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« Brazza – Ouidah – Saint-Denis », une enquête théâtrale sur la mémoire coloniale

Alice Carré, venue pour la troisième fois en Martinique, poursuit son exploration théâtrale avec « Brazza – Ouidah – Saint-Denis », une œuvre où le documentaire et la fiction se mêlent pour donner vie à une enquête poétique sur la mémoire collective. En collaboration avec Margaux Eskenazi, Carré s’inspire de la formule d’Édouard Glissant, « Apprendre à nous souvenir ensemble », pour interroger les souvenirs enfouis et les zones d’ombre de l’histoire coloniale française.

Synopsis

« Brazza – Ouidah – Saint-Denis » suit les parcours entrelacés de deux femmes : Melika, une Française d’origine béninoise découvrant tardivement que son grand-père fut tirailleur sénégalais durant la Seconde Guerre mondiale, et Luz, qui enquête à Brazzaville sur les implications familiales dans les conflits passés. Leurs recherches les confrontent à des archives ambiguës et à des témoignages rares, mettant en lumière des épisodes tragiques et méconnus comme le massacre de Thiaroye.

Une Traversée Historique

Le texte d’Alice Carré plonge dans l’histoire des tirailleurs africains, souvent appelés à tort « sénégalais », et révèle la complexité de leur engagement et des stigmates laissés par les guerres et la colonisation.

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« Brazza – Ouidah – Saint-Denis », texte & m.e.s. Alice Carré

Vendredi 17 Mai – 19h30 Topiques-Atrium

Brazza – Ouidah – Saint-Denis pénètre au cœur de l’histoire des tirailleurs qu’on a, par méconnaissance et facilité, tous appelés sénégalais – qu’ils proviennent d’Oubangui-Chari, de Brazzaville, de Libreville ou de Porto-Novo… Le texte s’inspire de matériaux d’archives, et de témoignages d’anciens combattants, de descendant.e.s d’anciens combattants à qui l’histoire n’a été que partiellement transmises. Il y est question de mémoire, d’oubli, d’engagement, de combats dans la neige, du blanchiment des troupes pour la libération de Paris, d’évasions des camps de prisonniers, de luttes pour l’indépendance, de Thiaroye, des Sapeurs paradant sur le boulevard Matsua. A travers différents personnages, il souhaite se faire l’écho des descendants deuxièmes et troisièmes générations d’immigrés porteurs de ces mémoires, de tous ces récits de vie qui construisent la France d’aujourd’hui.

Lire aussi : « Thiaroye44 » : les mystères d’un crime de masse, au Sénégal en 1944

« Ce qu’[Alice Carré] a entrepris dans un très savant et subtil tissage construit comme une enquête aux multiples ramifications, et où l’on va de découverte en découverte, de révélation en révélation (secrets familiaux dévoilés) trouve encore dans notre société d’aujourd’hui des échos : les ravages du colonialisme imprègnent et expliquent sans doute encore certains de nos comportements.

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« Kap O Mond ! » – Une pièce distrayante qui donne à penser

— Par Selim Lander —

Deux comédiens, Sophie Richelieu et Charles Zevaco, sont au service de deux auteurs, Alice Carré et Carlo Handy Charles, dans une pièce qui devrait marquer les esprits. Deux jeunes gens, Mathieu et Kendy, se rencontrent lors du concours d’entrée à Sciences-Po (Paris, la précision est importante). L’un sera reçu et l’autre pas mais ils garderont le contact jusqu’à la fin, ouverte, de l’histoire. Mathieu, fils d’un modeste-prof-d’histoire-géo-de-gauche (1), est idéaliste ; il abandonne l’École de la rue Saint-Guillaume pour intégrer une ONG en Haïti. Kendy, fille d’Haïtiens restés au pays, abandonnera ses études de médecine pour étudier la gestion à l’Université Dauphine, avant de rejoindre Miami. Deux trajectoires a priori incompatibles et la question de savoir si elles pourront se rejoindre – et jusqu’à quand – est l’un des enjeux de la pièce. On ne le dévoilera pas ici.

Ce n’est pourtant rien dévoiler que de rappeler que le fonctionnement des ONG, où que ce soit, n’est pas toujours très clair. Lorsque Mathieu prend conscience que celle où il travaille dépense plus pour entretenir son staff qu’en subventions aux paysans, il démissionne.

