« Epicentro » : Hubert Sauper signe un documentaire poétique, sans se prononcer sur la situation de l’île
Lors de la scène d’ouverture, un homme fume le cigare, à moins que ce ne soit le vent qui le consume. Des vagues s’abattent en gerbes blanchies d’écume sur le Malecon (la jetée) qui protège La Havane. Dans le dernier plan, le même homme fume toujours un cigare incandescent. L’eau monte jusqu’au seuil des maisons. Les vagues sont devenues plus grosses. Est-ce à dire que la situation de Cuba a empiré ? Hubert Sauper ne nous dit rien. Il filme, un peu en retrait de son sujet, comme s’il redoutait d’être pris dans le dispositif spéculaire qu’il dénonce. Difficile de savoir, à la vision de ce documentaire poétique et déambulatoire, ce qu’il pense de la situation de l’île qu’il situe au croisement d’une « fake news » et d’une utopie. S’il regrette l’épopée castriste. S’il applaudit à la réouverture des relations diplomatiques avec les États-Unis.
S’il méprise les touristes qui envahissent la ville avec leurs appareils photo comme lui avec sa caméra. Des vaches qui paissent dans l’enceinte d’une raffinerie sucrière abandonnée rappelant la rigueur du boycott.