— Par Stéphanie Belpeche —
Le réalisateur britannique Ken Loach a provoqué un électrochoc au Festival de Cannes avec Sorry we missed you, un drame poignant qui dénonce l’uberisation de la société.
A Newcastle, Ricky peine à boucler ses fins de mois. Il décide de s’acheter un camion et de proposer ses services à une entreprise de vente en ligne pour livrer leurs colis aux clients. Ainsi, il deviendra son propre patron et n’aura plus à cumuler les petits boulots. Sa femme Abby est aide-soignante à domicile pour personnes âgées ou handicapées. En l’absence de leurs parents, leurs deux enfants s’occupent de la maison…Préparez-vous à une déflagration.
Le réalisme des situations est saisissant, tout comme le jeu des acteurs
Sorry we missed you, le dernier film de Ken Loach, Palme d’or à Cannes en 2006 pour Le Vent se lève et en 2016 pour Moi, Daniel Blake, dénonce l’uberisation de notre société contemporaine, régie par un cynisme absolu et la quête du profit, dans laquelle le travailleur poussé à bout devient son propre bourreau.
Ken Loach ne lâche rien, témoin impitoyable de son époque, droit dans ses bottes et fidèle à ses convictions. Ce drame, qui s’appuie sur une écriture d’une redoutable précision, dresse le constat implacable des ravages du système économique actuel, qui plonge les plus démunis dans un désespoir total. Il se permet un peu d’humour, ce qui permet de respirer dans cette atmosphère anxiogène qui prend le public à la gorge. Le réalisme des situations est saisissant, tout comme le jeu des acteurs. Impossible de ne pas être bouleversé face à la tragédie de cette famille qui se serre les coudes devant l’adversité.
Sorry we missed you
De Ken Loach, avec Kris Hitchen, Debbie Honeywood. 1h40.
Source : Le JDD.fr=>