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Analyse et réflexions sur le poème « Complaintes d’esclave » de Massillon Coicou

— Par Fortenel Thélusma, linguiste et didacticien du FLE —

I
Pourquoi donc suis-je nègre ?
Oh ! pourquoi suis-je noir ?
Lorsque Dieu m’eut jeté dans le sein de ma mère,
Pourquoi la mort jalouse et si prompte au devoir
N’accourut-elle pas l’enlever de la terre ?
Je n’aurais pas connu tous ces tourments affreux ;
Mon cœur n’aurait pas bu tant de fiel, goutte à goutte.
Au fond de mon néant, oh ! je serais, sans doute,
Moins plaintif, plus heureux.
Mais Dieu m’a condamné, le sort doit me poursuivre ;
De mon sang, de mes pleurs, il faut que tout s’enivre !…

II
Pourquoi donc suis-je nègre ?
Oh ! pourquoi suis-je noir ?
Lorsque Dieu m’eut jeté dans le sein de ma mère,
Pourquoi la mort jalouse et si prompte au devoir
N’accourut-elle pas l’enlever de la terre ?
Car libre l’oiseau vole et redit ses concerts ;
Car libre le vent souffre au gré de son caprice ;
Car libre, l’onde limpide, harmonieuse, glisse
Entre les gazons verts.
Esclave, il n’est pour moi nul bonheur, nulle fête,
Et je n’ai pas de place où reposer ma tête.

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Festival International du Livre Gabonais et des Arts (FILIGA)

Par Fortenel Thélusma

Du 30 mai au 1er juin 2024, s’est tenue la 3e édition de la foire du livre à Libreville, au Gabon. C’est un évènement annuel qui a débuté en 2022. Pour y participer, les auteurs et écrivains doivent recevoir une invitation des organisateurs à titre de conférencier et d’exposant. Manifestation culturelle fortement médiatisée, la foire du livre a réuni, cette année, dix-sept pays.

Edgard Gousse, professeur et écrivain haïtiano-canadien était présent à cette troisième édition. Sa participation a été couronnée de succès. En dehors de sa prestation, en tant qu’exposant et conférencier dans le cadre des activités coordonnées par le FILIGA, il a été également reçu et introduit, avec une chaleureuse cordialité, par le vice-recteur de l’Université Omar Bongo (UOB), la principale université publique de Libreville. Une séance de dédicaces y a été, par ailleurs, organisée. Voici quelques titres signés, majoritairement des romans :

1) Ne dites pas à ma mère que je suis une salope (roman, 2013)

2) Le pouvoir du Sexe (récits, 2014)

3) Je suis Black mais je baise tes Blanches (nouvelles, 2017)

4) Femme des papas (roman, 2019)

5) Les petites donneuses (roman, 2020)

6) Silence, on assassine le président (roman, 2021)

7) Sang pour sang (roman, 2022)

8) Un canal pour deux moitiés d’île (roman, 2023)

9) Et si le sexe n’existait pas (roman, 2024)

Était également exposé le gros volume de 1654 pages, une biographie de Fidel Castro.

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La problématique de l’enseignement bilingue créole-français en Haïti : défis et perspectives

— Par Fortenel Thélusma(*) —

L’enseignement bilingue voire multilingue en Haïti revêt une importance particulière mais constitue un problème épineux et complexe. En effet, il ne peut se résoudre sans une prise en charge globale de l’enseignement-apprentissage de toutes les autres disciplines. Il y va des méthodes adoptées et de la gestion du système éducatif haïtien dans son intégralité. Dans le cadre de cet article, j’aborderai successivement les points suivants : le créole et le français dans la réforme Bernard, le type de bilinguisme à viser, la réalité du créole et du français dans la salle de classe et la qualité de leur enseignement-apprentissage. Je terminerai par des propositions en vue d’un aménagement linguistique.

I- Le créole et le français dans la réforme Bernard 

Si le créole a obtenu le statut juridique grâce à la constitution de 1987 qui l’a consacré avec le français langue nationale et langue officielle, la réforme Bernard leur avait déjà accordé un statut particulier. Le créole allait se procurer une place pour la première fois à l’école haïtienne. En effet, cette langue devient instrument et objet d’enseignement- apprentissage durant les quatre premières années de l’école fondamentale.

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« Bwa kale », quelle interprétation dans la conjoncture actuelle ?

