— Par André Orléans et Nicolas Postel (Association française d’économie politique) —
Le débat sur le nécessaire pluralisme de l’enseignement et de la recherche en économie a connu une certaine actualité, y compris dans ces colonnes, et c’est là un point extrêmement positif.
La crise profonde que traversent nos économies interroge les responsabilités que chacun porte sur cet échec de gouvernance, et il n’y a aucune raison pour que les enseignants-chercheurs en économie s’en dédouanent.
Joseph Stiglitz soulignait ainsi dans un entretien au mensuel Alternatives économiques (avril 2010) : « Les économistes ont fourni le cadre intellectuel utilisé par les régulateurs financiers pour justifier leur inaction, et par les banquiers centraux pour affirmer que les bulles étaient impossibles (…). Durant ces vingt-cinq dernières années, les économistes ont affirmé qu’il n’était pas nécessaire de réguler la finance. Tout cela a contribué à rendre la crise possible (…). La théorie économique est devenue un monde autosuffisant, une fausse représentation de la réalité, mais que chacun peut comprendre (…). Les économistes fonctionnent de la même façon . Ils se parlent entre eux et définissent ce qu’ils considèrent comme des hypothèses raisonnables, et tout ce qui ne leur convient pas est exclu du champ de l’analyse.