dans le même vaisseau
Appelé panier à salade
À Paris
Après « l’affaire Pelée » je crois.

Tant d’années
Moi chez moi
Toi chez toi
Perdus de vue
Jamais de coeur
Sauf récemment
Pour une aventure où tu ne seras pas

Salut aux survivants de l’époque
Adieu à toi

Frantz Succab

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Il faut que la Démocratie respire

— Par Frantz Succab —

Au moment où un énième Congrès des élus guadeloupéens va avoir droit aux actualités dans la presse et l’opinion résiduelle encore attentive à la chose politique ; au moment où la désespérance latente se shootera au lespwa-a-malpapay, on peut se demander comme de coutume s’il s’agit en vérité d’un moment de respiration démocratique.

Hélas, que pour que la démocratie respire dans nos parages, il faut lui ôter toute la charge qui lui pèse sur la gorge. Cette charge ne vient pas seulement d’un seul ou de plusieurs élus ou d’un quelconque parti politique, mais de la Guadeloupe entière telle qu’elle fonctionne. C’est le poids des mentalités, celles qui ont conduit à la municipalisation des esprits, à l’électoralisme forcené pervertissant le sens profond du libre choix citoyen. En somme, le poids du clocher sur l’esprit public et la liberté.

Interrogeons-nous honnêtement, du fond du cœur ? Les guadeloupéens ont-ils jamais exercé sans peur de leur ombre leur pouvoir de tout changer, tel qu’on l’entend bougonner dans les foules toute la sainte journée ? Il ne s’agit pas que de changer de maire, mais surtout de société et, partant, de vision de l’avenir : le mode de production et les rapports sociaux, les modes de délibération collective et de gestion des affaires de la Cité. 

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L’an 2022 fut, l’an 2023 sera… Et après ?

— Par Frantz Succab —

Ainsi défilent les années depuis les siècles des siècles. Tous les peuples qui, bon gré mal gré, ont mesuré l’histoire à l’aune du calendrier grégorien, marquent le même jour, à quelques fuseaux horaires près, le début de chaque année nouvelle : huit jours après la supposée Nativité du Seigneur, l’Église fête Marie, mère vierge de Dieu, le 1er janvier. Quelles que soient nos origines, croyants ou non, là où nous vivons encore sous l’emprise du catholicisme romain, nous nous plions à sa règle de marquer un temps d’arrêt pour passer en revue l’année qui finit et doter l’année nouvelle de toutes les espérances. Peut-être est-ce cette tradition qui nous conditionne encore et toujours à borner notre réflexion au plus récent, dans l’oubliance convenue de ce qui persiste et signe tout au long de notre histoire.

Alors qu’on n’attende pas de nous de raconter par le menu l’année 2022 comme le commencement de nos peines les plus profondes ou de nos plus grandes joies !

Pourquoi, malgré l’injonction sournoise à l’oubli, certaines années restent-elles imprimées dans la mémoire ou la pensée ?

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Et si le mot « Liberté » gardait son sens…

— Par Frantz Succab —

Il me revient très souvent, à propos des anticolonialistes, qu’il leur faut le courage et l’honnêteté de se remettre en question. En substance, ils devraient se demander si « un certain discours militant » ne tourne pas en rond. An ka pwan’y pou mwen osi, puisque je suis des leurs jusqu’à nouvel ordre. Ces exhortations légitimes, pourvu qu’elles soient bien intentionnées, appellent en effet pour y répondre du courage et de l’honnêteté. D’autant plus, de mon point de vue, que le courage de l’autocritique va de pair avec l’honnêteté, dont celle de ne jamais abandonner les valeurs qui devraient animer tout anticolonialiste. Savoir admettre qu’on se trompe sur la forme de son discours si elle reste figée en dépit du contexte, cela n’empêche pas d’appeler les choses par leur nom : gris, noir ou échaudé, un chat reste un chat et l’eau froide, l’eau froide.

On parle bien de « valeurs » quand il s’agit de la conviction relative au droit de chaque peuple du monde à être souverain en son territoire. Libre de s’autodéterminer.

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L’utopie d’être adulte

Par Frantz Succab

Lorsque des adultes, voire des demi-vieux, forment régulièrement concile pour se faire enfants de chœur, ça débecte.

