Jusqu’ au 02 juin 2018 Marie Gauthier expose
— Par Christian Antourel —
Autre voyageuse du regard, Marie Gauthier présente une cinquantaine de petits tableaux principalement sur bois , travaillés au préalable par un marouflage de toile qui constitue le support de départ. Dans son travail, la plasticienne a su éliminer les détails d’une figuration trop marquée et travailler par tâches de couleurs, de lumières, de formes non-rationnelles.
La peinture de l’artiste nous livre un monde presque sans objets, puisque la multitude qu’elle fait naitre sous le regard n’a pas lieu dans l’objectivité des objets, mais dans la visibilité comme telle. Marie Gauthier donne vie à l’espace tableau en y dressant un ensemble de lignes sauvages et folles…Puis, cette atmosphère « nervurée » va s’organiser, se construire et se composer à partir d’un jeu de traits aux couleurs immédiatement identifiables sur les toiles qu’un bleu azuré déborde de ses nuances magiques. Les couleurs s’harmonisent , se juxtaposent les unes au côté des autres ou les unes sur les autres, jusqu’à former un ensemble de blocs colorés, où chaque surface ou forme naissante trouve non seulement sa place bien précise , mais également sa temporalité et sa densité dans une totalité lumineuse et sereine. La vie se déploie dans chacune des différentes toiles de Marie Gauthier dans une « synesthétique » où chaque forme, chaque trait ou jeu de lignes aura été appréhendé par la force, la profondeur du regard et simultanément les forces cachées de la peinture. Le travail autour des couleurs se fait ou se défait, se rempli, se dépouille à l’intérieur d’un mouvement chantant léger ou lourd qui dénote non seulement les éclairs les envolées ou les étincelles de l’artiste, mais également de sa permanente renaissance picturale à travers sa respiration du plus intime de son être.
« Un paysage plus intériorisé que réel »
Une sorte de constat désaffecté des réalités du monde, sans volonté critique, sans portée narrative, symbolique ou métaphorique. La peinture de Marie Gauthier est de nature très énigmatique, faite par un regard en perpétuelle itinérance et d’une extrême vigilance. Il y a toujours ce souffle de la liberté, cet humour à peine masqué, cette permanence de l’inventivité et cette cohérence tout au long de l’œuvre…autant de vertus qui sont exceptionnelles quand la surface des choses a disparu dans l’air déserté , les repères n’ont plus cours. Il n’y plus qu’un espace indéfini qui ne cesse de s’étendre, un paysage plus intériorisé que réel et seule l’immensité fait paysage, et même les lointains dont des points et des lignes, souvent tracés à la surface de l’œuvre sont atteints et accentuent la profondeur jusqu’à « l’incommensurable d’un inconnu qui s’éloigne. »L’allégorie prend ces sujets parce qu’ils n’ont souvent aucune signification particulière …et c’est peut-être parce qu’il n’y a rien à en dire, qu’il y a tant de choses à en peindre. C’est ainsi que, grâce à leur superficialité, la peinture est plus libre de se faire et de s’interroger plus profondément sur elle-même, sur son objet et sur celui qui la fait…Et d’interroger également la critique d’art sur sa fonction…D’interroger l’histoire de l’art….et pourquoi pas celle de l’humanité.
Christian Antourel.
En pratique
A la Galerie Le Vin , l’Art et Vous
Jusqu’ au 02 juin 2018
Rond-Point Canal Cocotte-97224 Ducos.
Une exposition personnelle de
Marie Gauthier
Contact 0696 85 88 77.
0696 407 211
Entrée gratuite
De 10 à 19heures.
Paru dans
France-Antilles LE MAG.