Étiquette : Aimé CHARLES-NICOLAS

Chers compatriotes silencieux

— Par le Pr Aimé Charles-Nicolas, président de First Caraïbes —

Après ces nuits de chaos, je veux redire ma solidarité à tous ceux qui ont subi les pillages et les déprédations, à ceux qui, du jour au lendemain, se sont réveillés chômeurs, à tous les jobeurs qui ont perdu des journées de salaire, à ceux qui se retrouvent au chômage partiel, à ceux qui avaient réussi, non sans mal, à créer leur entreprise et qui la voient disparaitre dans un incendie volontaire.

Je formule le souhait que les discussions autour du problème complexe de la cherté de la vie en Martinique trouvent rapidement une issue favorable. En espérant que yo pa kaï brilé kaï la pou an rat ; Ayiti pa loin.

Ce ne sont pas des « dégâts collatéraux »

Il est clair que ces pillages, ces échauffourées, et ces incendies gratuits présentés comme « explicables » et « compréhensibles », voire « prévisibles » (!) risquent de décrédibiliser la revendication de lutte contre la vie chère en en faisant un prétexte. Ce que l’on comprend, c’est que ces pillages, incendies et échauffourées ne sont pas un effet indésirable de la manifestation, ils font partie de la manifestation.

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Une exposition dans un lieu de fierté

— Par Aimé Charles-Nicolas —

De nombreux médias (leur nombre dépasse 70 sur Google ! je n’ai pas pris le temps d’aller plus loin) soulignent que La Martinique occupe la deuxième place parmi les pays étrangers qui ont eu le privilège d’accueillir l’exposition prestigieuse intitulée Révélation ! Art contemporain du Bénin. Et tous retiennent que l’exposition est exceptionnelle. Il est probable que le déplacement du chef de l’état béninois a renforcé la dimension internationale de l’évènement. On note que la plupart des médias internationaux s’intéressent davantage au contenu de l’exposition qu’à la polémique sur l’Habitation Clément.

Elle est pourtant intéressante, cette vieille polémique que nous connaissons par cœur qui conteste le choix du lieu et dont le retour est dû sans doute à l’éclat international de l’exposition. À ce propos, ce sont les historiens Philippe Pierre-Charles et Gilbert Pago qui écrivent, ce 20 décembre au sujet de l’Habitation Clément « haut-lieu, dit-on, de l’abomination esclavagiste ; on est tout de même contraint de s’interroger : dans un pays qui a vécu deux siècles sous la rigoise, existe-t-il un lieu où le claquement du fouet n’a pas résonné, ne s’est pas gravé dans la mémoire historique ?

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« Les Outre-mer des solutions »

Colloque européen les 21, 22 et 23 juin 2023 en Martinique

A l’initiative de l’Eurodéputé M. Max Orville, se tiendra un grand colloque européen les 21, 22 et 23 juin 2023 en Martinique, .

L’objectif est de s’informer sur ce qui se fait déjà dans les Régions Ultra Périphériques afin de formuler des propositions concrètes finançables sur les thèmes de l’emploi, de la transition écologique, de l’éducation et des addictions.

Les Eurodéputés ont interrogé le Professeur A. Charles-Nicolas sur ce qu’il pourrait proposer pour améliorer la thérapeutique des consommateurs de drogue.

En tant que Président de l’association l’ATTRAIT, il présentera le projet d’une structure innovante : Unité Thérapeutique expérimentale spécifique de traitement des comorbides (addiction+problèmes psy) et de Réinsertion des toxicomanes en étroite collaboration avec le CHUM.

Les Eurodéputés ont souhaité visiter l’ATTRAIT, pour en savoir plus sur ses activités.

Situé à l’Hôpital Clarac Boulevard Pasteur Fort de France.

Déroulé de la visite le Mercredi 21 Juin 2023 de 9H à 11H

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La négritude, une construction qui ne repose sur rien ?