Lorsqu’à coups de menton, devant les défis historiques que doit relever le pays, ils nous chantent : « le peuple n’est pas assez adulte! », il ne faut avoir ni rire trop facile ni indignation trop bénigne. Il faut seulement se demander quelle loi infantilise également, des plus jeunes aux plus anciennes, toutes les générations d’ici-dans.

Notre peuple est-il plus jeune que tous les autres peuples des Caraïbes, des Amériques, des Afriques, des Asies et des Europes ? Non. Au demeurant, à n’en pas douter, il est parmi les plus vieux colonisés du monde.

Nous, mères et pères qui, à l’instar de nos propres parents, pressons nos enfants de bien apprendre à l’école. C’est pourquoi ? Nous répondons presque tous que c’est pour qu’ils deviennent des adultes responsables, voire indépendants. Pourtant, mêmes ceux d’entre nous censés occuper des fonctions de responsabilité ne cessent de se laisser infantiliser sous les yeux de nos propres enfants.

Qui infantilise ? Toujours les mêmes : les représentants de l’Etat français, et ce, depuis la nuit des temps, cela étant l’essence même de la fonction idéologique du colonialisme, ce par quoi beaucoup l’ont l’identifié.

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Simplement Guadeloupéen

Co-errance ou cohérence ?

Par Frantz Succab

S’affirmer « Guadeloupéen » devient banal, mais est-ce neutre pour autant ? Cela semble être une option moins aiguisée politiquement que de se dire « patriote », « nationaliste » ou « indépendantiste ». Il faut cependant en tirer les conséquences, ne jamais oublier qu’à l’époque de l’assimilation triomphante, toute la pensée anticolonialiste s’est construite sur cette identité historique et culturelle « anbafèy », reliant souterrainement d’innombrables femmes et hommes d’ici, sur plusieurs générations. La Guadeloupe ne se réduisait plus à une indication géographique, comme ne cesse de l’exprimer le qualificatif « outremer ». 

Certains rétorqueront peut-être : « Cette question est dépassée. Pourquoi est-il besoin de le redire ?  Le tigre n’a pas besoin de clamer sa tigritude » … La réponse est simple : c’est encore nécessaire parce que le tigre en cage se laisse encore prendre pour Gros Minet. Vous ne dépassez rien en réduisant ce Tout à une seule de ses expressions, serait-ce la plus apparemment radicale. Ce n’est pas sur une seule patte, même toutes griffes dehors, passée à travers les grilles que le tigre devra compter pour assumer ce qu’il est.

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Le poids de l’assimilation est encore réel

— Par Frantz Succab —

Quand le président Macron annonce une loi contre le « séparatisme », c’est le vieux républicanisme nationaliste français qui redevient d’actualité ; celui-là même, qui prôna l’assimilation comme crédo pour l’ensemble de ses possessions coloniales. La lutte de l’État français contre le séparatisme dans les outremers a une histoire singulière.  Qui qualifiait-on ici de « séparatistes » ? Ceux qui voulaient sortir du statut de colonisés assimilés. Sous ce rapport, une récente publication intitulée « Aux Antilles, le socle culturel de l’assimilation n’est plus d’actualité » signée Jean-Marie Nol (Madinin’art 31/8/2020) suscite en nous une réflexion critique.

De notre point de vue, pour commencer, l’assimilation ne fut jamais le « socle culturel » de la problématique politique en Guadeloupe, mais le couvercle institutionnel et idéologique qui pèse en permanence sur l’esprit public. Qu’est-ce qui conduit l’auteur à poser comme dépassé un obstacle qui paralyse encore toute volonté de faire peuple, voire nation singulière ?

Même lorsque le constat est fait qu’en Martinique et en Guadeloupe il y a rejet par une partie de la jeunesse des symboles de la présence française, pourquoi minimiser en parlant de « banalisation de la radicalisation des esprits ».

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Politique, cris et tâtonnements

— Par Frantz Succab —

Les récentes élections municipales et communautaires ont provoqué à chaud des sentiments divers, de l’optimisme au dégoût en passant par le doute. Les commentaires de presse ont suivi. Ils ont souvent usé du stéréotype de « dégagisme » pour décrire l’apparition de nouvelles figures à la place de certains caciques de la vie politique.

