Étiquette : Aimé Césaire

Colloque international sur les œuvres d’Aimé Césaire, patronné par l’Unesco. Programme.

Du 12 au 16 novembre au Lycée Victor Schœlcher

Le colloque international « Le caractère multidimensionnel de la poésie d’Aimé Césaire » à l’occasion du 110e anniversaire de la naissance de l’écrivain

Du 12 au 16 novembre 2024, le Centre Césairien d’Études et de Recherches (CCER) organisera un colloque international au lycée Victor Schœlcher, à Fort-de-France, en Martinique, pour célébrer le 110e anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire. Ce colloque, placé sous le patronage de l’UNESCO, réunit des chercheurs et des experts du monde entier pour explorer l’œuvre poétique de l’écrivain martiniquais, notamment sa richesse et sa dimension plurielle.

Intitulé « Le caractère multidimensionnel de la poésie d’Aimé Césaire », l’événement ambitionne d’approfondir la compréhension de cette poésie, souvent qualifiée d’hermétique, en mettant en lumière ses multiples facettes. L’objectif est de réunir chercheurs et « césairologues » venus de tous horizons, d’Allemagne à la Côte d’Ivoire, du Sénégal au Venezuela, afin d’examiner les textes et la pensée de l’écrivain sous divers angles : linguistique, culturel, politique, et esthétique.

Un événement au cœur de la Martinique, terre natale de Césaire

L’édition 2024 de ce colloque se distingue par son ancrage profond dans l’histoire et la culture martiniquaises, puisque le lycée Victor Schoelcher, où Aimé Césaire a été à la fois élève et enseignant, accueillera l’événement.

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Nouvelle crise de la vie chère en Martinique : faut-il que tout change pour que rien ne change ?

— Par Jean-Michel Salmon, Maître de conférences en économie, Faculté de Droit et d’Economie de la Martinique, expert des petites économies insulaires.—

La vie est chère à la Martinique ; très chère, trop chère. Savez-vous pourquoi ?

C’est parce que nous sommes obligés, je dis bien obligés de n’acheter que les marchandises européennes qui sont déjà chères, par elles-mêmes et qui deviennent encore plus chères du fait que, pour arriver jusqu’à nous, elles sont obligées de franchir 7000 km de mer en payant le frêt le plus cher du monde.
Ne croyez-vous donc pas que ce serait une bonne chose que les martiniquais aient le droit de commercer librement avec leurs voisins immédiats. L’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, les Antilles-Guyane. Est-ce qu’ils ne devraient pas par exemple, avoir le droit d’acheter à côté pour 9 F ce qu’à l’heure actuelle ils sont obligés d’acheter en Franc 18 F ou 20 F ? Et bien ça, ça s’appelle LA LIBERTE COMMERCIALE.

Aimé Césaire, 24 février 1978, Discours des Trois Voies ou des Cinq Libertés

La nouvelle crise de la vie chère en Martinique a atteint un paroxysme de violence.

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Frères Volcans

(À propos du livre Aimé Césaire, René Ménil, l’entretien infini, d’André Lucrèce – éd.Le Teneur).

— par Georges-Henri Lèotin —

Les jeunes générations arrivent toujours dans un monde bien vieux. Avec parfois l’illusion que l’Histoire commence avec elles. Le livre d’André Lucrèce, Césaire/Ménil, l’entretien infini, qui peut contribuer à dissiper cette illusion, se présente comme :

– l’histoire d’une amitié (amitié littéraire, et politique, malgré des divergences)

– une chronique de la résistance intellectuelle au nazisme et à la Collaboration à la Martinique, collaboration dont le tristement célèbre Amiral Robert était le représentant.

LES ARMES MIRACULEUSES

Les 2 citations placées en exergue du livre de Lucrèce donnent le ton. Elles évoquent l’importance et la force de la Poésie dans les sociétés humaines. Le poète n’est pas un doux rêveur marchand d’illusions. Un recueil important d’Aimé Césaire s’intitule « Les armes miraculeuses », indiquant la puissance de la poésie comme instrument pour changer le monde, autant, voire plus que les armées. A condition bien-sûr qu’il ne s’agisse pas de la poésie que nous avons appelée doudouiste, embellissement mensonger de la réalité qui perpétue les dominations en les masquant.

