Étiquette : Annick JUSTIN JOSEPH

Balisaille : parler la poésie

Mai.Poésie / Festival d’un genre majeur 26-28 mai 2022 au Saint-Esprit

 Liminaire

Aimé CÉSAIRE : ce nom seul suffirait à faire de la Martinique une terre de poésie. Le rayonnement planétaire, la puissance du verbe, la magnificence des images de l’auteur du « Cahier d’un retour au pays natal », en font l’un des plus grands poètes du vingtième siècle. Cependant, paradoxalement, pendant que le roman, le théâtre, voire le conte ou le slam tiennent le haut du pavé, la poésie y paraît délaissée.

MONCHOACHI, en dépit de la force tellurique de sa poésie, n’est pas connu au-delà de certains cercles d’initié.e.s, et n’en demande pas davantage puisque volontairement il s’est retiré sur les hauteurs du Vauclin, d’où il ne serait sorti pour se montrer en public que deux fois en dix ans.

S’il ne s’agit nullement de dire que, comme l’auteur de « Lémistè », la poésie se fait rare au pays de Césaire, il est néanmoins évident que d’un point de vue strictement institutionnel celle-ci a encore à faire sa place dans le paysage culturel de l’île.

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Sonmiziksonpawol d’Annick Justin Joseph

— Par Selim Lander —

Il y a longtemps qu’Annick Justin Joseph porte ce projet d’hommage au musicien martiniquais Henri Brival (1933-), artiste lamentinois qualifié d’« extravagant », ce qui ne l’a pas empêché de voyager à travers le monde avec son « bwa ronflé » (ou « wonflé), instrument de son invention composé d’une caisse en bois (isorel) que l’on caresse avec un bâton et qui produit des sortes de barrissements. Sur la scène du théâtre municipal de Fort-de-France, un de ses disciples faisait la démonstration de cet instrument aussi rustique qu’original.

Sonmiziksonpawol mêle les chants, la danse et les chansons, par exemple « Alexandre pati » de Léona Gabriel-Soïme (dite « Estrella », 1891-1971), qui introduisit la biguine à Paris, et écrivit et interpréta de nombreuses chansons, en particulier cette fameuse « Alexandre pati » dont il reste d’ailleurs un enregistrement par elle-même. Cette diversité est l’un des atouts de Sonmiziksonpawol, une pièce servie ici par des interprètes appréciés des Martiniquais, y compris James Germain, grande voix d’Haïti, qui s’est produit à plusieurs reprises chez nous et qui impressionne toujours.

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De Mademoiselle Julie de Strinberg à Manmzèl Julie de Jean Durosier Desrivieres par la C° Île Aimée

— Par Annick Justin-Joseph —

En dominante, la signature au sol d’un jeu de papier – damier que l’on retrouve par ailleurs finement miniaturisé, et déjouant l’ordinaire d’une table de cuisine ou de petits bancs créoles…
Le ton est donné d’un espace fortement codé, pour une nuit de la St Jean où, dans la cuisine de la propriété du Vénérable Maître Auguste, trois personnages nous feront vivre, sur fond d’attraction – répulsion, le décalage induit par leurs positions respectives, ce, jusqu’à un tragique dénouement.
Elle, Julie, la patronne, jeune mulâtresse et dominatrice des plus folles, sous l’emprise de l’ivresse et du désir, s’ingénie à posséder son major d’homme, Jean, lui – même fiancé à Christine, employée aux cuisines. L’autorité voire l’audace crue, le cynisme… mais aussi la musicalité de certain parler, font écho sur scène à un jeu très physique des acteurs, dans ce huis clos que régissent dans leur saveur érotique, tant la fascination que l’évitement, ou alors l’intrusion brutale d’effets de bascule…

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Multiple(s) : De vous à moi, de vous beaucoup de vous

— Par Annick Justin Joseph —

À l’appui d’une esthétique toute en sobriété, dénuée de la moindre scorie, le danseur chorégraphe Salia Sanou, déjà présent à Limoges en 2016 avec sa création « Du désir d’horizon », nous est revenu cette fois entouré de Germaine Acogny, elle aussi danseuse chorégraphe, fondatrice notoire du Centre International des Danses Traditionnelles et Contemporaines en Afrique, également de Nancy Huston, auteur entre autres écrits du « Cantique des Plaines » 

Nancy HUSTON et SALIA SANOU, « De vous à moi » Photo Christophe Péan

« DE VOUS A MOI » : une respiration juste des corps, de mots écrits, parlés, lâchés à l’aveugle au sol … autant de traces induites de nos errements, de nos silences, de nos besoins tus, dans un monde où toute posture d’inertie s’avère coupable.

