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Festival d’Almada : et si le théâtre était un langage universel ?

En 2020, alors que partout en Europe s’éteignaient une à une les manifestations culturelles estivales, la ville d’Almada au Portugal maintenait contre vents et marées son Festival International de Théâtre, sur les deux rives douces du Tage, et sous la conduite de Rodrigo Francisco, son vaillant capitaine. Si en raison de la pandémie l’adjectif “international” s’avérait alors superflu, trois troupes étrangères seulement ayant pu faire le voyage, l’été 2021 voit la renaissance d’un événement qui, auprès de troupes portugaises issues de diverses villes – Almada, Lisbonne, Faro, Porto –, présente, dans un même élan enthousiaste, celles venues  de France, de Hollande, d’Espagne, de Belgique, de Slovénie, ou encore du Brésil. Certes les mesures nécessaires au bon déroulement de l’événement restent draconiennes, prise de température parfois, entrées et sorties sous contrôle, jauge réduite de moitié et ci gît un peu du bonheur d’être au théâtre, quand sur votre droite et votre gauche les sièges doivent rester désespérément vides, que donc ne joue plus vraiment l’interaction entre un texte, des comédiens et un public qui serait lié par le partage des émotions. Mais la magie demeure quand dans le silence venu, aux limites parfois du recueillement, les acteurs entrent en scène… de nouveau en scène, après ce qui fut, pour certains d’entre nous, une trop longue absence !

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« Qui a tué mon père(?) » Une fausse question, un vrai spectacle!

— Par Roland Sabra —

Texte d’Édouard Louis, m.e.s. et jeu Stanislas Nordey.

Samedi 14 Septembre 2019 à 20 h Tropiques-Atrium.

« Qui a tué mon père(?) » est une fausse question. La liste des meurtriers est jetée sur scène, à la face d’un public de théâtre plutôt aisé, pris à partie, sommé de prendre position dans un épilogue d’une violence singulière en décalage avec les mœurs plus feutrées de l’assistance. Le théâtre n’est pas un lieu éthéré, préservé des laideurs matérielles du monde. Il y a dans cette adresse un condensé de toute la dialectique qui traverse de bout en bout le texte d’Édouard Louis admirablement mis en valeur par Stanislas Nordey. Le comédien metteur en scène, directeur de la Scène nationale de Strasbourg, donne à entendre comme haut-parleur, ce que la lecture du texte, qui s’inscrit dans la lignée de Marguerite Duras, Alec Baldwin, Simone de Beauvoir, Annie Ernaux ou Didier Eribon, les « parents de substitution » de l’auteur, noyait dans la polarité binaire qui le structure. L’écriture d’Edouard Louis se déploie à partir de son existence, celle d’un transfuge de classe.

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« Qui a tué mon père », d’après Edouard Louis, m.e.s. Stanislas Nordey

Samedi 14 Septembre 2019 à 20 h Tropiques-Atrium

Dans Qui a tué mon père, Édouard Louis décrypte les mécanismes de domination qui broient les êtres et leurs relations.

Stanislas Nordey met en scène et interprète la parole et le regard d’un fils sur son père, depuis les premiers souvenirs d’enfance jusqu’à sa « mort sociale ».

Qui sont les gens qu’on appelle « les classes populaires » et dont les femmes et hommes politiques ne cessent de parler comme étant des « fainéants » ou des « exclus » ? Avec ce texte, Édouard Louis s’engage dans ce qu’il nomme une « littérature de la confrontation ».

Édouard Louis est écrivain. Il a publié aux éditions du Seuil En finir avec Eddy Bellegueule en 2014 et Histoire de la violence en 2016 – roman dont des extraits ont été lus au TNS par Stanislas Nordey en février 2016 dans le cadre de L’autre saison. En 2013, il a dirigé l’ouvrage Pierre Bourdieu : l’insoumission en héritage, paru aux Presses universitaires de France – où il crée et dirige la collection « Des Mots ».

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Cinéma : « D’une famille à l’autre », « Brooklyn Village »

— Par Selim Lander —

dune-famille-a-lautreDifficile de communiquer les sensations provoquées par ce film. Peut-être le lecteur de cette chronique qui n’aura pas vu D’une famille à l’autre comprendra-t-il mieux ce que nous tentons d’exprimer s’il a eu la chance d’avoir entre les mains le livre d’Édouard Louis[i] En finir avec Eddy Bellegueule (Seuil 2014). Pour mémoire, Eddy Bellegueule est un garçon efféminé né dans une famille pauvre d’un village du nord de la France où, par tradition, on ne fait pas d’étude longue, où les filles se font engrosser prématurément tandis que les garçons partent vite à l’usine et se saoulent le samedi soir. Dans un tel milieu, Eddy ne peut que devenir l’objet des moqueries générales et le souffre-douleur des plus méchants. Toute la jeunesse d’Eddy ne sera donc qu’une suite de rebuffades, de brimades, d’efforts désespérés pour ne pas (trop) perdre la face. Il ne s’en sortira que grâce au théâtre, au collège, où il se fera remarquer, ce qui lui ouvrira la porte du « grand » lycée du chef lieu du département où il trouvera des garçons qui lui ressemblent.

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