On se dit qu’il faut que la Démocratie respire, mais respire-t-elle bien chez nous ? On sent son souffle court. La société, du côté de sa composante la plus jeune, a priori la moins conservatrice, cherche de l’air, mais loin des bureaux de vote. Cela n’empêche pas ce constant prêchi-prêcha républicain et démocratique qui sonne de plus en plus creux par déficit d’ouailles. Loin de célébrer ici la victoire de l’abstention, qui ne serait en réalité la victoire de personne, nous la constatons simplement. C’est un fait persistant, pesant, qui depuis des lustres nous procure indirectement une représentation politique par défaut. Désertion ou fatalisme ?

Au lieu de se contenter de s’en réjouir ou de le regretter, n’est-il pas temps de chercher à comprendre ce que dissimule la vie politique en Guadeloupe ?

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Presse guadeloupéenne? … Pas sans la Guadeloupe!

— Par Frantz Succab —

La disparition de France-Antilles interroge les guadeloupéens au-delà du fait lui-même. C’est un business qui périclite, comme d’autres, mais un business singulier qui prétendait engendrer une activité nécessaire à la société dans son ensemble : le journalisme.

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D’aucuns autopsient le défunt business, d’autres interrogent l’activité. L’un a disparu faute de superprofits, l’autre vit encore et a beaucoup à répondre, puisque toujours nécessaire à la société. En tant qu’être social, le guadeloupéen a des besoins que le business ne perçoit pas toujours à leur mesure. C’est toute l’histoire de France-Antilles. Mais le reste, la nécessité pour l’être humain vivant en société de se connaître et se reconnaitre, de s’évader du cachot de l’ignorance du monde où il vit et de celui qui l’entoure, c’est l’histoire du journalisme. En Guadeloupe et ailleurs.

Tout est affaire de démarche : quel pas précède l’autre, du business ou du journalisme ? Ne faut-il pas dans le raisonnement commencer par le début ? On ne peut pas dire d’emblée sous quelle forme précise peut apparaître l’offre demandée par le guadeloupéen.

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Guadeloupe : Un Congrès… Pour des prunes ?

— Par Frantz Succab —

L’idée de Congrès des élus semble faire son chemin parmi les sentiers sinueux des logiques politiciennes. Il finira par se tenir, à la suite de quelques-uns sur 19 ans, convoqués alternativement par l’un ou l’autre des présidents, de la Région ou du Département.

Sera-t-il, enfin, Congrès de la congruence ? Rien n’est moins sûr. Et pourtant, la vraie question se trouve là, dans le « pouki », le « Pour-quoi-faire » : selon que ce Congrès sera considéré comme fin en soi ou, plutôt, comme un lieu à partir duquel s’ouvrirait un vrai horizon politique.

Il convient d’abord de restituer à cet organe son sens premier. « Le Congrès des élus départementaux et régionaux », instauré par la Loi d’Orientation pour l’Outre-Mer (LOOM – 28 mars 2000) est lui-même une évolution institutionnelle. C’est une institution qui, dans le but de permettre aux possessions françaises d’Outremer de se sentir moins ligotées, desserre un peu les liens. Elle permet aux élus de choisir, s’il en est, le lien de dépendance le plus avantageux, à condition de ne jamais le rompre.

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Paysage pour film de passage ou pays de créateurs ?

Lettre ouverte de Frantz Succab au Président Ary Chalus

Monsieur le Président,
Peu après votre élection, vous m’avez fait l’honneur de m’inviter à devenir membre bénévole du Comité de Lecture qui anime le Fonds de coopération cinématographique et audiovisuel. De quoi s’agit-il ? Ce fonds alimenté conjointement par la Région et le Centre National du Cinéma (l’Etat donc), a pour objectif de soutenir les films (fictions ou documentaires) ainsi que les œuvres audiovisuelles de qualité qui concernent la Guadeloupe. L’utilité d’une telle mission résidait, à mon sens, dans l’intention de Changer d’Avenir, pour parler simplement : pointer ce qui n’allait pas avant, pour faire mieux demain. Aujourd’hui, plus d’un an s’est écoulé, et je vous écris.

