— Par Emmanuel Le Roy Ladurie – normalien, agrégé d’histoire et docteur ès lettres, spécialiste de l’histoire du climat —
Le réchauffement climatique constitue une préoccupation croissante dans le monde. De la première description de l’effet de serre en 1824 jusqu’aux derniers rapports alarmants du GIEC, les alertes se multiplient. Le phénomène actuel s’inscrit dans le temps beaucoup plus long de l’histoire générale du climat.
À quand remonte, selon vous, une approche rationnelle et scientifique des phénomènes climatiques ?
Le climat a longtemps fait l’objet d’une approche religieuse ou mystique. Il était fréquent de prier pour obtenir du beau temps ou de la pluie, voire même d’organiser des processions tout spécialement consacrées, comme en Espagne. À la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, des centaines de sorcières ont été brûlées en Allemagne, notamment à la suite de gelées ayant détruit les raisins et dont elles étaient tenues pour responsables.
Les débuts de l’approche rationnelle sont intimement liés à des considérations agricoles et en particulier viticoles. Dès l’an mil, les agriculteurs récoltant le blé observaient avec sérieux la pluie et l’ensoleillement.