Étiquette : Alain Timar

Avignon 2022 : « La mort grandiose des marionnettes », « Double jeu de l’amour et du hasard », « Moi, Kadhafi », « Macbeth »

— Par Dominique Daeschler —

La mort grandiose des marionnettes. Création de Old trout puppet.
Double jeu de l’amour et du hasard. m.e.s. Patrick Ponce.
Moi, Kadhafi. Véronique Kanor, m.e.s. Alain Timar
Macbeth. Shakespeare, m.e.s. Geoffrey Lopez

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La mort grandiose des marionnettes. Création de Old trout puppet. Girasole.

Trois filles en frac manipulent des marionnettes à tige dans et devant un castelet, démystifiant l’histoire de la marionnette et la tentation d’une réception ébahie. La mort, la disparition, la dévoration, le rejet sont au rendez vous dans toutes les scénettes qui développent un humour sarcastique. Le travail est raffiné, inventif . Défilent à toute allure le chanteur d’opéra qui se fait régulièrement casser la gueule, l’animateur exsangue et mortifère, le grand cordon des intestins-tuyaux d’arrosage de l’homme mort devant le castelet. Tout est passage à l’acte, désinhibition, volte-face avec parfois, le temps de reprendre souffle une accalmie poétique (l’homme feuille). C’est avec férocité que les trois marionnettistes canadiennes enterrent leurs créatures nous renvoyant à un parterre de figurants dans le castelet, histoire d’enfoncer férocement le clou. C’est détonant : un seul regret on voit parfois les mains.

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Albert Cohen black-blanc-beur

— Par Selim Lander —

Un texte contre le racisme, un récit, pas une pièce de théâtre. Un vieil homme se remémore un incident de son enfance au cours duquel il s’est découvert brutalement autre que celui qu’il croyait, un être susceptible de provoquer la haine et le mépris ; dans sa logique enfantine, il a conclu qu’il était sans doute méchant pour être maltraité ainsi, sinon lui du moins sa race. Cela se passait à Marseille, tout-à-fait au début du XXe siècle. Sa famille s’est installée depuis peu dans le midi de la France, un pays qu’il idéalise, qu’il idolâtre même s’il faut en croire son récit, au point d’installer sur une étagère de l’armoire de sa chambre une sorte d’autel couvert de reliques des gloires de la France telles qu’il peut les percevoir, à neuf ans, jusqu’à un sachet de terre des colonies acquis auprès d’un de ses camarades d’école, graine d’escroc ! Au retour de l’école, le petit Albert s’est arrêté pour écouter un camelot dont il admirait la faconde, l’art de manier cette langue française tant aimée. Las, le bonimenteur a repéré bien vite en lui un « youpin », le lui a fait savoir et lui a enjoint de déguerpir.

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« Ô vous frères humains » : au cœur d’une énigme

Jeudi 20, vendredi 21, samedi 22 avril 2017, 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel —

Le livre d’Albert Cohen «  Ô vous frères humains » est publié en 1972 alors que l’auteur atteint l’âge de 77ans. C’est un écho que nous rapporte Albert Cohen, une anecdote qui a son origine au mois d’août dans une rue de Marseille. Il confie un souvenir qui le hanta toute sa vie : un enfant juif de 10 ans né à Corfou en Grèce découvre un jour la haine et le rejet dans les paroles d’un camelot occupé à vendre des bâtons de détacheur. Cet enfant, c’était lui.

Des questions innocentes, justes humaines telles que : comment se forge un regard ? Qu’est-ce qu’une image? Comment retrouver la gratuité de l’existence, aimer et être aimé ? taraudent la mémoire du gamin  et interrogent son identité blessée Il a ressenti la peur du rejet, a entendu des insultes dans leur version brute violemment antisémites et a vu la haine dans les yeux d’un camelot au demeurant sympathique, il est tombé en arrêt devant cette inscription sur un mur « mort au juifs.»

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« Ô vous frères humains », d’Albert Cohen, m.e.s. d’Alain Timar

Jeudi 20, vendredi 21, samedi 22 avril 2017, 19h 30 au T.A.C.

Lire la critique de la pièce, lors de sa création, par Michèle Bigot sur Madinin’Art

Extrait
« Et je suis parti, éternelle minorité, le dos soudain courbé et avec une habitude de sourire sur la lèvre, je suis parti, à jamais banni de la famille humaine, sangsue du pauvre monde et mauvais comme la gale, je suis parti sous les rires de la majorité satisfaite, braves gens qui s’aimaient de détester ensemble, niaisement communiant en un ennemi commun, l’étranger, je suis parti, affreux sourire tremblé, sourire de la honte. »

Albert Cohen

Mise en scène: Alain Timár
Adaptation : Danielle Paume
Avec : Paul Camus, Gilbert Laumord, Issam Rachyq-Ahrad

Le metteur en scène Alain Timar
Alain Timár, metteur en scène, scénographe, officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier dans l’Ordre national du Mérite en 2014, Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres en 2008, Prix Jean-Pierre Bloch remis par la LICRA en 2003.
Après des études supérieures en France et un parcours dans diverses compagnies théâtrales, Alain Timár décide de s’installer à Avignon où il fonde le Théâtre des Halles qu’il dirige et anime depuis 1983.