Par Fortenel Thélusma —

Cet article se propose d’expliquer l’usage actuel de l’expression « Bwa kale » dans le cadre de l’opération portant le même nom, initiée par des membres de la population haïtienne complètement abandonnée par les tenants du pouvoir afin de se défendre contre les bandits armés qui les massacrent sans pitié. À l’aide d’arguments scientifiques appropriés, il tentera d’appréhender la réalité en tenant compte de la situation de communication, du contexte dans lequel le syntagme nominal « Bwa kale » est utilisé. Il prendra le contre-pied des traductions et définitions relevées dans certains articles francophones de l’étranger.

Les mouvements sociaux, politiques, économiques, culturels, etc. donnent souvent naissance à de nouveaux mots ou donnent lieu à l’usage nouveau de mots existant déjà dans la langue. Il en est ainsi, dans ce dernier cas, de l’expression « bwa kale » revenue en force ces temps -ci à la fois comme slogan, mouvement de révolte, moyen de défense. En effet, elle est en usage depuis plusieurs mois déjà dans certaines stations de radio de Port-au-Prince, soit comme slogan, soit dans des commentaires visant à mobiliser la population haïtienne (voir par exemple, radio Regard FM/ plateforme Vouzan en ligne).

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Fortenel Thélusma, de la linguistique à la fiction romanesque : un pari et de grands défis ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

La littérature haïtienne a en partage avec les autres littératures à travers le monde une caractéristique de premier plan : les forgerons de la fiction appartiennent la plupart du temps à des champs d’activités qui n’ont pas à priori grand-chose à voir avec la littérature. Il en est ainsi de Jacques Stephen Alexis et Joël Des Rosiers, médecins ; de Marie-Célie Agnant, traductrice ; de Lilas Desquiron, ethnologue ; de Ketly Mars, gestionnaire ; de Jan J. Dominique, communicatrice ; de Georges Anglade, géographe ; de Michel Soukar, historien ; de Gérald Bloncourt, photographe et peintre ; de Faubert Bolivar, philosophe, etc. Il est toutefois attesté que nombre d’écrivains puisent dans leur expérience professionnelle la matière première de leurs œuvres de fiction. C’est notamment le cas du neurologue et linguiste Jean Métellus. À la suite de « Une eau forte » (Gallimard, 1983), qui marquait une première prise de distance à l’égard des clichés du roman haïtien, l’auteur s’attache dans « La parole prisonnière » (Gallimard, 1986) à l’étude de certains troubles du langage.

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Analyse d’un texte poétique en créole de Jean-Claude Martineau : sa portée par rapport à la réalité socio-économique et politique de l’époque.

Par Fortenel THELUSMA, linguiste et didacticien du FLE —

Résumé

Le créole est la langue première (L1) des Haïtiennes et Haïtiens nés et élevés en Haïti. La réforme éducative du Ministre Joseph C. Bernard en 1979, en l’introduisant pour la première fois dans l’enseignement-apprentissage en Haïti, l’a consacré langue-objet et langue-outil aux côtés du français langue seconde. Cette introduction a été considérée comme l’une des plus grandes innovations de cette réforme dans le système éducatif haïtien. Et la constitution de 1987 est venue lui donner le statut juridique de langue officielle et langue nationale.

Beaucoup d’avancées ont été répertoriées, notamment sur son fonctionnement (publication de grammaire linguistique, de dictionnaire, etc.). Mais d’autres travaux importants restent à effectuer, comme sur son instrumentalisation. Dans la perspective de valoriser les œuvres écrites en créole haïtien, un natif du pays a décidé d’y consacrer un important ouvrage, une compilation des textes écrits en créole sous la plume des meilleurs écrivains du 18ème au 20ème siècle dans des domaines variés (littérature orale, poésie, théâtre, contes, récits, essai, textes bibliques et liturgiques, etc.). Jean-Claude Bajeux (17 septembre 1937-5 août 2011), poète, enseignant, écrivain, est l’auteur de cette œuvre colossale écrite en créole puis traduite en français et publiée en 1999, aux Editions Antilia sous le titre : Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne.

