— Par Fara C. —
Le festival du 9-4 convie à une célébration joyeuse et créative. Avec Jacques Schwarz-Bart, James « Blood » Ulmer, Amina Claudine Myers… Et des tambours-conférences libres d’accès.
Soutenu contre vents et marées par le conseil départemental du Val-de-Marne, le 26e Sons d’hiver célèbre les 100 ans du débarquement du jazz en France, non pas avec nostalgie, mais en suscitant une inventivité riche en approches. Fabien Barontini, directeur, explique : « Ce qui est passionnant dans la musique afro-américaine, c’est qu’elle est à la fois populaire et savante, et qu’elle véhicule une dimension politique, un besoin de liberté. Exprimant l’identité d’un peuple opprimé par l’esclavage, elle constitue une réponse existentielle à une situation de domination. »
À la tête de son Voodoo Jazz Trio (le 22 janvier), Jacques Schwarz-Bart, saxophoniste et compositeur afro-français établi à New York, illustre magnifiquement le syncrétisme culturel et philosophique qu’il cultive, exhortant à la conscience autant qu’à la paix. Par son parcours et par l’histoire de sa famille, il incarne avec fulgurance la quête animant le jazz. Et recèle en lui la mémoire de deux déportations : la traite négrière que vécurent ses ascendants maternels africains et l’internement de ses aïeux juifs à Auschwitz.
Le destin disloqué de son père
Le documentaire Jacques Schwarz-Bart, la voix des ancêtres (le 15, France Ô), de Franck Cassenti, narre la double tragédie en prenant comme fil rouge le destin disloqué du père de Jacques, l’écrivain André Schwarz-Bart (1928-2006). Cet ancien communiste juif se rallia tôt à la cause de la négritude, en symbiose avec son épouse, l’auteure guadeloupéenne Simone Schwarz-Bart. Il reçut le prix Goncourt en 1959 pour son roman le Dernier des justes. Lui qui entra dans la Résistance dès l’âge de 15 ans deviendra, du fait de son acuité visionnaire comme de son succès, la cible de polémiques. Profondément blessé, il se retirera dans le silence. Édifiant, le film lui rend enfin justice.
Le 13 janvier, Ernest Dawkins, éminent saxophoniste et compositeur de Chicago, inaugure Sons d’hiver 2017 avec Propaganda Nabaggala 1917, cocktail explosif de jazz acoustique, électro, hip-hop, improvisation tellurique et vidéo interactive. Il met à l’honneur James Reese Europe (vers 1880-1919), qui introduisit le jazz en France à la tête de l’orchestre du 369e régiment (première unité afro-américaine de l’US Army), venu soutenir début 1918 la France en guerre et distingué pour sa vaillance. Le batteur et compositeur Jaimeo Brown (le 15), avec son groupe Transcendence, revisitera son chef-d’œuvre Work Songs (chez Motéma/Membran)…
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