Paris – Toujours plus de végétal, de plantes, de légumineuses et de super-graines, moins de viande, mais meilleure: le salon international de l’alimentation SIAL qui ouvre ses portes dimanche au nord de Paris va redessiner jusqu’à jeudi les frontières de la planète alimentaire.
Le salon, qui doit être inauguré par le nouveau ministre de l’agriculture Didier Guillaume, montre « une déferlante continue du végétal » et « une manière plus responsable de consommer », déclare à l’AFP le directeur général du réseau SIAL, Nicolas Trentesaux, organisateur de la manifestation, qui réunira 7.200 exposants de 119 pays à Villepinte (Seine-Saint-Denis).
Face aux polémiques et scandales qui secouent régulièrement le secteur de l’alimentation en France sur fond de prise de conscience du réchauffement climatique, les organisateurs encapsulent les souhaits des consommateurs en trois mots: « du goût, du vrai, du sens », sur la base d’une vaste étude réalisée dans une quinzaine de pays-clés par Kantar TNS.
« Nous sommes vraiment dans un virage » affirme M. Trentesaux. « Le dogme des méga-marques mondiales perd de l’importance » et « nous assistons à une émergence de beaucoup de petites marques pointues, portées notamment par une +food tech+ très active en France » et l’envolée mondiale du phénomène de « snacking », la restauration rapide et nomade.
Derrière la France, les trois pays les plus représentés dans ce salon, qui se tient une fois tous les deux ans, sont l’Italie, l’Espagne et la Turquie. Bahreïn, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan y viendront pour la première fois. L’Inde sera très présente.
Des géants comme le suisse Nestlé, les français Danone ou Bel, ne figurent pas parmi les exposants. Comme la restauration ou la distribution, ils se servent des 27 hectares du salon comme terrain de chasse pour débusquer tendances et innovations parmi 400.000 produits.
– « Transparence » –
L’étude Kantar TNS montre que les consommateurs choisissent de plus en plus souvent des produits de haute qualité, qu’ils souhaitent des emballages biodégradables ou moins importants, et qu’ils sont globalement plus respectueux du bien-être animal pour les produits issus de l’élevage.
Elle porte sur cinq pays occidentaux clés (France, Espagne, Allemagne, Royaume Uni et Etats-Unis), la Russie, la Chine, des Etats du Moyen-Orient ainsi que la Malaisie et l’Indonésie.
L’étude montre aussi une soif de « transparence » des mangeurs urbains. Ils demandent massivement plus d’information sur la sécurité alimentaire, les conditions de stockage, l’origine des ingrédients, les procédés et lieux de fabrication.
Parmi les produits phares et innovants du salon, récompensés par des « grands prix SIAL » figurent une boisson aux fruits végan venue de Grèce, des boissons non alcoolisées au gingembre, curcuma ou cannelle proposés par le Portugal, un gin italien distillé avec du genièvre et des olives. Ou encore une confiture de kimchi coréenne, des lentilles ou pois chiches reconditionnés en forme de grains de riz par une société italienne ou des cuisses de lapin « éco-responsables » lancées par une société française.
L’accent sur le végétal en alternative aux protéines animales, déjà perceptible il y a deux ans avec quelques startups, sera cette année « transversal » souligne M. Trentesaux.
– Légumineuses vedettes –
Le salon montre une « explosion » de l’offre de légumineuses, super-fruits, super-légumes, super-graines, micro-algues, « permettant de manger des protéines de manière gourmande », souligne Xavier Terlet, président du cabinet XTC World innovation qui analyse les tendances mondiales.
Côté viande, alors que l’élevage de masse est cité comme l’une des sources du réchauffement climatique, le salon insiste sur des offres de « qualité », via les processus d’élevage, l’attention à un revenu convenable pour les producteurs de lait ou de viande, ou la montée en gamme.
M. Terlet souligne des innovations « nombreuses et variées » en matière de « naturalité et de bio », dont le chiffre d’affaires a explosé en France en 2017, à 8 milliards d’euros contre 7 milliards en 2016.
Alors que la planète compte en moyenne une centaine de millions de bouches à nourrir supplémentaires chaque année et que le monde a « atteint un point de non retour » en matière de changement climatique selon l’Onu, les entreprises agroalimentaires ont « bien pris la mesure des enjeux » affirme M. Trentesaux.
Outre les traditionnelles démonstrations culinaires par de grands chefs, et un voyage futuriste dans le secteur de l’alimentation, le salon comportera aussi pour la première fois un espace Alternative Food, consacré à la lutte contre le gaspillage et la prise en compte du bien-être animal.
Spource : AFP