Par Selim Lander. Ceux-là aussi furent d’abord dans un bateau ; un naufrage les jeta sur une île ; emprisonnés dans la même cellule avant leur expulsion, ils tuent le temps comme ils peuvent ; ils se souviennent, ils se racontent. Ils sont haïtiens, émigrés économiques en quête d’un monde meilleur, plus accueillant aux pauvres. Echouer comme ils l’ont fait, de manière imprévue, sur cette île, avant d’atteindre la terre promise n’est qu’un échec de plus dans une vie marquée par les ambitions avortées, les occasions perdues, les rêves inaccomplis. Il y a des femmes dans leur vie ; elles sont restées au pays, vives ou mortes. Deux d’entre elles sont vivantes, l’une porte le fruit de ses amours avec l’homme. Elles attendent des nouvelles qui n’arrivent pas – et pour cause ; elles sont encore dans l’espérance, veulent croire au succès de cette nouvelle tentative de l’homme pour les sortir de la misère. Telle est l’histoire racontée par la Jamaïcaine Ava-Gail Gardiner dans La Cage.
Le dispositif scénique (de Florence Plaçais) se résume à une cage cubique dans laquelle les trois prisonniers sont enfermés, plus deux « couis » contenant de l’eau et une balle en chiffon.