Vendredi 14 mars – 19h en avant-première à Tropiques-Atrium
Belgique, France, Pays-Bas | 2h30 | 2023
Synopsis
En 1960, les Nations unies sont secouées par un bouleversement politique majeur : l’Afrique du Sud se fait entendre avec force, et les musiciens Abbey Lincoln et Max Roach, en plein cœur de l’action, perturbent les discussions du Conseil de sécurité. En parallèle, les États-Unis envoient leur ambassadeur du jazz, Louis Armstrong, au Congo pour détourner l’attention de leur coup d’État post-colonial.
Sous l’ombre de l’indépendance du Congo, ce film tisse ensemble les luttes de décolonisation en Afrique, le mouvement des droits civiques aux États-Unis et la guerre froide, en utilisant l’arme la plus originale des États-Unis : le jazz.
En 1960, seize nouveaux pays africains indépendants rejoignent les Nations Unies, déclenchant un séisme politique qui modifie l’équilibre des forces à l’ONU en faveur du Sud. Le Congo devient alors le théâtre central de cette lutte pour le pouvoir. Nikita Khrouchtchev, en pleine assemblée, martèle son pupitre avec sa chaussure pour dénoncer le néocolonialisme et l’exploitation des ressources congolaises. Louis Armstrong, surnommé « l’ambassadeur du jazz », est envoyé par le gouvernement américain dans le pays pour masquer le coup d’État en cours. Pendant ce temps, Malcolm X, qui a mobilisé les nations arabes et africaines en faveur des droits civiques, accuse les États-Unis devant l’ONU. Le bloc afro-asiatique parvient alors à faire adopter une résolution pour une décolonisation totale et immédiate dans le monde entier. Lorsque l’assassinat de Patrice Lumumba est annoncé, des musiciens de jazz afro-américains viennent perturber une réunion cruciale du Conseil de sécurité de l’ONU, centrée sur le sort du Congo.
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« Jazz et politique s’entremêlent dans le nouveau film de l’artiste Johan Grimonprez (auteur de Dial H-I-S-T-O-R-Y, 1997), qui documente un épisode international complexe et trouble de la guerre froide et de la décolonisation. À travers un montage galvanisant d’archives nombreuses, ce récit particulièrement dense et fouillé raconte notamment comment des musiciens tels que Louis Armstrong ou Nina Simone furent envoyés à travers le monde par des façades de la CIA pour distraire l’opinion publique des manœuvres secrètes pour contrecarrer l’union des nations africaines nouvellement indépendantes. Il raconte comment une force de paix telle que l’Organisation des Nations Unies est devenue un agent de déstabilisation après l’entrée de seize nations africaines qui rééquilibrait le rapport de forces en faveur de l’idée d’États Unis d’Afrique autour de la figure de Patrice Lumumba. La recherche de Grimonprez s’ancre dans l’accord secret passé entre Churchill, Eisenhower et l’état belge sur une option sur tout l’uranium découvert dans les mines congolaises, nécessaires au maintien de la dissuasion nucléaire américaine. Concrétisée trois jours avant l’indépendance du Congo par la privatisation de l’Union minière du Haut-Katanga, elle a mené à l’assassinat de Lumumba. Cette histoire de la remise en cause de l’autodétermination africaine est racontée du point de vue d’Andrée Blouin, militante des droits des femmes et politicienne de la République centrafricaine, du diplomate irlandais Conor Cruise O’Brien, de l’écrivain belgo-congolais In Koli Jean Bofane et de Nikita Khrouchtchev. »
(Antoine Thirion – Cinéma du réel)