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Propositions pour un enseignement-apprentissage efficace du français langue seconde en Haïti

— Par Fortenel Thelusma, linguiste et didacticien du français langue étrangère (FLE)

Introduction

Les langues enseignées en Haïti

En raison de la situation géopolitique d’Haïti, quatre langues sont enseignées dans les institutions scolaires, universitaires, etc. L’anglais, la langue la plus parlée dans la caraïbe, est aussi celle du géant voisin américain, les Etats-Unis où résident un grand nombre d’Haïtiennes et d’Haïtiens. L’enseignement de l’espagnol s’impose non seulement par la proximité de la République dominicaine avec laquelle Haïti partage l’île mais aussi du fait de sa relation avec d’autres pays de la zone et de l’Amérique latine. Quant à l’enseignement-apprentissage du français en Haïti, il est vieux d’environ deux siècles avec la création même de l’école haïtienne après l’indépendance obtenue de haute lutte de la France. Ironie du sort, c’est en 1979, grâce à la réforme éducative initiée par Joseph C. Bernard, Ministre de l’Education nationale d’alors, que la seule langue parlée par la majorité de la population haïtienne, le créole, a été introduite officiellement pour la première fois à l’école dans le pays. Par ailleurs, la Constitution de 1987 consacre la co-officialisation du créole et du français.

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Le locuteur bilingue haïtien : entre effet de mode et snobisme

— Par Fortenel Thelusma (*) —

Brève présentation de la situation linguistique en Haïti : entre monolinguisme et bilinguisme

  1. Aujourd’hui, dans certains milieux publics, on observe, à défaut d’un bilinguisme vivace à l’oral, l’usage d’un créole francisé tendant à se situer entre effet de mode et snobisme dans la presse orale. En sociologie, la mode est surtout étudiée dans la présentation de produits visant la parure, tels que les vêtements et leurs accessoires. Elle occupe une place centrale dans la vie des êtres humains dans la mesure où elle leur permet de définir leur identité sociale. « La mode se caractérise, en premier lieu, par un principe d’affirmation, à travers lequel individus et groupes sociaux s’imitent et se distinguent en utilisant des signaux … » (Sociologie de la mode Publié le 07/07/2010 par Frédéric Godart, Frédérique Giraud et Frédéric Monneyron
    La Découverte, Collection Repères).

Quant au snobisme, il « ne désigne pas un type d’individu, mais une manière de se comporter à l’égard d’autrui, en partant du principe que nos goûts sont supérieurs au sien. […] Extrait de « Le snobisme », de Adèle Van Reeth et Raphaël Enthoven, publié chez Plon, 2015 (2/2) ».

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Le système éducatif haïtien : réforme ou mirage ?

Le système éducatif haïtien entre l’École fondamentale et l’enseignement secondaire rénové : réforme ou mirage ?

—Par Fortenel THELUSMA, enseignant-chercheur, linguiste et didacticien du français langue étrangère (FLE) —

L’école fondamentale et l’enseignement secondaire : brève présentation

Le système éducatif haïtien actuellement comprend l’enseignement fondamental divisé en trois cycles, d’une durée de neuf ans, le secondaire rénové totalisant quatre années (secondaire I, secondaire II, secondaire III et secondaire IV) et l’enseignement de niveau supérieur. Née de la réforme Bernard de 1979, l’Ecole fondamentale remplace l’école primaire et les trois premières années des lycées et collèges. Selon le livret vert de la réforme (p.27), « l’Ecole Fondamentale a pour vocation essentielle de promouvoir une formation générale […] qui doit conduire le maximum d’enfants à un niveau de connaissances générales et d’initiation aux techniques, indispensables à leur accession aux établissements de niveau secondaire ou à un processus de production ».

Les caractéristiques de l’Ecole Fondamentale, selon ce document, sont les suivantes :

– Homogénéité : programmes successifs se développant suivant un tronc commun de formation de base approfondie pour tous les élèves.

– Flexibilité : Bifurcations possibles à la fin de chacun des cycles successifs vers des formations préprofessionnelles ou professionnelles et réinsertion possible au début de ces mêmes cycles.

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Quand Jean-Claude Bajeux dénonçait le mépris du créole par certains Haïtiens

Retour sur « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen ».

— Par Fortenel THELUSMA, enseignant-chercheur —

Né le 17 septembre 1931 et mort le 5 août 2011, Jean-Claude Bajeux avait plusieurs codes à son arc. Entre autres études, il était philosophe, traducteur, spécialiste de la littérature antillaise. Il a contribué à la rédaction de la revue en créole Sèl des Pères spiritains de Brooklyn alors qu’il vivait en exil dans les années 70. Poète, enseignant, écrivain, il était l’auteur de plusieurs ouvrages. En 1999, il a publié, aux Editions Antilia, une anthologie bilingue (créole-français) de la littérature créole : « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne ». Ce livre est présenté en sept chapitres avec des sujets /thèmes variés sous la plume des meilleurs écrivains haïtiens du 18e au 20e siècle :
– Premiers textes
– Littérature orale
– Poèmes
– Théâtre
– Romans et récits
– Essais

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