Certes, vos services ont développé une intense communication autour de divers événements cinématographiques (festivals, tournages, avant-premières, etc..) et l’ont fait avec application. Tout va-t-il, cependant, pour le mieux au royaume des images ? Non, derrière ce qui brille, il y a de vastes zones d’ombres grouillant de questions dérangeantes. Mais pour qui ? J’aime à croire, pour votre honneur, que vous les sous-estimez de bonne foi.

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Lapenn vo! (ça vaut la peine)

— Par Frantz Succab —

Je n’ai pas le colonialisme français et les faiseurs de pwofitasyon au bout du fusil. De fusil je n’en ai pas.
Je n’ai aucun talent d’artificier. De bombes je n’ai que quelque bomba de Boriquén du temps-longtemps d’avant le zouk, parmi mes vieux disques remisés.
Je voudrais bien marcher, marcher, des kilomètres et des années, jusqu’au Grand Soir. De jambes, je n’en ai plus de bien vaillantes, j’ai gaspillé mon pas dans des courses fanfaronnes.

Il me reste l’écriture. J’assume cet art sans culpabilité, sans contournement ni retournement sur ma pauvre figure des mauvaises consciences de l’ordre musculaire. L’écriture ne me fait montre que d’un seul besoin : que je la pratique sans vergogne, en toute liberté, sans aucune retenue sensuelle, sans aucune censure intellectuelle, sans le moindre sens du devoir (ni politique, ni idéologique, ni moral – surtout pas!), sans concession à l’égard de l’infinité des possibles sur laquelle ouvre l’aventure des mots; leur beauté et leur puissance renversante, pourvu que je n’en perde pas la clé.

Trop souvent égaré dans des querelles volatiles de pit-a-kòk, j’ai perdu assez de plumes.

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Oser Guadeloupe Ensemble

Par Frantz Succab —

Sur l’avenir statutaire de la Guadeloupe la balle semble être remise au centre du débat politique, mais en catimini. Comme si la question n’avait jamais été disputée. Pourtant, qu’on la crie sur tous les toits ou qu’on la taise, elle est constitutive de l’histoire politique de la colonie. Sous-jacente en pleine guerre anti-esclavagiste, dans un contexte qui liait en un combat, similaire à leurs yeux, Haïti et Guadeloupe ; informulée mais présente dès la période post-abolitionniste quand les nègres faisaient leur entrée en politique, notamment avec Boisneuf ; option dialectiquement contraire, quoique silencieuse, lors du choix de la départementalisation.

La France savait ce qu’elle faisait ici

Parce qu’il faut se dire que même si la notion d’autonomie politique ou d’indépendance était confuse au niveau des guadeloupéens, elle ne le fut jamais pour la France. Avec la mémoire de ses guerres coloniales anciennes (dont sa première défaite en Haïti), puis des luttes anticolonialistes en Indochine, en Algérie et ailleurs en Afrique, la France savait ce qu’elle faisait ici ou, tout du moins, ce qu’elle ne voulait à aucun prix.

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Bobo 1er, ni roi ni reine, mais il porte la couronne

— Par Roland Sabra —

Il est arrivé le premier sur la scène. Les autres, il les attend et il les attendra longtemps. Ils ne viendront pas. Alors il soliloque. Il parle de Pauline, de sa Pauline. Il lui parle et elle lui parle. Pauline ? « C’est son Amérique à lui, même qu’il est trop bien pour elle » Lui ? Il s’écrit en majuscules de noblesse. Bobo 1er, roi de personne. Bobo dans l’entre deux des langues qui le traversent qu’il habite, qu’il unit et démarie entre « l’observancement » du monde et « l’emmerdation » qui en résulte. Et il explique : «  Si kréyol exerce sa vie rien qu’à montrer qu’il n’est pas français, c’est pas une vie. C’est en vérité français qui lui dicte une telle conduite. Même-pareil si français ne sert qu’à touffer kréyol… C’est pas un métier pour une langue d’emmerder les autres langues… Je suis venu au monde en trouvant autour de moi des mots rangés à ma disposition dans deux sacs séparés et plein de poussières de mots entre eux… Eh bien je me les ramasse tous pour en faire ma cuisine à moi.

