— Collectif Bakwa —
Faut-il déboulonner les statues de Victor Schoelcher en Martinique ? Oui. Faut-il déboulonner toutes les figures colonialistes de l’espace public en Martinique ? La réponse est une nouvelle fois positive. A ces affirmations qui nous semblent évidentes, se mêlent en filigrane des questions subsidiaires liées à la légalité et la légitimité des actions de déboulonnage ainsi que celle, plus large encore, de la représentation de la mémoire dans notre espace public.
L’histoire et la mémoire : deux concepts distincts
Le travail de l’historien est une démarche scientifique rigoureuse qui implique une prise de distance vis-à-vis de l’événement qui fait l’objet d’une étude critique. Le travail de mémoire est une démarche sociale qui devrait impliquer l’ensemble de la population et faire l’objet d’un consensus politique autour d’une sélection orientée de notre histoire. Tandis que l’histoire ambitionne d’approcher la vérité en tentant le mieux possible d’expliquer la complexité des événements passés, la mémoire simplifie la réalité et sert plutôt la fidélité à des valeurs. L’histoire se traduit dans nos livres et nos manuels scolaires tandis que la mémoire se grave dans le marbre et s’éructe dans le bronze.