Comment se tenir dans son corps pour dire, se dire, et dire son pays
-— Par Janine Bailly —-
Danse ? Performance ? Pamphlet politique ? Histoire d’un pays, et de soi-même, narrée par le corps ? Toutes les hypothèses sont permises, puisque, dit Alice Ripoll, « les œuvres de danse contemporaine sont abstraites et ouvertes à de multiples interprétations ». Puisqu’elle aime « entendre les spectateurs partager leurs expériences, raconter comment ils ont perçu différemment la pièce, d’une façon qui leur est propre ». Sans nul doute, chacun reconnaîtra que, par elle, un chemin neuf, semé et de fleurs et d’épines, s’ouvre dans le territoire de la danse contemporaine.
Alice Ripoll ne nous est pas inconnue, nous l’avons découverte au Festival TNB 2021 où elle donnait, avec dix interprètes venus des favelas, la pièce Cria, un « récit des origines » restitué en « gestes, rebonds, sauts ». Les danseurs, dans la légèreté aussi bien que dans la gravité, nous parlaient d’un pays où tout n’est pas que paillettes et strass de carnaval. Où la dureté de la vie perdure pour une frange trop importante de la population.