— Par Aimé Charles-Nicolas—

Une interview de Maryse Condé dans France Antilles a refait surface récemment sur les réseaux sociaux. Elle porte un titre provocateur au pays d’Aimé Césaire : « La négritude, une construction qui ne repose sur rien ».  Elle doit dater de 5 ou 6 ans, il me semble. Elle a donné lieu à de nombreuses réactions des internautes. Maryse Condé, la Guadeloupéenne, se plaint de l’accueil des Africains à l’égard des Antillais en Afrique et précisément des habitants de Guinée et du Ghana à son égard. A partir de son constat, Maryse Condé conclut : « Il n’y a aucune solidarité. Les africains ne nous ont jamais considérés comme des frères. (…) La négritude c’est un mythe, une construction de l‘esprit qui ne repose sur rien de vécu (…) et qui n’apporte rien à l’individu. »

Maryse Condé présente ainsi la négritude comme le sentiment d’appartenance à une grande famille, les Noirs, au sein de laquelle règnent bienveillance et solidarité.

Maryse Condé se trompe. Césaire n’a jamais dit cela. Il définit la négritude dans des vers célèbres du Cahier d’un retour au pays natal :

Ma négritude n’est pas une taie d’eau morte
sur l’œil mort de la terre
ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l’accablement opaque de sa droite patience 

Les 3 premiers vers disent le refus de la passivité et le rejet d’une certaine image du Noir amorphe, incapable de construire une civilisation, le quatrième dit la force de sa proximité avec la nature, le cinquième dit la volonté d’émancipation, l’aspiration, la fierté.

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«La culture, outil de résistance et de transmission.», un festival riche, intense et plaisant.

— Par Roland Sabra —

La foule nombreuse se pressait à l’hôtel Batelière de Schœlcher dès 8h 30 ce samedi 19 octobre 2019 pour le Festival culturel et Scientifique consacré à «La culture, outil de résistance et de transmission.» à l’initiative d’Aimé Charles-Nicolas, président de FIRST Caraïbes. Danse, musique, peinture, sculpture étaient largement représentées, il fallut attendre la dernière intervention de Myram Moïse pour que la littérature, plus précisément la poésie soit évoquée. C’est Audrey Célestine qui eut l’honneur d’ouvrir les débats en nécessité d’une transmission d’autant plus difficile qu’elle se heurte au vieillissement de la population, à l’exode de toute une partie de la jeunesse dont on sait qu’elle gonflera les bataillons de la diaspora avec peu d’espoir de retour au pays. Elle rappelle l’importance du SERMAC, de son son atelier théâtre au cours duquel elle fût appelée à jouer le rôle d’une esclave moment d’une prise de conscience de la distance entre le personnage qu’elle incarnait et l’apprentie comédienne, la jeune femme qu’elle était. Le thème du biface autour du passé/avenir l’amène à s’interroger sur ce qu’il en est de ce dernier.

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Il faut pouvoir nommer ce qui est détestable

— par Aimé Charles-Nicolas —

Des voix se sont élevées en Martinique pour que soit débaptisée la rue Blénac à Fortde-France. Gouverneur Général de la Martinique, il a fourni des informations à Colbert pour la rédaction de la première version du code Noir.

Depuis que la polémique est née aux Etats-Unis à propos de la statue du général Lee, plusieurs personnalités, en France, ont demandé que le nom de Colbert, auteur du Code Noir, soit retiré de l’espace public. En particulier Louis-Georges Tin du CRAN l’a qualifié d’ »acteur de la légalisation de l’esclavage » et »coupable de crime contre l’humanité ».

Dans sa lettre ouverte au maire de Fort-de-France, M. Monlouis-Bonnaire a récemment cité de moi des propos qui plaideraient pour le changement de nom de la rue Blénac. Je suis gêné. S’agissant de « mots détestables », je veux préciser ma pensée. Je ne crois pas qu’il faille supprimer les mots détestables. Il y a certes des mots à contenu détestable mais nous avons besoin de désigner les contenus détestables. Le mot en lui-même ne saurait être détestable. Vouloir supprimer des « mots détestables » du vocabulaire serait irréaliste.

