— Par Alain Bentolila —
Alain Bentolila, linguiste et auteur de « Nous ne sommes pas des bonobos, créateurs et créatures » publié prochainement aux éditions Odile Jacob, estime que la langue est la seule capable de bâtir une identité nationale et de combattre le séparatisme.
Alors qu’une partie de notre jeunesse semble prête à faire sécession culturelle et cultuelle, ce n’est certainement pas dans une loi que nous trouverons des raisons d’espérer repousser la tentation délicieuse du séparatisme. Seul un dialogue lucide et fertile invitant l’autre sur notre territoire et nous offrant les clés du sien, peut nous éviter la guerre civile.
Identité et appartenance
Dans une telle perspective, il est primordial d’effectuer une stricte distinction entre appartenance (x ∈ E) et identité (x = E). Car cela conditionne la capacité de chaque citoyen de penser librement ses engagements, sans pour autant avoir honte de ses racines. En d’autres termes, une appartenance ne se renie pas, mais elle ne doit jamais déterminer nos analyses et nos convictions. Chérir sa spécificité culturelle ou spirituelle sans jamais aliéner son libre arbitre permet de construire un dialogue dans lequel chaque identité singulière contribue à construire l’intelligence collective.