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Aimé Césaire et Gaston Miron

— Par Gary Klang —

 L’idée de cet article me vint de Gaston Miron lui-même qui m’invitait à la comparaison :

« La lecture de Césaire me bouleversera en raison d’une parenté à mon insu très proche…»

Malgré des différences, il y a de grandes similitudes entre le poète du Québec et celui de la négritude, deux écrivains engagés, investis d’une mission sacrée : exprimer l’être de leur peuple à partir d’un sentiment d’aliénation, analysé brillamment par Hegel que cite Miron :

«Aliénation : traduction de  Entfremdung.  Hegel : dépossession.  Ne plus s’appartenir.  Devenir étranger à soi-même »

Miron est étranger dans sa province, et Césaire, dépossédé de son identité dans le département français de la Martinique, en étrange pays dans son pays lui-même. Une des raisons pour lesquelles il parle si souvent de Toussaint Louverture, du Roi Christophe et d’Haïti qui, elle, a arraché son indépendance aux troupes de Napoléon, acquérant ainsi un sentiment profond de devoir accompli qui lui permettra de supporter bien des malheurs. Césaire est un homme en colère et Miron, un être qui porte sa tristesse en écharpe, d’où le sentiment de faim et de soif qu’ils expriment dans leurs poèmes :

« Nous avons soif de toutes les eaux du monde

Nous avons faim de toutes les terres du monde » (Miron)

« Ce que je veux

c’est pour la faim universelle

pour la soif universelle » (Césaire)

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La vision de la diaspora africaine et l’héritage d’Aimé Césaire et Toni Morrison.

Colloque mardi 25 et mercredi 26 juin, au Théâtre Aimé-Césaire à FdF

La Toni-Morrison Society organise régulièrement des événements en Martinique autour de l’anniversaire de la naissance d’Aimé Césaire. Ces événements rappellent l’attachement que Toni Morrison, auteure américaine et prix Nobel de littérature, avait pour le poète et pour son travail remarquable sur la Négritude.

Pour marquer le lien qui unissait Toni Morrison (18 février 1931 – 5 août 2019) à Aimé Césaire, la Toni-Morrison Society a installé un banc dans les jardins du théâtre municipal de Fort-de-France. Ce banc, placé en l’honneur du 100e anniversaire de la naissance de Césaire en 2013, symbolise un espace de réflexion et de repos pour les Martiniquais.

En matière de réflexion, la Toni-Morrison Society propose un colloque intitulé : « La vision de la diaspora africaine et l’héritage d’Aimé Césaire et Toni Morrison ».

L’influence de Morrison et Césaire

Carolyn Denard, organisatrice du symposium et présidente du conseil d’administration, a réuni des artistes et chercheurs renommés des États-Unis, d’Europe, d’Afrique et des Caraïbes. Des universitaires, auteurs et artistes animeront les tables rondes du symposium qui explorera quatre questions centrales :

Quelle était la vision diasporique de Toni Morrison et d’Aimé Césaire ?

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« Césaire – Serreau, une rencontre au fondement du champ théâtral caribéen »

Du mercredi 24 au vendredi 26 avril à la Villa Chanteclerc et sur le campus de Schœlcher

— Par Hélène Lemoine —

Au cœur de la dynamique théâtrale caribéenne, la cinquième étape du chantier « Jean-Marie Serreau – Nouvelles humanités » explore l’impact et les enjeux du compagnonnage entre Aimé Césaire et Jean-Marie Serreau. Cette collaboration a marqué profondément le paysage culturel des îles, stimulant la créativité artistique et catalysant le Festival de Fort-de-France. Sous le signe des tempêtes, à la fois climatiques et politiques, cette rencontre entre deux figures emblématiques du théâtre s’est révélée être bien plus qu’une simple alliance artistique. Elle a incarné le symbole même de la décolonisation pour Serreau, imprégnant ainsi le champ théâtral de sens et de résistance.

