L’historien et philosophe camerounais publie « Critique de la raison nègre », dans lequel il propose notamment d’en finir avec la notion de race. Interview.
Né au Cameroun, Achille Mbembe enseigne l’histoire et les sciences politiques à l’université de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud et à Harvard aux États-Unis. De passage en France, où il a fait ses études, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Critique de la raison nègre (La découverte), il réagit à l’actualité des flux migratoires en Europe. Son essai lumineux décode en effet magistralement ces forces obscures qui, entre crise et repli, traversent aujourd’hui nos sociétés mouvantes.
Le Point.fr : Dans votre dernier livre, vous insistez sur le fait que l’Europe n’est plus au centre du monde, et pourtant elle attire encore une immigration qui fait l’actualité…
Achille Mbembe : L’Europe entre dans une phase où il sera de plus en plus clair qu’elle ne formera plus jamais une société homogène et qu’elle devra conjuguer son identité sur le mode de la multiplicité. Elle doit faire face à cette mosaïque alors même qu’elle n’est plus le centre de gravité du monde.