— Par Mohamed KACIMI —
Quand on connaît le peu de concessions ou d’attention accordées par la classe politique, de gauche comme de droite, à la communauté musulmane de France, on est surpris par sa délicatesse, sa prévenance et son souci de la rhétorique dans cette affaire du voile. Convaincu, pour ma part, qu’on ne peut parler de respect de liberté, de culte ou de croyance quand il s’agit d’imposer un signe d’avilissement à des filles et des femmes dans l’espace public, j’ai été, par curiosité, à la rencontre d’enseignants et de militants associatifs dans plusieurs villes de France. Chaque fois mes interlocuteurs, tous convaincus de la pertinence et d’une urgence d’une loi, me disaient sur le ton de la confidence : «Oui, on sait, mais on ne peut pas. Vous savez, les pauvres…»
Tout le monde aura compris que par «pauvres» on entend cette communauté qui a été d’abord traînée dans la boue à l’époque coloniale, puis roulée dans la farine depuis la fameuse Marche des beurs. Toutefois, ce n’est pas en concédant à ces «démunis» un instrument d’aliénation qu’on leur mettra du baume au coeur.