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« Letters Home »: ombres et silences d’une correspondance maternelle

Lundi 9 novembre à 14h | Madiana

— Hélène Lemoine —

« Letters Home » de Chantal Akerman est une œuvre d’une profondeur émotionnelle et intellectuelle rare, une exploration subtile et complexe des rapports mère-fille à travers le prisme de la correspondance entre Sylvia Plath et sa mère, Aurelia Plath. Ce film réalisé en 1986 repose sur un matériau de départ particulier : la publication en 1975 des lettres échangées entre la poétesse américaine et sa mère, lettres pleines de non-dits, de regrets, de silences lourds et d’interrogations. Ce n’est cependant pas une simple transcription de cette correspondance, mais une réinterprétation cinématographique qui mêle des strates de sens, de formes et de temporalités.

Dès l’ouverture du film, la machine à écrire, qui dactylographie les mots en ouverture, occupe une place prépondérante. Elle symbolise la littérature, l’écriture, et le processus créatif, qui sont au cœur de l’œuvre de Plath, mais aussi un fil conducteur dans le film d’Akerman. Il y a une tension palpable entre l’écriture comme acte de révélation de soi et l’écriture comme quête d’un apaisement ou d’une délivrance impossible.

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« Letters Home » , un film de Chantal Akerman

Lundi 9 décembre à 14h à Madiana
De Chantal Akerman | Avec Coralie Seyrig, Delphine Seyrig | 24 février 2016 en salle | Date de reprise 25 septembre 2024 | 1h 44min | Drame

Synopsis
La poétesse Sylvia Plath se suicide. Elle avait alors une correspondance avec sa mère. Son histoire est mise en scène au théâtre par Françoise Merle que Chantal Akerman adapte deux ans après, à la MC93, en filmant les deux mêmes comédiennes Delphine et Coralie Seyrig
« 11 février 1963, Sylvia Plath, poétesse américaine, trente ans, mariée, deux enfants, se donne la mort. Une longue et minutieuse correspondance la reliait jusque-là à sa mère. Françoise Merle avait monté un spectacle en 1984 autour de cette correspondance, cantate à deux voix où celle de la mère et celle de la fille se confondaient, se répondaient, se séparaient ou se cherchaient.
Chantal Akerman a suivi ce chemin, de la folie à la mort, chemin constamment balisé par cet échange de voix fragiles, où se dit la difficulté d’écrire, les douleurs et les bonheurs de la vie d’amante et de mère.

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Chantal Akerman pour mémoires

chantal_akerman— Par Dominique Widemann —

La cinéaste belge s’est éteinte, lundi, à Paris à l’âge de 65 ans. Laissant comme à son habitude notre imaginaire poursuivre.

Le temps a rattrapé la grande cinéaste du temps, des temps plutôt, et des mondes contenus dans chaque fragment de son œuvre. Chantal Akerman est née en Belgique, en 1950, dans une famille arrivée là quelque vingt ans plus tôt. Elle avait consacré son dernier film, No Home Movie, à sa mère, juive polonaise qui avait survécu à Auschwitz. Chantal Akerman réalise à dix-sept ans son premier film court, Saute ma ville, implosion explosive qui d’entrée la situe hors cadres. La géométrie décalée des siens ne cessera de faire acte de cinéma, alliant malice et gravité au gré de son nomadisme. Nous lui devons près de cinquante films, de divers formats, des installations que l’on n’a pas envie de séparer de ses autres travaux tant Chantal Akerman se joue des frontières et déplace les horizons. Elle intègre l’école de cinéma de Bruxelles après plusieurs zéro de conduite, en sort sans plus de bagage que l’expérimentation active de la photo.

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