— Par Alexis Campion —
Le photographe malien Seydou Keita, célèbre pour ses portraits noir et blanc réalisés avant l’indépendance de son pays, est exposé aux Galeries nationales. Une première.
« C’est la première fois que le Grand Palais consacre un photographe africain. Seydou Keïta représente une génération élevée sous la colonisation et faisant le lien avec l’indépendance. » Pour Yves Aupetitallot, commissaire général de la rétrospective Seydou Keïta, pas de doute, l’exposition qui s’ouvre au Grand Palais, à Paris, a une valeur symbolique forte car elle rend hommage non seulement à un grand artiste, mais à celui qui fut un pionnier de l’art photographique de son pays, le Mali, avant même l’indépendance, en 1960.
« Seydou était un parfait businessman »
Les oeuvres montrées, pas moins de 300 photographies en tout, parmi lesquelles ses clichés les plus anciens et les plus rares, reflètent une période tout à fait singulière dans l’Afrique de l’Ouest, courant de 1948 à 1959, parcourant ainsi les dernières années de la domination coloniale française. Sous forme de portraits posés, très nets et cadrés avec le plus grand soin, ces images révèlent les multiples visages et aspirations d’une population désireuse de se montrer prospère, élégante, moderne et pourquoi pas bourgeoise.
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« En plus d’être un excellent photographe, raconte le marchand d’art André Magnin, Seydou était un parfait businessman. Il répétait souvent que son principal souci avait été de satisfaire ses clients. En ce sens, il avait d’emblée tout compris des enjeux de la photographie et de la représentation. » Magnin fut l’un de ses découvreurs vers 1990 pour le compte du collectionneur Jean Pigozzi, l’un des grands prêteurs de l’exposition avec la collection Agnès b et la Fondation Cartier. Il se souvient d’un homme fier et conscient de son art, « musulman très pratiquant, secret et pas très bavard, en fait plutôt froid et sec »…