Organisé par l’Université Sorbonne Nouvelle en collaboration avec l’Université des Antilles, ce colloque invite à une réflexion pluridisciplinaire sur les implications de cette relation exceptionnelle. Politique culturelle, esthétique, dramaturgie, anthropologie, éco-poétique et éco-conception sont autant de domaines explorés pour comprendre la profondeur de cette connexion humaine, intellectuelle et artistique.

Pendant trois jours, la Villa Chanteclerc et le campus de Schœlcher seront le théâtre de débats, de conférences et d’animations variées.

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Le cent-dixième anniversaire de la naissance de Césaire

— Par Michel Herland —

Né en 1913, mort en 2008, Aimé Césaire aura eu une longue carrière tant politique que littéraire, les deux indissociablement liés au demeurant, puisque les poèmes, au-delà de leurs innovations formelles, nous en apprennent beaucoup sur ce qui a motivé l’action du député-maire, indignation et action, l’action qui naît de l’indignation.

Pour marquer le cent-dixième anniversaire de la naissance de celui qui fut député de la Martinique entre 1945 et 1993 et maire de Fort-de-France entre 1946 et 2001, la Fondation Clément et l’association ACA (Aimé Césaire actuel) organisent conjointement deux expositions, l’une qui retrace les faits saillants de cette longue carrière, l’autre consacrées aux images rapportées par trois photographes à l’issue de leur exploration de la nature martiniquaise.

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L’exposition Césaire proprement dite qui occupe le niveau inférieur des espaces de la Fondation est divisée en plusieurs sections : les origines, depuis les bateaux négriers jusqu’au village natal de Basse-Pointe, les misères coloniales ; les ruptures idéologique (la négritude), esthétique (le surréalisme) et politique (d’avec le communisme) ; le guide et le bâtisseur.

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L’éphéméride du 24 octobre

Lettre de démission du PCF d’Aimé Césaire à Maurice Thorez le 24 octobre 1956

Quelques mois après le percutant rapport Khrouchtchev qui révéla les crimes de Staline, Aimé Césaire a adressé cette lettre de démission à Maurice Thorez alors secrétaire général du Parti communiste Français. « Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n’est ni le marxisme ni le communisme que je renie, que c’est l’usage que certains ont fait du marxisme et du communisme que je réprouve. »
{{Aimé Césaire, Député de la Martinique, à Maurice Thorez, Secrétaire Général du Parti Communiste Français.}}

Maurice Thorez,

Il me serait facile d’articuler tant à l’égard du Parti Communiste Français qu’à l’égard du Communisme International tel qu’il est patronné par l’Union Soviétique, une longue liste de griefs ou de désaccords. _ La moisson a été particulièrement riche ces derniers temps et les révélations de Khrouchtchev sur Staline sont telles qu’elles ont plongé, ou du moins, je l’espère, tous ceux qui ont, à quelque degré que ce soit, participé à l’action communiste dans un abîme de stupeur, de douleur et de honte.

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« Une Tempête » d’Aimé Césaire, m.e.s. William Mesguich

Première le jeudi 12  octobre à 19h 30 au T.A.C.

Les 12, 13, 14, 17,18, 19, 20, 21 octobre 2023

Une tempête est une pièce de théâtre écrite par Aimé Césaire, publiée et jouée pour la première fois en 1969. C’est une réécriture post-coloniale et anticolonialiste de La Tempête de William Shakespeare. La pièce a été jouée pour la première fois au Festival d’Hammamet en Tunisie sous la direction de Jean-Marie Serreau. Elle a été jouée plus tard à Avignon et à Paris. La pièce est une réflexion sur le concept de race, sur le pouvoir, et sur la décolonisation.

Personnages
Césaire se sert de tous les personnages de la version de Shakespeare, mais il précise qu’Ariel est un esclave « ethniquement mulâtre », que Caliban, l’esclave de Prospero, est un « esclave nègre » et que Prospéro est un maître blanc. Il ajoute le personnage d’Eshu, un « dieu-diable nègre ».

Ariel
Présentation du personnage
Parcours dans l’œuvre
À l’arrivée de Prospero dans l’île, Ariel est retenu prisonnier dans un arbre par la sorcière Sycorax, alors maîtresse des lieux. La condition de sa libération est qu’il se mette au service de son nouveau maître, dont il va devoir exécuter les nombreuses demandes : de ce fait, tout au long de l’intrigue, il utilise ses pouvoirs pour répondre aux requêtes de Prospero.

