« Avec la religion universelle qu’est devenu le capitalisme, on a encouragé l’émergence d’oligarchies bâties sur le détournement des ressources publiques. »
Le Sénégalais Amath Dansokho est une figure de la gauche africaine. Ministre d’État, l’ancien secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail, réputé pour son franc-parler, décrypte les engagements militaires français sur le continent.
Avec l’opération « Sangaris » en Centrafrique, la France est une nouvelle fois engagée militairement sur le continent. Comment jugez-vous cette posture de gendarme de l’Afrique ?
Amath Dansokho. Apparemment, c’est pour la bonne cause… Ces pays, le Mali, puis la Centrafrique, étaient confrontés à des situations catastrophiques. Il fallait une force pour enrayer le cycle des violences de masse. Dans ces circonstances, la France est apparue comme une force luttant contre des tortionnaires, des assassins de la pire espèce. Dans le cas du Mali, on voit mal quelle autre force organisée et puissante aurait pu arrêter l’avancée des djihadistes, des forcenés qui veulent imposer leur modèle de société par la mort et la violence. C’est ce qui explique le large soutien apporté à l’opération « Serval » au moment de son déclenchement.