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« Kap O Mond ! », texte Alice Carré et Carlo Handy Charles, m.e.s. Olivier Coulon-Jablonka

Vendredi 19 Janvier – 19h30 Tropiques-Atrium

Alice Carré et Carlo Handy Charles / Olivier Coulon-Jablonka
Avec : Roberto Jean et Charles Zevaco
Création sonore : Samuel Mazzotti
Collaboration artistique et dispositif scénique : Anne Vaglio
Construction : Théo Jouffroy

Un dialogue entre la Révolution française et la Révolution haïtienne

Mathieu rêve d’ailleurs, il n’en peut plus de cette banlieue et de son père, un prof d’histoire au collège qui continue de lui rabâcher les grands épisodes de la révolution française.
Il rencontre Kendy, un jeune Haïtien venu étudier en France, réalisant ainsi le rêve d’ascension sociale de sa famille, déçue par la politique haïtienne depuis l’indépendance.
Alors que tout les oppose et qu’ils sont en désaccord sur presque tout, au gré des préjugés qu’ils se renvoient, un étrange désir les attire.
Bientôt, les fantômes du passé se réveillent…
A travers cette pièce, qui raconte l’initiation de deux jeunes adultes, se croisent deux visages contemporains de France et d’Haïti, dans un perpétuel jeu d’échos avec le passé colonial de la France révolutionnaire.

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« Et le cœur fume encore » d’Alice Carré et Margaux Eskenazi

17, 18 et 19 octobre à 19h 30 au T.A.C.

Et le cœur fume encore est le second volet d’une investigation théâtrale sur les écritures et les poétiques de la décolonisation pour penser nos identités françaises et les oublis de sa mémoire. Édouard Glissant – dont la philosophie du Tout Monde clôturait le précédent spectacle – a préfacé Kateb Yacine. Il a reconnu Nedjma comme le grand roman de la révolution algérienne et le comparait au mouvement de la langue de Césaire, construisant un peuple en même temps qu’elle élabore sa grammaire.
Dans ce second volet nous écrivons une traversée des mémoires des littératures et des résistances de l’Algérie coloniale à la France d’aujourd’hui, pour dessiner un des visages de la nation française dans laquelle nous avons grandi, faite d’exils, de métissages, d’imaginaires et de violences tues.
Partir des silences, et des amnésies entourant la guerre d’Algérie qui jonchent chaque famille à quelques exceptions près : enfants issus de l’immigration algérienne, petits enfants de soldats du contingent, appelés ou militaires de métiers, anciens membres de l’OAS, enfants du FLN, fils ou filles de harkis, petits-enfants de pieds noirs…
L’écriture, mêlant témoignages passés et présents, l’intime à la grande Histoire, est un réveil des mémoires pour définir nos identités.

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Avignon 2019. « Et le cœur fume encore », d’Alice Carré et Margaux Eskenazi

Au T.A.C. du 17 au 19 octobre 2019

— Par Roland Sabra —

«  Et le cœur fume encore » est le second volet d’un diptyque intitulé Écrire en pays dominé dont le premier volet «  Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre » a été présenté à Fort-de-France en mars 2018 ( Voir les articles de Janine Bailly et Roland Sabra). La traversée poétique, politiuqe et musicale des courants de la négritude et de la créolité se poursuit au travers des mémoires, des écritures et des pensées de la décolonisation pour dessiner nos identités de l’Algérie coloniale à la France d’aujourd’hui.
C’est Edouard Glissant qui opère la transition entre les deux volets. Il concluait le précédent spectacle autour de la philosophie du Tout Monde, il ouvre symboliquement celui-ci en ayant « préfacé Kateb Yacine et reconnu Nedjima comme le grand roman de la révolution algérienne. » qu’il comparait au mouvement de la langue de Césaire, construisant un peuple en même temps qu’elle élabore sa grammaire. ». Son personnage est mis en scène dans le spectacle lors de la première du Cadavre encerclé, de Kateb Yacine au Théâtre Molière à Bruxelles en Novembre 1958.

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De la négritude au Tout-Monde, histoire d’un dépassement.

— Par Roland Sabra —

« Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre », m.e.s. de Margaux Eskenazi

Ils étaient trois, comme les rois mages, les pyramides, les Parques, les Grâces, ou les marches du podium. Sur la plus haute sans doute Césaire, sur la seconde Senghor, sur la troisième Damas le moins connu mais surement le plus combatif, le plus passionné.

Au cours de la bal(l)ade qui va des pères de la négritude aux chantres de la créolisation du monde Margaux Eskenazi dans « Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre » revisite les textes fondateurs autour desquels s’articule la recherche identitaire afro-caribéenne. C’est par un extrait opportun d’ « Écrire en pays dominé » qui d’emblée contextualise le propos que se fait l’ouverture, vite suivie de Black Label avec son refrain incantatoire et imprécatoire, Black-Label à boire / Pour ne pas changer / Black-Label à boire / A quoi bon changer. Puis c’est Aimé Césaire, incarné par Armelle Abibou qui rappelle les conditions d’émergence de la négritude «  …simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture.

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