— Par Dominique Jacques Roth, psychanalyste et auteur —
Les attentats qui se perpétuent depuis 2015 ne sauraient être empêchés sur un mode seulement mécanique, car dès qu’un nouveau est perpétré, il n’est plus question que d’instaurer de nouvelles mesures sécuritaires, comme si l’éradication du terrorisme se réduisait à la mise en place de mesures répressives supplémentaires. Un tel empressement occulte le fait que les idéaux d’une société gestionnaire invalident le père comme tiers de la parole, car c’est la catégorie du père elle-même qui défaille dans le discours contemporain. L’auto-radicalisation participe d’une disposition psychique mortifère qui prend des allures protéiformes. « Faire bloc contre le terrorisme » suppose aussi et avant tout une analyse de la manière dont les pères des nations, leurs présidents et leurs élites manient l’ordre symbolique, pour accrocher la problématique terroriste à des causes bien plus profondes, constamment éludées.
La prolongation de l’état d’urgence et la mise en place de mesures de sûreté ne suffiront jamais à mettre un terme à une forme de guerre non conventionnelle née d’une parole paternelle défaillante. Qu’un président et son premier ministre se pressent au chevet des victimes ne changera rien au mensonge ou à l’hypocrisie de propos qui ne sont plus dignes de foi.