— Par André Lucrèce —
Que la beauté de l’île nous mène vers le Dieu, là où le vert devient dense, alors le chant des feuilles se présente à lui dans la fidélité des arbres, semble nous dire le peintre.
Le soleil invité ne nous déçoit pas, il accompagne cette couleur secrète, ce vert qui obsède jusqu’à nos crépuscules. Tout ici nous parle dans la langue du cœur, les canots des pêcheurs lèchent le vent chaud du rivage de l’Anse Latouche d’où on aperçoit la Pelée qui, jadis, a pleuré des laves qui ont dénudé Saint-Pierre. Dans ce tableau, les fleurs de flamboyant, doucement agitées, semblent s’incliner devant la ville, devant le décalogue du Dieu et celui des sirènes.
Arostéguy, par sa peinture, témoigne de ce que la mémoire, devant ce nid de pierres, n’arrive pas à contenir. La poésie du peintre ne se murmure pas, elle martèle compacte la pensée des arbres afin que ses tableaux puissent porter cette puissance qui fulgure dans ce vert brûlant. De même recueille-t-il dans sa peinture l’existence désentravée du végétal qui vient du milieu profond de la terre et qui attend son midi.