Par l’Association féministe Culture & Égalité
Lettre ouverte de Giralde Giron au Maire et au Conseil Municipal de sa commune,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Conseillères et les Conseillers Municipaux,
Depuis votre élection, trois invitations en provenance de la mairie sont parvenues à mon domicile : l’une à la célébration de votre victoire, une autre à l’inauguration d’un parcours santé et enfin la troisième à l’inauguration de la Maison de la Parentalité. J’apprécie ces deux dernières réalisations qui contribueront au mieux être de vos administé-e-s et je salue votre volonté d’impliquer la population.
Un regret cependant : ces invitations ne s’adressent qu’à « Monsieur Giron ». Dois-je comprendre que ma présence (de même peut-être que celle de toutes les citoyennes mariées) n’est pas souhaitée ? Ou bien, plutôt, que n’ayant pas d’existence propre, je suis « l’accessoire » que Monsieur Giron emporte avec lui dans ses bagages (ou emmène par le licol ?)
Pourtant, lorsqu’il s’agit de voter, je suis invitée à le faire en mon nom propre ; c’est encore en mon nom propre que j’ai collaboré aux actions culturelles de la mairie puisque, par exemple, j’ai fait partie pendant plusieurs années de suite du jury du prix de poésie de notre ville. Sont-ce les seules occasions où je suis considérée comme une personne à part entière ?
Par ailleurs, dans une livraison du journal de la municipalité (parue, il est vrai, sous la précédente mandature), les citoyen-ne-s ont été informé-e-s que le marché au légume allait être restauré et que, je cite, « les marchands ont été – ou allaient être – consultés ». Ce masculin semble bien singulier puisque, dans le marché de notre commune comme dans ceux de toute la Martinique, les marchands sont à 99% des… marchandes!
C’est, même involontairement, ne pas reconnaître le rôle économique et social, voire culturel, très important que jouent ces femmes ici, comme dans tout notre pays. C’est oublier l’apport de l’ensemble des femmes à la collectivité, occulter la présence de ces femmes et, finalement, volens nolens, justifier toutes les manifestations de sexisme à leur encontre !
Il ne serait pas très difficile aux rédacteurs et rédactrices du bulletin municipal d’écrire que « les marchandes et les marchands ont été consultés » ou à votre secrétariat d’adresser le courrier nous concernant tous les deux à « Mr Edvard et Mme Giralde Giron » et d’en faire autant pour tous les couples de citoyens et de citoyennes.
La manière de faire apparaître ou disparaître les femmes à travers les mots employés n’est pas une affaire de langage mais de choix politique, d’acceptation ou de refus de la place seconde assignée aux femmes dans la société.
Choisir de ne plus occulter la présence des femmes dans les affaires de la commune lors de la rédaction des différentes publications ou invitations, en plus d’être une marque de considération, permettrait leur plus grande implication pour la vie de la commune. Elles y participeraient plus volontiers pour le plus grand bien de toute la population.
Je vous joins deux articles de l’association Culture Égalité à laquelle j’appartiens : l’une sur la féminisation du discours et l’autre à propos de la composition des bureaux de Communauté des communes.
A l’aube du XXIe siècle, il est nécessaire, vous en conviendrez, d’en finir avec des comportements sexistes d’un autre âge et de s’attaquer sérieusement aux préjugés et stéréotypes qui privent notre région d’une partie de ces forces vives en minorant la valeur des femmes. C’est pour remédier à cela que notre association féministe et citoyenne existe. C’est encore dans cet esprit que l’association vous propose une rencontre de sensibilisation avec les élu-e-s et le personnel administratif de la commune afin de commencer à voir comment construire ensemble une ville plus juste, plus égalitaire, plus moderne.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, Mesdames les Conseillères et Messieurs les Conseillers, mes sincères salutations de citoyenne.
Giralde Giron