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Et les chiens se taisaient d’Aimé Césaire

Vendredi 23 et Samedi  24 juin à 19h Annulé
Lundi 26 juin à 19h (jour du 110ème anniversaire)

Pour rendre hommage au Grand Homme qu’était Aimé Césaire et qui aurait dû célébré son 110ème anniversaire le 26 juin prochain. »

Cette pièce, c’est la vie d’un homme, d’un révolutionnaire, revécue par lui au moment de mourir au milieu d’un grand désastre collectif. Il revit (ou ressasse) ses hésitations, ses élans, ses rêves, ses défaites, ses victoires : d’abord, la naissance en lui du héros dans le décor colonial et son initiation à la solitude (mieux à l’abandon que par avance il accepte) parmi les sollicitations contradictoires de l’esprit de vie et de l’amor fati ; puis son combat spirituel – aux prises qu’il est avec les forces du sentiment et les forces du passé ; enfin, dans l’acte 3, c’est la confrontation avec la mort. Ici la force héroïque prend son essor du contact rétabli au plus profond avec le fond obscur et terrestre de l’être.

Une pièce écrite par Aimé CÉSAIRE et mise en scène par Élie Pennont un de ses plus grands disciples

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À propos de l’Ur-texte  » Et les chiens se taisaient » d’Aimé Césaire

Peut-on faire lecture publique d’un texte qu’un auteur a désavoué ?

— Par Roland Sabra —

Désavouer: Refuser de reconnaître quelque chose comme sien, le renier. Larousse .

Pendant longtemps, jusqu’en décembre 2008, n’étaient connues que quatre versions du texte d’Aimé Césaire «  Et les chiens se taisaient ». Les deux plus célèbres, publiées en français sont celle de 1946, chez Gallimard, insérée dans le recueil « Les armes miraculeuses », suivie en 1956 d’un « arrangement théâtral » de Présence Africaine. Cette année là deux autres versions, dues au travail de l’écrivain et traducteur Janheinz Jahn voient le jour, Und die Hunde schwiegen , en allemand dans le texte, la première radiophonique dont il existe une transcription et une autre suffisamment ré-élaborée, transformée pour qu’elle soit considérée, par certains, comme le résultat d’une co-écriture entre le poète et son traducteur. « Jahn supprime dans les trois actes environ un tiers du texte original de Césaire […]. Il complète ce qu’il a conservé par des scènes et des indications scéniques qu’il a lui-même rédigées et qui constitueront environ 20 % de la totalité du texte définitif de cette version.

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Une vie de Césaire illustrée à l’usage des jeunes générations

— Par Michel Herland —

Césaire est mort à 95 ans en 2008. Pour les lycéens martiniquais âgés aujourd’hui de quinze ans Césaire fait partie du monde d’avant, celui d’avant leur naissance, lorsque le poète-député-maire commandait de près ou de loin l’actualité de l’île. Le livre qui vient de paraître n’a pas été écrit spécialement à leur intention, il vise sûrement un plus large public. Il n’empêche que sa place paraît toute trouvée dans les chaumières martiniquaises – comme celles de la diaspora – pour apprendre aux jeunes générations qui fut ce grand homme qui a tellement compté localement.

Césaire fut également très important pour nombre d’intellectuels africains qui l’ont découvert par le biais soit du Discours sur le colonialisme soit de la poésie ou du théâtre. On ne peut que souhaiter que cet ouvrage bénéficie du programme des publications subventionnées à destination de l’Afrique francophone et qu’il y soit largement diffusé.

On ne cherchera pas dans ce livre bref, à la typographie aérée, avec des illustrations en pleine page une analyse un tant soit peu complète de la vie de Césaire, a fortiori de son œuvre. 

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« Il avait l’agoraphobie, Noël. »… Aimé Césaire

Au bout du petit matin, ce plus essentiel pays restitué à ma gourmandise, non de diffuse tendresse, mais la tourmentée concentration sensuelle du gras téton des mornes avec l’accidentel palmier comme son germe durci, la jouissance saccadée des torrents et depuis Trinité jusqu’à Grand-Rivière, la grand’lèche hystérique de la mer.

