— Par François Taillandier —
«Je vous charge du plus important : le langage ! » déclare le ministre des Affaires étrangères à sa nouvelle recrue, au début du film Quai d’Orsay. Moi qui étais allé voir ce film à peu près par hasard (je n’avais pas même vu qu’il était de Bertrand Tavernier), on pense si cette réplique m’a fait dresser l’oreille !
Et de fait, par-delà son côté comédie légère (il faudrait être bien grognon ou bien neurasthénique pour ne pas rire), c’est un film qui porte sur la construction de la parole politique. Et sans jeu de mots, c’est édifiant. Du début à la fin, l’enjeu de l’action n’est rien d’autre que cela : que va dire le ministre, en Allemagne, à l’ONU, en Afrique ? Dans un univers diplomatique où un mot de travers peut provoquer des cataclysmes, une douzaine de conseillers et spécialistes, qui se tirent mutuellement dans les pattes, volettent autour de l’innocente jeune « plume », qui s’épuise à faire et refaire les discours.