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« Moman Mizik Bèlé » : affaire à suivre

— Par Roland Sabra —

C’est le bon moment. Cent cinquante ans et à peine plus et n’étant jamais parti le voilà de retour sous une forme qui creuse son sillon fécond celui d’une autonomie en gestation dans son expression purement musicale. Fils de l’abolition de l’esclavage, mot fourre-tout dans sa formulation générique il recouvre et la danse, et la musique, et l’instrument, et le moment ou il s’exprime, et l’ensemble des valeurs de résistance, de partage, d’entre-aide, de solidarité qu’il charroie sur les terres qui l’on vu naître et sur d’autres.

Edmond Mondésir fait le choix de mettre en valeur sa dimension instrumentale, sans la chorégraphie et sans le chant qui habituellement mène la musique. Au dialogue entre danseurs et tambouyé il substitue un « trilogue » entre le tambour, la basse et la guitare, sur fond indispensable de tibwa auquel le bèlé, puisque c’est de lui dont on parle, doit l’essentiel de sa rythmique. Quant à la ligne mélodique elle est souvent soulignée par le talon pied du tambouyé qui par un frappé-frotté modifie la sonorité du tambour.

L’originalité du travail d’Edmond Mondésir à la basse, de Léon Bertide à la guitare, des trois tambouyés et des deux bwatés dont ils s’entourent permet de faire entendre clairement la musique tambourinaire alors que très souvent l’attention est attirée si ce n’est accaparée par la danse avec toute la richesse de la symbolique culturelle, sociale et politique dont elle est chargée.

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