— Par David Cayla —
David Cayla est économiste à l’université d’Angers et membre du collectif des Économistes atterrés. Il a publié en 2018 « L’Économie du réel » (De Boeck Supérieur). Son prochain livre « Populisme et néolibéralisme » paraîtra le 27 octobre chez le même éditeur.
Après avoir récompensé l’année dernière des économistes empiriques qui travaillent sur la pauvreté (dont la Française Esther Duflo), le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, la plus prestigieuse distinction académique en économie, vient de remettre à Paul Milgrom et Robert Wilson, pour leurs travaux sur les enchères. L’institution de Stockholm renoue ainsi cette année avec une tradition fort prisée de la discipline, celle qui consiste à récompenser des économistes mathématiciens adeptes de modèles formalisés censés représenter le fonctionnement des marchés.
Certes, on n’est plus dans le dogmatisme néolibéral d’un Friedrich Hayek (prix Nobel 1974) ou d’un Milton Friedman (prix Nobel 1976) ni dans le mythe de l’efficience des marchés financiers (Eugene Fama, lauréat en 2013) ou la critique de l’action de l’État (James Buchanan, prix Nobel 1986 qui entendait constitutionaliser l’interdiction des déficits publics).