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Colloque « L’esclavage : quel impact sur la psychologie des populations? » Un vif succès.

— Par Roland Sabra —

Un colloque d’une grande richesse tel à été celui consacré à l’impact psychologique de l’esclavage organisé à Fort-de(France les 26 & 27 octobre 2016. Toutes les interventions étaient de qualité. Une des toutes premières fût celle de Patrick Chamoiseau qui s’ingénia à prendre à contre-pied ce que l’on entend habituellement par trauma pour s’en faire le chantre. Le trauma est lié intimement à la vie qui elle- même commence par celui de la naissance. Il s’est ensuite attaché à montré chez Césaire et Glissant un au-delà de l’événement. La prestation était brillante et (trop ?) longue comme à l’accoutumée. Même abrégée par la force du président de séance elle eut pour conséquence de supprimer une pause et de décaler l’ensemble du colloque.

Si toutes les communications faites lors de la première journée du colloque étaient de qualité l’une d’entre elles a émergé du lot par son contenu résolument novateur. Ariane Giacobino, généticienne s’est appliquée à expliquer comment un traumatisme psychique s’inscrit sur l’ADN et comment cette inscription se transmettait de façon épigénétique. Le patrimoine génétique n’est pas modifié mais l’expression du gène est soit stimulée soit inhibée.

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Journées des dupes ?

— Par Aimé Charles-Nicolas,  Professeur Emerite de psychiatrie et d’addictologie —
le_mepris_camusCette manifestation avec tous ces chefs d’État à Paris en tête de cortège a entrainé une exaltation patriotique. La Marseillaise a été chantée dans plusieurs cortèges et à l’Assemblée nationale. Cela ne s’était pas vu depuis la Libération. Les Français ont fait peuple et ont clamé leur fierté.
En effet la puissance symbolique de la manifestation du 11 janvier ne doit pas être sous-estimée. Elle a changé la vision du monde et la doxa internationale. Le raccourci « musulman-islamiste-terroriste » est installé dans les esprits. Alain Finkelkraut a bien résumé cet état d’esprit : « L’islamisme n’est pas sans lien avec l’islam » . L’idée qu’Israël est dans son droit a été renforcée et intériorisée. Et tous ces massacreurs, kamikazes, frères Kouachi et autres fous de Dieu et Daesh ont démontré qu’ils tiraient contre eux-mêmes, ils ont déclenché ce processus et leurs balles sont – toujours – de vrais boomerangs, une preuve de plus en est (quasi comique) qu’il oublie sa carte d’identité dans la voiture volée! En tous cas, leurs carnages nous entrainent, vous et moi, dans leur spirale de mort.

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Les dissidents : l’histoire contre la mythologie

 

— par Aimé CHARLES-NICOLAS — 


Le 22 février a eu lieu à l’Atrium une projection du film d’Euzhan Palcy « Parcours de dissidents » suivie d’un débat en présence d’Euzhan Palcy et de dissidents, tous magnifiques dans leur simplicité et leur noblesse, comme dans le film.
Le film est beau mais le débat blesse là où une sorte de pensée unique restreint l’expression des dissidents.

D’abord le film tient la promesse du titre. Ponctué de photos des dissidents et d’extraits d’archives il a voulu donner enfin la parole aux dissidents. Il y a réussi merveilleusement. Il était temps en effet. Euzhan Palcy nous le dit au cours du débat qui a suivi (le temps fort de la soirée c’était vraiment la présence parmi nous des dissidents, très applaudis) : entre le moment où elle a commencé le film et aujourd’hui, plusieurs dissidents nous ont quittés. Elle a failli se laisser piéger par le temps qui file.

Le film captive. La réalisatrice réussit à nous transporter soixante ans en arrière dans des allers-retours entre la photo du dissident jeune et le gros plan de celui qui parle, ni tout à fait le même ni tout à fait un autre.

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