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Tous contre tous

— Par Michèle Bigot —

tous_contre_tousTexte de A. Adamov, mise en scène et scénographie : Alain Timar
Festival d’Avignon, off 2016, Théâtre des Halles, 6-28/07

Le texte d’Adamov est adapté en coréen, puis traduit en français. Cette curieuse alchimie n’est pas inintéressante : son moindre mérite n’est pas d’actualiser un texte dramatique, qui, sans cela paraîtrait aujourd’hui historiquement daté, d’une facture trop classique pour les oreilles des contemporains habituées à des récits polyphoniques et à des textes pluriels, plus denses et bigarrés. Ici la ligne du récit est monophonique et purement chronologique. Il sent la facture des années cinquante. Ce n’est pas vraiment une pièce à thèse, mais le propos politique y est très explicite et didactique. La mise en scène d’Alain Timar sauve le spectacle à force de scénographie et de chorégraphie. Ce qui manque de couleur, de rythme et de variation dans le texte est largement compensé par la dramaturgie. Le second mérite est d’avoir réactualisé un texte au niveau politique. Certes, le texte lui-même n’est pas dépourvu de portée universelle, racontant les conflits qui opposent, au sein d’un pays indéfinissable, réfugiés et population d’accueil.

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« Pédagogies de l’échec » : réjouissant!

— Par Michèle Bigot —

pedago_echecPédagogies de l’échec
Une pièce inédite de P. Notte,
Mise en scène par Alain Timar,
Théâtre des Halles, Avignon,
Du 26 au 26/04/ 2015,
Reprise lors du festival d’Avignon, du 4 au 26/07/2015

Au centre de la scène, un podium surélevé et entouré d’une mer de tissus bruns froissés, donnant à voir un lieu isolé, rescapé d’une catastrophe, explosion, effondrement, cataclysme, séisme. Il ne reste plus rien que cet îlot de survie entouré de vide.
Dans un prologue, deux acteurs, un homme et une femme, viennent sur le bord du plateau nous expliquer le propos : ils brossent le décor d’une ville en ruines après la catastrophe.
Voici la pièce qu’Alain Timar, toujours à l’affût de nouveaux textes, a découvert un peu par hasard, par mail. Pierre Notte résume sa pièce dans ces termes:

« Au septième étage, dans des bureaux dont il ne reste rien, ni cloisons ni fenêtres, deux individus se plient aux lois de la hiérarchie. Tout autour d’eux est tombé, un tremblement de terre, une catastrophe ou un conflit mondial, peu importe.

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« le Jour où Nina Simone a cessé de chanter » de Alain Timar

 — Par Roland Sabra —

 
« le Jour où Nina Simone a cessé de chanter » | © Sylvie Biscioni

Alain Timar, le metteur en scène avignonais, est de retour en Martinique. Avec un texte de de Darina Al Joundi et Mohamed Kacimi : «  Le jour où Nina Simone a cessé de chanter ». Alain Timar est un élément du « Tout-monde » cher à Edouard Glissant. S’il y a des lignes de forces dans ses choix, comme Jean Genet; Ionesco ou Samuel Becket dont on a eu la chance d’applaudir à Fort-de-France il y a déjà quatre ans « Fin de partie », il y a surtout dans son travail une ouverture à l’altérité, une sensibilité à la différence vécue comme une nécessité. Il monte des textes en hongrois, en américain, en tagalog, une langue des îles philippines. Il est aussi celui qui révèle, au public français, sept ans avant son prix Nobel de littérature l’écrivain Gao Xingjian.

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« Fin de partie » de Samuel Beckett . Mise en scène de Alain Timar.

Fin de partie*... l'auto-analyse continue

— Par Roland Sabra —

1934, Samuel Beckett entame à la Tavistok Clinic de Londres, une analyse avec Wilfed Ruprecht Bion qui deviendra célèbre un peu plus tard pour son travail sur les petits groupes. L’année suivante Beckett déserte le divan et décide de poursuivre son analyse à travers ses œuvres dont l’adresse sera dés lors la place vide du fauteuil, éludant par là-même le travail d’interprétation réducteur, forcément réducteur.  « Je n’ai rien à dire, mais je veux simplement dire jusqu’à quel point je n’ai rien à dire » déclare Beckett à Roger Blin. Telle est la thèse alléchante et brillamment soutenue par Didier Anzieu dans son « Beckett ». Et en effet, dans les textes de Beckett, «  ça » parle, le « ça » cause. Bien avant Lacan, Beckett avait posé que l’homme est « être de langage » et qu’il naît dans un monde ou préexiste « lalangue » (en un seul mot).

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