Et le temps passait vite, très vite.

Passés août où les manguiers pavoisent de toutes leurs lunules, septembre l’accoucheur de cyclones, octobre le flambeur de cannes, novembre qui ronronne aux distilleries, c’était Noël qui commençait.

Il s’était annoncé d’abord Noël par un picotement de désirs, une soif de tendresses neuves, un bourgeonnement de rêves imprécis, puis il s’était envolé

tout à coup dans le froufrou violet de ses grandes ailes de joie, et alors c’était parmi Ie bourg sa vertigineuse retombée qui éclatait la vie des cases comme une grenade trop mûre.

Noël n’était pas comme toutes les fêtes. Il n’aimait pas à courir les rues, à danser sur les places publiques, à s’installer sur les chevaux de bois, à profiter de la cohue pour pincer les femmes, à lancer des feux d’artifice au front des tamariniers.

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Pour poursuivre la réflexion d’Yves-Léopold Monthieux sur le « génocide par   substitution »

— Karl Paolo —

La question abordée par Yves-Léopold MONTHIEUX au sujet du génocide par substitution est particulièrement complexe, qu’il s’agisse d’affirmer qu’il s’agit d’une réalité ou d’un fantasme.

Cette complexité est accrue par le fait qu’elle est chargée d’affects, de symboles, de tensions et d’idées parfois préconçues pour ne pas dire de préjugés. Il faut donc une certaine dose de courage (ou « d’inconscience » – sic) pour l’aborder, comme le fait Yves Léopold MONTHIEUX. D’autres comme Nadia CHONVILLE (1) ou Claire PALMISTE(2) ont tenté sinon, de déconstruire ce concept à tout le moins de le discuter. Très modestement, je voudrais essayer de poursuivre dans cette voie, afin de tenter d’y voir un peu plus clair, si c’est possible.

Est-ce une question de quantité

En premier lieu, poser le débat en termes statistiques – qui sont-ils ? – où sont-ils ? combien sont-ils ? – ne me parait pas pertinent. En effet, on arrivera immanquablement à se demander où faut-il mettre le curseur. Autrement dit, à partir de quel seuil la présence d’une population étrangère où jugée comme telle est susceptible de constituer ou non un problème ?

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Désintox : le fantasme du génocide par substitution.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ou sont passés tous ces Blancs qui ont été accusés de « génocider » le peuple martiniquais depuis plus d’un demi-siècle ? On ne les voit pas dans les statistiques, on ne les voit pas non plus dans des cimetières dédiés. Le phénomène est pourtant inscrit dans le marbre de la conscience martiniquaise. Ainsi, chaque fois qu’est abordée la question de la baisse de la population en Martinique, chacun, de Ti Sonson au député du coin, y va de son couplet sur le « génocide par substitution ». La locution d’Aimé Césaire la plus répétée depuis 40 ans. Pendant tout ce temps, l’expression magique a suffi pour barrer la route à toute réflexion intelligente sur la fuite de la jeunesse martiniquaise et des conditions à réaliser pour éviter l’exode. Ainsi, l’un des objectifs majeurs du président de la collectivité de Martinique est la mise en œuvre par … Létafransé d’un « BUMIDOM à l’envers ». Alors que la Martinique est en quête de pouvoirs nouveaux, ses élus attendent de l’Etat régalien que celui-ci lui refasse une image attractive.

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La négritude, une construction qui ne repose sur rien ?

— Par Aimé Charles-Nicolas—

Une interview de Maryse Condé dans France Antilles a refait surface récemment sur les réseaux sociaux. Elle porte un titre provocateur au pays d’Aimé Césaire : « La négritude, une construction qui ne repose sur rien ».  Elle doit dater de 5 ou 6 ans, il me semble. Elle a donné lieu à de nombreuses réactions des internautes. Maryse Condé, la Guadeloupéenne, se plaint de l’accueil des Africains à l’égard des Antillais en Afrique et précisément des habitants de Guinée et du Ghana à son égard. A partir de son constat, Maryse Condé conclut : « Il n’y a aucune solidarité. Les africains ne nous ont jamais considérés comme des frères. (…) La négritude c’est un mythe, une construction de l‘esprit qui ne repose sur rien de vécu (…) et qui n’apporte rien à l’individu. »

Maryse Condé présente ainsi la négritude comme le sentiment d’appartenance à une grande famille, les Noirs, au sein de laquelle règnent bienveillance et solidarité.

