— Par Dominique Taffin, Ancienne directrice des Archives de Martinique —
Quelques mots, quelques touches de souvenirs, qui s’accrocheront peutêtre à la mémoire que tant de Martiniquais qui t’ont bien mieux connu que moi garderont, je l’espère, longtemps. Bizarrement, c’est un tutoiement qui me vient, alors que nous nous sommes dit vous tout au long des quelque trente années qui mesurent l’écart entre notre première rencontre et la dernière, début 2018. Pardonnez-moi d’abandonner la neutralité professionnelle de l’archiviste et de naviguer entre les deux ! C’était, je crois, à la fin des années 1980, aux Archives d’outre-mer où, jeune conservatrice, je rencontrais un petit homme, à l’œil clair et au ton sans réplique qui exigeait d’avoir accès sans délai et sans restriction à toutes les archives concernant Césaire. Il aura fallu que je vienne travailler en Martinique pour que je comprenne les tenants et aboutissants de ce comportement péremptoire qui m’avait tant indisposée à l’époque : au-delà d’un trait de caractère forgé par ton parcours individuel et par la haute idée de ta mission, c’était aussi une posture d’attaque face à la culture du secret qui pesait sur tout ce qui relevait de l’histoire contemporaine de la Martinique.
Étiquette : Dominique Taffin
Sociologie
La Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage est créée
Sur proposition du Président de la République, Mme Dominique Taffin, conservatrice générale du patrimoine, ancienne directrice des archives de la Martinique, est nommée directrice de la Fondation.
Annoncée par le Président de la République Emmanuel Macron le 10 mai dernier, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage a installé son premier conseil d’administration aujourd’hui à Paris.
Une institution au service de la cohésion nationale Dix-huit ans après le vote de la loi de la loi Taubira qui a reconnu l’esclavage et la traite comme des crimes contre l’humanité, la création d’une fondation nationale dédiée à la transmission de cette histoire et à la valorisation de ses héritages multiples – culturels, politiques, humains – marque une nouvelle étape dans la reconnaissance par la France de ce passé. En veillant à réintégrer le passé esclavagiste dans l’histoire de la France, en rappelant comment la résistance à l’oppression et le combat pour l’abolition ont façonné nos valeurs, en montrant comment les outre-mer ont enrichi notre culture, la Fondation sera un instrument de compréhension de l’identité mondiale de la nation française, au service de la cohésion nationale.