Sont-ils ce qu’ils disent être ou sont-ils ce qu’ils font?

— Par Roland Sabra —

Poster-TabouEdito du 20/05/2008

  Le film de Guy Deslauriers, sur un scénario de Patrick Chamoiseau, avec Stomy Bugsy dans le rôle du journaliste martiniquais assassiné rencontre des difficultés de financement. Le budget du film s’élève à 3 millions d’Euros, moitié moins que la moyenne des films français. Les Chti’s ont couté 11 millions d’Euros alors que le budget d’un film étasunien oscille  aux environs de 60 millions de dollars soit 40 millions d’Euros en moyenne, mais  « Titanic »  avait coûté à l’époque 135 Millions d’euros (200MD). Guy Deslauriers précise que le sujet du film, les faits qu’il relate, a privé les producteurs « Kreol Productions » de certains financements habituellement réservés aux films français et d’outremer. En d’autres termes, pour appeler un chat, un chat et une censure une censure, le film a été pénalisé parce que qu’il a eu l’heur de déplaire politiquement. Et le réalisateur d’ajouter « Qu’un certain nombre de partenaires ne sont pas allés au bout de leurs engagements et encore moins de leur promesses. » Ceux-là on voudrait bien les connaître, pour mieux les faire connaître! Mais ce n’est pas tout, un malheur n’arrivant que rarement seul, des bobines du film ont été perdues lors de leur transfert en France après le tournage en Martinique. Au bout de ces (mauvais) comptes il manque au film, pour être terminé, 85 000 Euros, soit environ 2,8% du budget initial. Une goutte d’eau en somme! Et « Kreol Productions » de faire la manche! (Cf. ci-dessous l’appel au public)

Il n’y aurait pas un seul acteur institutionnel pour boucler le budget? Le Conseil Régional vient de financer, Soweto dont le budget s’élève au bas mot à 380 000 Euros, sans compter la mise à disposition gratuite pour les répétitions et six représentations de la grande salle de l’Atrium! Il est vrai que sur ce spectacle, nous avons échappé au pire : Aurélie Dalmat, qui prétendait tenir le rôle de Winnie Mandela a dû, faute de voix, se rabattre sur la mise en scène, (ce qu’on ne sait pas faire on l’enseigne) activité dont elle finira par décourager, (évincer?) le metteur en scène initialement retenu! Aurélie Dalmat était incontournable. Pensez elle est membre de la commission des affaires culturelles du Conseil Régional qui accorde les subventions. La conseillère régionale Aurélie Dalmat attribue des subventions à « l’artiste » Aurélie Dalmat. Juge et partie. La martiniquaise Manuela Ramin-Osmundsen devenue ministre de la parité et de l’enfance en Norvège a dû démissionné pour avoir nommé une de ses connaissances au poste de médiateur pour les enfants. Favoritisme lui a-t-on reproché! On n’ose imaginer ce qui serait arrivé, en Norvège, à notre conseillère prise ainsi la main dans le sac Ce n’est pas la première fois qu’Aurélie Dalmat use du procédé qui consiste à se mettre en scène ou à mettre en scène avec l’argent du contribuable. Deux cents trente mille euros de la Région avait été affectés ainsi en 2005, pour que le grand metteur en scène parisien, Philippe Adrien lui permette de réaliser un rêve de jeune fille : Jouer Phèdre! Spectacle dont on cherche encore, tout comme Soweto, des éloges dans la presse spécialisée. Mais Aurélie Dalmat ne fait que ce que ce qu’elle se croit autoriser de faire par les mœurs politiques martiniquaises et françaises. Après tout, direz-vous que le Conseil Régional finance sa danseuse, pardon sa comédienne, pardon sa metteure en scène, pardon sa conseillère pourquoi pas, puisqu’il réalise par ailleurs, des économies en renonçant à des investissements au nom d’une soi-disant bonne gestion? Et si les électeurs ne disent rien? Et si 5000 spectateurs sont contents d’un show au ras des pâquerettes? Soit, mais là où le bât blesse c’est que désormais les caisses sont vides pour financer d’autres spectacles et que par exemple le film Aliker aurait bien besoin d’une rallonge. Les choix en matière de politique culturelle sont avant tout des choix politiques. Ceux qui ont été faits là, augurent mal de ceux qui pourraient être faits dans une Martinique indépendante. On appelle ça travailler à saper la cause pour laquelle on prétend se battre et renforcer en sous-mains le camp adverse. Sont-ils ce qu’ils disent être ou sont-ils ce qu’ils font?

R.S.