Maryse Condé se trompe. Césaire n’a jamais dit cela. Il définit la négritude dans des vers célèbres du Cahier d’un retour au pays natal :

Ma négritude n’est pas une taie d’eau morte
sur l’œil mort de la terre
ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l’accablement opaque de sa droite patience 

Les 3 premiers vers disent le refus de la passivité et le rejet d’une certaine image du Noir amorphe, incapable de construire une civilisation, le quatrième dit la force de sa proximité avec la nature, le cinquième dit la volonté d’émancipation, l’aspiration, la fierté.

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C’est pourtant A.M.J. qui a mis fin au moratoire de Césaire

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Par sa forte personnalité et sa capacité de convaincre, au vu de la durée de son magistère et des moyens à sa disposition, Alfred Marie-Jeanne (AMJ) pouvait faire des grandes choses pour la Martinique. Parvenu au bout du chemin, cet homme de pouvoir sans partage ne transmet ni doctrine ni théorie et ne laisse ni successeur ni disciple ni, peut-être, un vrai parti politique. Je ne m’étendrai pas sur les méandres de son long parcours politique que j’ai résumé dans le livre Alfred Marie-Jeanne a bouclé sa révolution, sinon rappeler que son talent exceptionnel était d’abord au service de sa personne. Cependant les critiques négatives qui ont pu lui être faites sur son bilan politique doivent être relativisées.

Lorsqu’au début de la campagne des législatives de juin 1981, Aimé Césaire fit adopter par le PPM la suspension de la revendication autonomiste, le troisième grand moment de sa vie politique active après la départementalisation et sa démission du parti communiste, les deux seuls adversaires notoires de cette décision furent Guy Cabort-Masson et Alfred Marie-Jeanne. Le premier l’exprima dans sa « lettre à Aimé Césaire », le second par une tonitruante dénonciation qu’il formulera plus calmement à la mort de Nelson Mandela par une assertion, à mon avis discutable : « Mandela n’était pas un homme de moratoire ».

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Kayé pou an déviré o péyi bòkay

An sonjé pou Emé Sézè ki foukan Abolay an 17 avril

… Initilman, pou anmizé kò’y, kapitenn-la ka pann an gran verg li-a, nèg pli wouspétè-a, oben ka fouté’y an lanmè-a, oben ka fè sé molos féros li-a dévoré’y

Lanégray ki ka santi lonyon fri, ka ritouvé adan san’y ki koulé, gou anmè Lalibèté
Ek i doubout lanégray
Lanégray asiz
doubout san YO té ka atann-li
doubout adan kal-a
doubout adan lé kabin
doubout anlè pon-a
doubout an van-a
doubout anba soley-la
doubout adan san-a
doubout
ek
lib
doubout mé pa kon an fanm fol adan libètè’y ek touni kon topi mabial lanmè ka tounen won-dan- won
ek mili:
pli doubout ki YO té ka atann
doubout adan kòwdaj
doubout a laba
doubout a labousol
doubout a lakat
doubout anba lé zétwal

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« Poreux à tous les souffles du monde »

Une biographie magistrale, dans laquelle revit, depuis ses racines, Aimé Césaire, le poète combattant, auteur de théâtre et homme politique.
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir », écrivait dans Cahier d’un retour au pays natal (1939) Aimé Césaire, dont Kora Véron publie une biographie remarquable. Elle explore six périodes de la vie du poète, depuis Fort-de-France, « cul-de-sac royal », puis Normale sup à Louis-le-Grand avec Senghor, les écrits collectifs en revues, « l’Étudiant martiniquais », « l’Étudiant noir », la composition du fameux Cahier, « une forme neuve, non totalisante, non hiérarchisée, non centrée, non symétrique ». La période « Septembre 1939-novembre 1945 » voit le retour en Martinique, la fondation de la revue Tropiques, acte de résistance poétique à la « littérature de hamac ». La rencontre d’André Breton à Fort-de-France, en 1941, joue un rôle déterminant, dont Césaire s’émancipera.

