Guadeloupe Festival
— Par Roland Sabra —
Marche, rituel théâtral d’avant le coucher du soleil d’après le texte de Christian Petr dans une mise en scène de Serge Barbuscia.
Les dieux de la pluie ne l’ont pas permis. Lundi soir, Chac, Tlaloc, Cocijo et consorts ont conjugués leurs efforts pour interrompre le rituel, place des martyrs de la liberté à Pointe-à-Pitre. La troupe emmenée par Serge Barbuscia est revenue le mardi matin à 11 h, le soleil au mitan du ciel, dans le ronronnement des marteaux-piqueurs et le bruit-blanc de la ville affairée à ne pas vouloir entendre, à ne pas vouloir voir celui dont on allait nous parler.
Il est né de l’observation par Christian Petr, d’un homme d’une quarantaine d’année arrivé par un matin de printemps Place des Corps Saints dans la Cité des Papes, avec pour seul bagage un sac de couchage et qui va s’y installer, sans rien dire à personne, sans jamais qu’un mot ne soit prononcé, pendant six ans. Il vivra, est-ce le mot ?, de denrées ramassées dans les poubelles, de quelques aumônes parcimonieusement accordées, blotti sous les porches clos des immeubles, accroupi et adossé aux façades murées des bâtisses anonymes, faisant six pas, jamais plus, s’arrêtant immobile un instant, puis six autres pas suivis d’un nouvel arrêt.