— Par Anne Aunime —
La restauration martiniquaise est-elle encore à la hauteur de ses promesses vis-à-vis de la clientèle locale comme de passage ? Le débat public ne semble pas se poser la question, alors que plusieurs indices inquiétants annoncent un décrochage par rapport aux attentes des Martiniquais et de leurs visiteurs.
La première caractéristique de notre restauration, c’est la pauvreté du choix. Les établissements proposent tous ou presque de la cuisine dite créole, en fait limitée à quelques plats standards, ou une gastronomie prétendument française en réalité cantonnée à quelques dénominateurs communs. Rien ou presque de visible qui sorte de ces deux catégories exclusives, qui soit inspiré de gastronomies innovantes ou d’autres régions de la Caraïbe, de France ou du monde, à part de grasses cantines chinoises de rue qui se multiplient.
Dans les établissements eux-mêmes, l’absence d’imagination qui préside à la rédaction des menus se double de l’incapacité de nombreux restaurateurs à tenir leurs cartes, incapacité que les difficultés d’approvisionnement sur le marché local ne suffiraient pas à expliquer. De fréquentes et agaçantes ruptures de stock sont ainsi notifiées au client une fois son choix effectué s’il sort un tant soit peu de l’ordinaire, et nombre de restaurants n’hésitent pas à remplacer dans les plats servis un ingrédient par un autre sans même se soucier de le dire comme s’il s’agissait de points de détail.