L’ouvrage permet de retraverser l’histoire de son siècle aux côtés du poète flamboyant, également tribun magnifique, ennemi de tout obscurantisme, maire de Fort-de-France cinquante-six ans durant.

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Aimé Césaire, la voix de la fraternité

En 1976, Aimé Césaire s’entretenait avec Edouard Maunick, poète et journaliste mauricien, au cours d’une série de cinq émissions. Le poète et homme politique antillais avait 63 ans à cette époque. Dans ces entretiens, il parle de son parcours intellectuel et de son attachement à la culture antillaise et africaine. Il évoque aussi la douleur de l’exil, le racisme toujours présent dans les sociétés occidentales et l’importance de maintenir l’espoir parmi les peuples noirs opprimés.

Aimé Césaire est né en Martinique en 1913. Après de brillantes études au lycée Schoelcher de Fort-de-France, il obtient en 1931 une bourse qui lui permet de suivre des études à Paris. En 1934, il fonde la revue L’Etudiant noir avec Senghor, Damas, Sainville et Maugée, puis entre à l’Ecole Normale  Supérieure. En 1935, il commence à écrire un long poème, le Cahier d’un retour au pays natal, pour lutter contre le dépaysement et l’exil. Il invente le terme de négritude. En 1939, il retourne en Martinique où il enseigne au lycée de Fort-de-France. En 1941, il fonde la revue Tropiques avec sa femme et d’autres amis.

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Une fiction pour nous parler d’histoire : « Insurrection », d’Erick Jean-Marie

Un film, et une  marche théâtralisée pour célébrer l’ « Insurrection du Sud, de 1870 »

Auteur-compositeur-interprète, réalisateur et producteur de cinéma, Erick Jean Marie signe son premier long métrage, « Insurrection », inspiré des événements de 1870 sur l’île de la Martinique. Une île, alors colonie française, et qui fut « au bord de l’indépendance. »

D’Erick Jean Marie, on peut voir sur sa chaîne YouTube plusieurs courts-métrages, qui nous parlent de la Martinique et de ce qui la traverse. Je retiens particulièrement « Ptolémée » qui en quatre minutes  rend un bel et vibrant hommage à Césaire, sous forme de Danmyé, à l’occasion de sa date  anniversaire, une courte vidéo ainsi présentée : « Aimé Césaire est né le 26 juin 1913 au nord de la Martinique, plus précisément à Basse-Pointe . C’était un écrivain et homme politique français, et surtout une autorité morale. Il était aussi essayiste, biographe, dramaturge, et bien sûr poète. Il décède le 17 avril 2008 au CHUM de Fort-de-France ». L’hommage se ferme sur les mots et la voix du poète lui-même : « Nous naissons dans la case du bateau négrier.

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Fort-de-France : Deux appels liés à La Porte du Tricentenaire, un arrêté d’interdiction

Vendredi 31 juillet 2020- Journal France Antilles
Pour donner la parole au peuple – Pour préserver notre espace démocratique.

Les derniers mois en Martinique ont été le lieu de manifestations et de prises de position que l’on ne peut ignorer. Elles sont comme autant de symboles de l’inertie et des frustrations silencieuses qui émaillent et déraillent notre société: nul ne peut ignorer les enjeux liés à la pollution à la chlordécone, à la gestion de l’eau ou encore les inquiétudes concernant le développement économique et l’exode des jeunes. 

Les évènements du 22 mai 2020 ont permis une mobilisation du politique et de la société sur les questions de nos symboles publics et sur la connaissance de notre histoire. Ce choc entre histoire et mémoire a provoqué un processus de remise en question de notre société. 

On aurait pu croire qu’avec les réseaux sociaux, le dialogue entre les différentes réflexions sur notre société aurait pu être facilité. Bien au contraire. Des divisions nous sautent aux yeux et ne cessent de s’exacerber. 

