— Par Alain Didier-Weill —
Pour donner une idée de la complexité à laquelle est exposé l’homme, dés qu’il rencontre la dimension du particulier et de l’universel, nous pouvons partir de l’observation de l’homme qui se réjouit de la diversité que la nature lui offre en lui donnant, par exemple, à voir la blancheur de la neige, la noirceur de la nuit, le rouge et le jaune de l’arc en ciel. Lorsque ces couleurs magnifiques – le rouge, le jaune, le blanc, le noir – viennent à lui être données non pas par le spectacle de la nature mais par celui de l’humanité, pourquoi alors apparaît ce phénomène stupéfiant, le racisme, qui nous annonce qu’entre l’homme blanc, l’homme noir, l’homme rouge et l’homme jaune, le regard prétend reconnaître des différences hiérarchiques autorisant le mépris la crainte ou l’admiration ?
Premier constat : ce ne sont pas aux différences sonores – par lesquelles les différentes langues s’adressent à l’oreille – que réagit le raciste, ce sont à des différences qui s’adressent à son œil. Cette prévalence du regard sur l’entendu est, comme le remarque Levi-Strauss, implicitement reconnu dans le préambule à la seconde déclaration de l’Unesco : « Ce qui convainc l’homme de la rue que les races existent, c’est l’évidence immédiate de ses sens quand il aperçoit ensemble un africain, un européen, un asiatique et un indien américain. »