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Légende de la forêt de Bwa Kannon

— Par Annick Justin-Joseph —

En ouverture du spectacle… et parce que la cour ne dort pas… une relance à la parole dite : parole à vivre en l’intime précision du jeu des corps et des rythmes… Le saxo de John Mathieu Antoine, prenant le relais du yééééééééééé krik, impose une exceptionnelle qualité d’écoute… laquelle se maintient tout au long de la soirée en la complicité de Léandre SERRALINE (Ti bwa, chant lead), Daniel VALLEJO et Maurice JUSTAND (Tanbou bèlè, percussions et chant), Hugh CHARLEC (guitare, chant lead).

Les danseurs quant à eux intègrent un espace scénographié par René LOUISE et dont Hervé BEUZE signe la réalisation technique : en toile de fond, bousculant toute tentation d‘inertie, et comme une invite à accueillir la vie dans ses résonances tant matérielles que spirituelles, l’épure minimale d’un cercle que circonscrit un carré.

L’énergie de l’eau, puissance cataclystique, mais aussi moteur de purification dans sa dimension symbolique, d’entrée de jeu charrie tout sur son passage. La vie dont nous savons qu’elle bouge en permanence, tente ainsi de formuler à travers ses manifestations parfois cruelles, la nécessité pour nous autres de rompre avec l’égoïsme, l’ignorance, l’avidité… autant de poisons qui polluent les cœurs… !

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« Mé ki sa nou lé » : reprise à Saint-Joseph

16 décembre 2016  à 19h au Centre Marcé

— Par Annick Justin-Joseph —

Mezzo vocce… et en musique… A voix basse… à voix égale… La comédienne – chanteuse, Sara Corinne EMMANUEL, place d’entrée de jeu en chacune, chacun d’entre nous, la saveur aigre-douce-amère du conte de nos réalités.
Sur le plateau du Théâtre Aimé CESAIRE, un fauteuil tournant d’un blanc immaculé, les tonalités changeantes d’un rideau de fils faisant subtilement office de limite sensuelle ou de passage. La diseuse – corps – pays, parole – et – musique tout en nuance, campe dans ce décor d’une grande sobriété, conçu par Marie – Paule PINEL – FERREOL, des trajectoires de femmes, des rencontres manquées qui disent notre histoire, sur des airs plus ou moins familiers de chansons qui ne sont pas toutes créoles : Se donnent à entendre au piano dirait – on (en réalité au steel band) au tambour, ou sur le souffle du saxo, des musiques qui stigmatisent les non – dits, le désabus de femmes jeunes ou moins jeunes, mécaniquement illusionnées, trop tôt piégées en amour ; elles font écho à des réalités encore tenaces, oppressantes, engageant par là – même la nécessité de se dresser, de faire émerger au – delà de la peur, de toute posture subie, une conscience neuve, la force de commuer en expérience active ce vécu d’une apparente fatalité, la force, pour tout dire, de se fabriquer un destin …

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« Instantanés d’infini » : un théâtre qui parie sur l’intelligence et la sensibilité

11 & 12 juillet 2015 au TAC de Fort-de-France à 19h 30

instantanes_infini-2—Par Roland Sabra —

Le théâtre d’ Annick Justin Joseph est empreint des conditions plus générales  d’émergence du théâtre en Martinique. Que serait celui-ci sans l’apport de la poésie césarienne ? Cette double filiation théâtre et poésie est au centre du travail « Instantanés d’infini » présenté dans le cadre du 44ème festival de Fort-de-France. La poésie est une échappée, une liberté, elle joue sur la polysémie, on comprendra que les rares endroits où elle est encore lue soient les lieux d’enfermements, comme les prisons. Le titre de la pièce d’Annick Justin Joseph est en lui-même énigmatique. Il tire du côté de l’oxymore. Comment ce qui est relatif à un instant donné peut-il être infini ? L’opposition des deux termes est redoublée par le pluriel d’instantanés et le singulier d’infini.
L’auteure ne cherche pas à rivaliser avec Césaire, Glissant etc. Non, elle n’a pas cette folie⋅ Elle en a certainement d’autres. La dimension poétique de son travail se situe dans une écriture théâtrale qui est davantage celle de la suggestion plutôt que celle de l’affirmation.

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Mé ki sa nou lé

sarah_co5— Par Annick JUSTIN JOSEPH —

43° Festival de Fort de France

Mezzo vocce… et en musique… A voix basse… à voix égale… La comédienne – chanteuse, Sara Corinne EMMANUEL, place d’entrée de jeu en chacune, chacun d’entre nous, la saveur aigre-douce-amère du conte de nos réalités.
Sur le plateau du Théâtre Aimé CESAIRE, un fauteuil tournant d’un blanc immaculé, les tonalités changeantes d’un rideau de fils faisant subtilement office de limite sensuelle ou de passage. La diseuse – corps – pays, parole – et – musique tout en nuance, campe dans ce décor d’une grande sobriété, conçu par Marie – Paule PINEL – FERREOL, des trajectoires de femmes, des rencontres manquées qui disent notre histoire, sur des airs plus ou moins familiers de chansons qui ne sont pas toutes créoles :

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