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« Bobo1er, roi de personne » : de l’insu à l’excès

24 mars Fonds St-Jacques à 19h

bobo_1er-d— Par Christian Antourel —

Il fallait bien un comédien pour endosser ce personnage C’est Patrick Womba à qui le rôle échoua…et c’est très bien ! Le roi c’est lui. Comme à son habitude, il s’empare du rôle de l’intérieur jalousement gloutonnement, il se délecte de la moindre ponctuation et des gestes qui s’y collent … Et gare à l’écho qui voudrait lui ravir son jouet.

Seul sur scène durant une heure trente il s’esclaffe, interroge, affirme. Colère et tendresse. Droit comme la justice ou tout en calme et poésie toujours imperturbable ; il ronronne presque. Commande, se livre il irradie. Bobo 1er roi de toutes les illusions, le roi de personne c’est lui. Ce spectacle moitié théâtre moitié musique, inspiré de la figure d’Ibo Simon, personnage réel énoncé clairement, « toute ressemblance avec une ex personnalité politique locale, n’est pas fortuite » Bonhomme mythomane haut en couleur, cette pathologie du narcissisme c’est-à-dire de l’amour de soi fait que le gus, s’il ne supporte pas la réalité telle qu’elle est, c’est d’abord qu’il ne se supporte pas lui même Ses frasques et errances musicales d’abord et rapidement médiatico- politique rejoignent un exhibitionnisme social porté par des vêtements couleur cacatoès, perroquets ou aras, un tutti frutti provocateur de couleurs et de formes.

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Bobo 1er, Roi de personne

Les 22 & 24 mars 2016

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Bobo n’est roi de personne. Il règne, cependant, sur un peuple imaginaire, dans un royaume sans trône, et se balade entre deux âges, entre deux mondes… Entre le « Short Message System » utilisé pour écrire à sa belle et son monde hâbleur de beloteurs de buvette, campagnards désargentés qui regardent le temps suivre son cours circulaire. Entre le monde du numérique et celui d’un autre temps, fleurant le souvenir d’odeurs encore terriennes et bien vivaces.

Un peu comme les peintres et les poètes, il se promène à la lisière de toutes les réalités, en se fabriquant une identité faite de bric et de broc. On devine les blessures de sa vie à travers sa gaucherie même, dans les interstices de son monologue baroque

Ce bougre-là n’est le roi de personne, mais comme il trouve que ça sonne bien, il s’est autoproclamé Bobo 1″. Juste parce qu’il aime les mots.

On redécouvre peu à peu I’humour et la grandeur des petites gens, la grâce et le burlesque de ces âmes méprisées par les élites…

Tu es mêlé, mon cher

Mêlé comme genmbo de chez chauve-souris, ouais : aujourd’hui tu montres tes ailes d’oiseau, demain tu montres ta tête et tes poils de rat et, Jinal de compte, tu
n’es personne.

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Two présé pa ka fè jou wouvè

— Par Frantz Succab —

two_preseVoilà tournée la dernière page d’un épisode de la vie politique. Au moment où l’élection d’Ary Chalus à la présidence de la Région ouvre le suivant, on ne doit rien oublier de ce qui est arrivé au pays de pire ou de meilleur.

L’histoire ne commence pas maintenant. Ce qu’on a toujours vécu, doit éclairer ce qu’on va vivre. En imaginant ce qu’il faudra faire, on doit tous, élus aussi bien que citoyens, garder à l’esprit ce qu’il ne faut plus faire, ou laisser faire. Que le peuple aime ses représentants n’est pas preuve de faiblesse, si cela favorise la concorde. Le plus dangereux c’est que la représentation politique devienne tout pour lui, jusqu’à remettre totalement son sort entre ses mains. Les voix de la critique se faisant ténues d’une échéance électorale à l’autre, pendant que le pouvoir s’accoutume aux louanges et aux flatteries, à force de n’entendre quotidiennement que la douce musique susurrée par un entourage qui vit à ses dépends.

Démocratie : un idéal à atteindre

Il ne faut pas se raconter d’histoire.

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Rester Guadeloupéen « an bouch » ou le devenir politiquement ?

