Essai sur la valorisation du meurtrier de masse dans la littérature, les arts, la pensée et l’impensé contemporains.
INTERVIEW – Commémoration du génocide au Rwanda, figure du nazi dans la littérature, centenaire de la Grande Guerre… « Séductions du bourreau » nous rappelle qu’il ne faudrait pas que la fiction éclipse le témoignage.
Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à la représentation du bourreau dans la littérature?
Je n’y suis pas venue par fascination pour la figure du meurtrier. Ma thèse portait sur les témoignages de victimes de violences politiques qui ont pris la plume pour décrire leur expérience. Or je me suis aperçue que leurs récits avaient trouvé peu d’échos auprès du public, qui s’est toujours montré plus attiré par la prose flamboyante des romans historiques. Ce désintérêt est aussi vieux que le genre : lors de la Première Guerre mondiale déjà, la probe simplicité des témoignages avait nui à leur reconnaissance, le roman de guerre bénéficiant d’un préjugé favorable. C’est ce qui explique que les textes les plus lus aujourd’hui encore à propos de la Grande Guerre soient les romans de Barbusse et Dorgelès.