Face aux tensions récentes, des espaces et des moments d’échanges ont pourtant été créés, des espaces et des moments dont notre société a le plus grand besoin.

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Qu’adviendra-t-il de La Porte du Tricentenaire ?

« Construire, pas détruire », exhorte la ville de Fort de France, après la destruction des statues de Schœlcher, de Joséphine et de d’Esnambuc, et la menace qui pèse sur la Porte du Tricentenaire

Sources : France Antilles, RCI, Zist, People Bò Kay

Une menace

« Aimé Césaire a demandé à Kho Kho René Corail¹ de donner, par une œuvre nouvelle, un autre sens à la Porte du Parc Floral — qui porte son nom désormais — une porte qui célébrait le tricentenaire de l’installation de la France en Martinique. Ainsi a été créée la fresque racontant le génocide amérindien, explique la ville sur son site Mangovea. Cette explication est accompagnée d’une vidéo (visible sur le site Facebook, ainsi que les retransmissions du Cénacle) dans laquelle Zaka Toto, chercheur en histoire, spécialiste en études des nationalismes et identités, regrette que cette démarche de décolonisation d’Aimé Césaire n’ait pas été transmise aux jeunes générations. « Malheureusement, ce qui nous explose au visage, ces derniers jours, c’est que cela a été conçu comme cela, mais cela n’a pas été transmis », déplore le chercheur.

Cette vision d’Aimé Césaire, jusque-là inconnue, s’inscrit dans la réappropriation des symboles sur lesquels la ville de Fort-de-France travaille, en ce moment, dans le cadre d’une Commission mémorielle qu’elle a mise en place, à la suite du déboulonnage de deux statues de Victor Schœlcher par des activistes martiniquais, le 22 mai dernier, jour du 172ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Martinique.

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Du « déboulonnage » de la statue de Joséphine de Beauharnais. 

Que faire de la statue de Joséphine ? Une histoire à rebondissements !

Lors des réaménagements du Jardin de la Savane en 1974, au centre-ville de Fort-de-France, l’administration municipale d’Aimé Césaire déplace la statue sur la bordure ouest du parc, au bord de la rue de la Liberté, sans son large socle de granit et sa grille ouvragée. Ce déplacement permet de rendre la statue moins visible et vient répondre au ressentiment d’une partie de la population.

En septembre 1991, la statue est décapitée par un commando anonyme, reprochant à Joséphine de Beauharnais, première épouse de l’Empereur Napoléon Ier, son rôle dans le rétablissement de l’esclavage en 1802. La statue n’ayant jamais retrouvé sa tête, est depuis laissée en l’état.

En 2017, 26 ans plus tard, un des membres du dit commando raconte cet épisode : « Enlever la tête de Joséphine fut très simple » ; le 23 août de cette année-là, le MIR (Mouvement International pour les Réparations) manifeste pour revendiquer le retrait pur et simple des deux statues présentes, place de la Savane : celle de Joséphine ainsi que celle de Pierre Belain d’Esnambuc, l’homme ayant pris possession de la Martinique au nom de Louis XIII en 1635.

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Mettre fin au racisme, de toute urgence !

À Fort-de-France, deux âges, deux formes d’expression

 Aimé Césaire : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouches. Ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »

Des jeunes Martiniquais se mobilisent contre le racisme

À Fort de France, le mercredi 10 juin, à midi sur la place de l’Enregistrement, devant le centre commercial Perrinon, on a pu applaudir une trentaine de jeunes étendus par terre, les mains dans le dos. Ils étaient accompagné de tanbouyés. La mise en scène était organisée mercredi par des collégiens, lycéens et étudiants, de Rivière-Salée et de Sainte-Luce. 

Ils dénonçaient les violences policières perpétrées contre les Noirs. Un flashmob de 8 minutes et 46 secondes — le temps où le policier a maintenu son genou sur le cou de sa victime, le temps pendant lequel sa victime a suffoqué avant de mourir… Un flashmob pour faire écho à la mort de George Floyd, aux États-Unis, pour lui rendre hommage, mais aussi pour interpeller le public : « C’est un autre moyen d’occuper l’espace public : on a choisi d’occuper la rue car George Floyd est mort dans la rue.

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