— Propos recueillis par Rodolf Etienne —
En novembre 2005, le paysage associatif des noirs en France voyait la création du CRAN (le Conseil Représentatif des Associations Noires de France).
Depuis lors, l’association n’a cessé de bousculer les habitudes et les routines, en posant à la France des questions nouvelles concernant les Noirs de France, les statistiques ethniques, les attestations de contrôle pour lutter contre le délit de faciès, le vote obligatoire, les réparations liées à l’esclavage et à la colonisation, les actions de groupe contre les discriminations etc…
Retour sur dix ans d’actions concrètes avec le président Louis-Georges Tin.
R.E : Le CRAN fêtera en novembre prochain ses dix ans d’activité. Pouvez-vous revenir, dans les grandes lignes, sur quelques-unes des actions menées par l’association ?
L.-G.T : Depuis 2005, nous avons mené plusieurs grandes campagnes. Sur la question noire, évidemment, sur les statistiques ethniques, sur les actions de groupe contre les discriminations, et sur les réparations relatives à l’esclavage et à la colonisation. Par ailleurs, nous avons développé notre action à l’international, et nous avons désormais des antennes aux Etats-Unis, au Brésil, au Maroc, au Sénégal, au Bénin, au Gabon, au Congo, etc.
Étiquette : CRAN
Sciences Sociales, Sociologie
Pap Ndiaye : « L’esclavage a disparu, la hiérarchie sociale et raciale s’est maintenue »
— Propos recueillis par Benoît Hopquin —
La réparation du préjudice lié à l’esclavage a récemment resurgi dans le débat national, notamment quand le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a déposé plainte contre la Caisse des dépôts et consignations, le 10 mai. Le CRAN estime que l’institution a tiré un profit indu, au XIXe siècle, de l’abolition de l’esclavage en Haïti, laquelle avait donné lieu à des « réparations » financières versées à d’anciens propriétaires d’esclaves et de terres. Pap Ndiaye, professeur d’histoire nord-américaine à Sciences Po et auteur de La Condition noire, s’interroge sur le sens qu’il convient de donner à ce débat aujourd’hui.
La loi Taubira de 2001 a reconnu les traites et les esclavages comme un crime contre l’humanité. Aujourd’hui, le CRAN et son président, Louis-Georges Tin, demandent réparation financière pour les descendants d’esclaves. Qu’en pensez-vous ?
Sciences Sociales, Sociologie
Conjurer ensemble l’esclavage et devenir réellement égaux
— Par Patrick Lozès (Fondateur et ancien président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN)) —
Le débat sur les réparations de l’esclavage rebondit sur le terrain judiciaire après la plainte envisagée contre la Caisse des dépôts et consignations. Cette initiative non concertée et juridiquement fragile répond à une stratégie de court-terme : celle du coup médiatique.
Cette action inquiète la société française, elle divise les descendants d’esclaves notamment parce que les nombreuses associations et personnalités qui s’invertissent depuis longtemps sur cette question ont été court-circuitées.
Le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) a vocation à intervenir dans le débat sur les réparations, mais pourquoi le faire d’une manière durablement conflictuelle ?
Sociologie
Une descendante d’esclave veut assigner l’État en justice
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Rosita Destival veut obtenir réparation du préjudice causé par l’asservissement d’un aïeul, avec le soutien du Conseil représentatif des associations noires.
Une descendante d’esclave a indiqué mardi qu’elle allait assigner l’État en justice pour obtenir réparation du préjudice causé par l’asservissement d’un aïeul, une première destinée à faire pression sur le gouvernement pour qu’il s’engage à réparer la traite des Noirs. Rosita Destival, 51 ans, doit engager prochainement une action civile devant le tribunal de grande instance de Paris en s’appuyant sur la loi Taubira de 2001 qui qualifie l’esclavage de crime contre l’humanité.
« J’exige vérité, justice et réparation pour rendre honneur à nos ancêtres », a déclaré, lors d’une conférence de presse, cette militante du Mouvement international pour les réparations (MIR), dont l’arrière-arrière-grand-père a été affranchi en 1834 en Guadeloupe. « Elle a un préjudice moral : son nom n’est pas le vrai nom de sa famille et elle ne connaît pas ses origines », a expliqué son avocat Me Johannes Louis. « Elle a aussi un préjudice matériel : son aïeul n’a pas pu constituer de patrimoine et sa famille a vécu dans des conditions difficiles », a-t-il ajouté.