— Par Faouzia Zouari, présidente du Parlement des écrivaines francophones (PEF) —
Attendu que ce pays a vu éclore tant de pensées offertes au monde, tant d’écrits à résonance universelle, il est normal que notre appel y trouve sens.
Attendu qu’une pensée doit rejoindre un lieu, la nôtre a jailli ici, comme si elle ne pouvait trouver ailleurs racine et ancrage. Attendu que ce pays est une île et que vers les îles convergent les égarés de toutes les mers.
Attendu que chaque petite poignée de cette terre semble contenir le limon de toutes les terres et qu’une main semble y avoir semé les gènes de l’humanité tout entière. Ici, nous sommes à la porte de la Martinique. Le lieu du « Tout Monde » aurait dit Glissant.
Ici, où la grande Histoire s’est faite histoires au pluriel, migrations continuelles, forcées ou volontaires, prisons sans fenêtres et frontières illimitées.
Ici sont passés peuples et ethnies, hommes et femmes poussés sur ces rivages, libres ou enchaînés, conquérants ou vaincus, laissant leur vie derrière eux, tenant dans le creux de la main, obstinément, une graine d’avenir à semer, une ligne d’horizon à dessiner.