— Par Frantz Succab —

gwadaDu GONG à l’UPLG, en passant par divers succédanés de la mouvance indépendantiste, « l’abstention révolutionnaire » résuma un positionnement à l’égard de la nation française. Les élections, singulièrement les présidentielles et les législatives n’étaient que l’occasion de montrer symboliquement que nous n’en sommes pas, tout en vaquant par ailleurs à nos occupations civiles, professionnelles ou autres, de ressortissants français. Nous ne pouvions faire comme si nous vivions dans un pays indépendant, sous une autorité politique propre, comme conservée sous cloche. Aucun syndicaliste ou démocrate, fût-il du plus pur nationalisme, n’hésitait à s’appuyer sur certains dispositifs législatifs français, tant qu’ils garantissaient les droits du salarié, certaines libertés démocratiques, les Droits Humains en général. Parce qu’à l’intérieur de ces dispositifs se trouvaient les fruits de la lutte des classes laborieuses d’ici et de France.

L’adjectif « révolutionnaire » accolé à l’abstention lui apportait un sens positif, la démarquant de l’indifférence politique plus que démissionnaire du commun des mortels. Quoique liée au fait électoral, l’abstention, de ce point de vue, ne se voulait pas une arme électorale au sens strict, parce que ne visant aucun autre résultat que l’élévation de la conscience nationale.

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Une autre Guadeloupe, pour un autre destin

— Par Frantz Succab* —

gwada_autreSi la Guadeloupe veut du renouveau, le citoyen le peut… Le temps est venu de mettre en cohérence et de prolonger dans une démarche unitaire les différentes idées circulant parmi tous ceux, partis politiques, mouvements et personnalités citoyens, qui veulent que la Guadeloupe s’appartienne. Elles sont éparses, parfois contradictoires, mais ont forcément des lieux de croisement. Y-a-t-il, par exemple, une muraille de Chine entre ceux qui croient à la nécessité de jouer le jeu démocratique dans la Guadeloupe actuelle et ceux qui n’y croient pas ? Rien n’est moins sûr. Que l’on accorde encore quelqu’efficacité à l’abstentionnisme ou que l’on veuille enfin faire entendre des voix nouvelles associées à des pratiques novatrices au sein des collectivités, le patriotisme guadeloupéen n’est pas une posture figée de l’esprit. Dans la vie politique réelle, il est des questions qui appellent des réponses concrètes de la part de tout guadeloupéen.

 Sur le plan politique, l’année 2015, sauf autre événement majeur imprévu s’annonce, en effet, comme une année électorale, les départementales de mars  et les Régionales de décembre prendront une importance particulière.

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Séparer culture et politique n’est jamais innocent

Libre opinion

— Par Frantz Succab —

politiques_culturellesLa Culture est le premier champ de bataille où s’est jouée l’affirmation de l’identité guadeloupéenne. La conscience politique de notre différence en est née. En 1946, dans l’immédiat après-guerre, la Départementalisation des vieilles colonies fut, du point de vue de la France, un acte à portée conomique et géopolitique, mais qui contenait un facteur aggravant pour les consciences des peuples concernés: la systématisation de l’assimilation.

L’Etat français ne pouvait changer ni la couleur de peau, majoritairement non-blanche, du colonisé ni sa géographie ni ce que l’histoire du pays avait construit dans les âmes et les mentalités à travers une langue et des formes de ritualisation sociale, comme représentation singulière du monde. En 1946 la majorité des guadeloupéens était exclusivement créolophone, imprégnée d’us et coutumes forgées au cours des siècles à partir des générations successives d’afro-descendants qui en constituaient l’argile fondamental. Il ne restait qu’à leur faire croire massivement qu’ils n’étaient pas ce qu’ils sont.

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Albin et Serena

À Monchoachi, mon ami du Morne, qui m’a soufflé un chant que j’ai écouté, et aimé à ma façon…

— Par Frantz Succab —

boulanger_loverAlbin-boulanger nous procurait notre pain quotidien ; mais si l’on fait la part entre son métier qu’il exerçait avec conscience et le reste, il n’avait montré qu’un seul don dans sa vie, celui de disparaître.

  Il ne disparaissait pas lui-même. En vérité, ou plus exactement, disparaître le prenait de l’en-dedans de son corps, là-même, sans prendre son corps ; au milieu d’une conversation, d’une réunion ou d’un monter-descendre au vu et au su de tout le monde le long de la rue Bord-de-mer. Des vieux y refaisaient sans cesse le chemin du temps, des jeunes par petits-pilots bruyants,  gesticulaient avec ces mots en rafales passés à la râpe des play-list et vendus prêt-à-porter, les flâneurs s’occupaient à ne faire rien d’autre que s’occuper des affaires d’autrui et la plupart des autres gens faisaient aller-venir pour commissions autour du marché. Et Albin faisait partie de ce paysage.

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En réponse à la lettre d’Alex Lollia aux intellectuels de la Guadeloupe

 —Par Frantz SUCCAB, Chroniqueur indépendant- Auteur dramatique —

oreiles_boucheesCher Alex Lollia

J’entends bien votre appel, quoique vous disiez ne pas entendre notre voix, ni la mienne ni celle de plus d’un qui n’ont de cesse de « l’ouvrir ». Ils l’ouvrent sur le sort fait à notre pays et notre peuple. Ils ne se contentent pas de dénoncer les injustices –du moins celles dont ils ont connaissance en l’état de l’information telle qu’elle est en Guadeloupe –. Ils tentent surtout de faire comprendre au plus grand nombre les enjeux réels de la lutte émancipatrice. Ils préconisent maintes et maintes pistes dont l’une, et non des moindres, est d’unir les énergies sociales, politiques et culturelles qui sont susceptibles de l’être pour fonder une bonne raison politique : un nouvel espace public pour une autre Guadeloupe. Une Guadeloupe qui s’appartienne.

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Des Sons et des Mots

— Par Frantz SUCCAB —
mot_tremblantCe sont les poètes qui font la poésie et non les langues, quelles que soient les langues. La langue créole ne fait pas exception. Ce n’est pas parce qu’elle a été très longtemps reléguée, envoyée se faire parler et entendre ailleurs, qu’elle devrait forcément chercher à faire société conforme pour avoir la poésie fréquentable. Cette langue ne se sera pas émancipée à force d’imagination et de créativité, de déboulements et de détours, pour s’emprisonner dans un quelconque académisme, fût-il « Tan-nou »… national et populaire.
Le piège pour une langue est de s’entêter à démontrer quelle en est une, à exhiber ses attributs intimes dans les foires pour faire admettre qu’elle aussi elle peut. À la longue, ça lui fait perdre le goût de l’aventure des ses propres mots et, par conséquent, amenuise ses chances de s’émerveiller des beautés insoupçonnées qu’elle recèle. Elle se répète, confondant faire œuvre et faire tours de manège. Elle tue sa poésie parce qu’elle rend prudemment casaniers les aventuriers des mots que seront toujours les poètes.
Avec une gamme sonore de base, une infinité de mélodies différentes, possibles depuis que l’homme est l’homme et tant qu’il le sera.

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Théâtre et actualité politique.

  — Par Frantz Succab —

 theat_polIl y a, selon moi, deux approches de la notion d’actualité :

 Le présent : les événements d’ordre privé ou collectifs qui se déroulent au jour le jour, pendant que nous vivons 

 Le « présent » présenté au plus grand nombre. Le produit quotidien des medias, résultat du travail des journalistes ou des chroniqueurs de presse. La vie quotidienne de la société regardée et relatée à travers un prisme où le critère esthétique n’est pas de mise.

 Les faits et leurs problématiques étant hiérarchisés en fonction de critères idéologiques et marchands, qui concourent à déterminer « l’air du temps »

 Idéologiques parce que traduisant une représentation conservatrice de l’ordre de notre société et du monde (qui contrôle la presse ?) Les actualités obéissent à un format, diffusé au moyen d’une grammaire codée : une grève, sera d’abord une prise en otage de la population, le terrorisme ne sera que l’action des forces du mal contre celles du bien ( en général, les pays occidentaux) les déviances sociales ou les catastrophes liées à la pauvreté seront mises en exergue pour convoquer la charité ou le travail social, qui ne sont que dépolitisation l’engagement social et l’humanitarisme qui n’est que dépolitisation de la solidarité des peuples.

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