— Par Max Dorléans (GRS) —
Les medias et réseaux sociaux ont, depuis quelques années, pris une place considérable dans le champ de l’information au point de représenter, pour une fraction de la population, le lieu privilégié, voire unique, de l’information.
Si évidemment ils présentent, à la différence des medias dominants ordinaires, aussi bien publics que privés, une série d’avantages liés à la masse et à la vitesse de circulation des informations de natures diverses, dans trop de cas, ils nuisent à celle-ci, en ne fournissant pas des informations suffisamment travaillées, argumentées, investiguées, et donc justes et de qualité. Avec un immense travers pour bien d’entre eux, qui en se donnant la mission de contrer l’info dominante dépolitisée, servile et soumise à l’idéologie dominante, prennent eux aussi, à tort, beaucoup de largesse avec la réalité des faits, les travestissent au besoin, répandent de nombreuses informations approximatives, voire carrément fausses, c’est-à-dire rivalisent de façon abjecte, avec les faiseurs d’opinion dominants avec notamment les « fake news ».
Or, ce dont il s’agit fondamentalement, c’est de fournir une information claire, non faussée et de qualité, de façon à correctement informer la population et lui donner l’envie de connaître, de comprendre et de sa faire sa propre opinion. Et nullement se répandre en « fake news » comme réponses à la désinformation dominante, à la soumission idéologique de celle-ci aux intérêts des puissants, à l’absence d’objectivité et d’esprit totalement libre et indépendant de journalistes aux ordres aussi bien vis-à-vis du pouvoir politique que de celui de l’argent.
De ce point de vue, dans l’immédiat, les medias et réseaux sociaux progressistes devraient se donner pour objectif et mission la recherche de la qualité totale de l’information (et de la culture), sa justesse, en liaison avec la population qui devrait avoir pour exigence un véritable service public de l’information, où le pluralisme, la démocratie, la transparence et le refus de la soumission à l’idéologie dominante devraient être la norme et le principe.
Ce qui signifie que la question de l’information comme bien public, sa qualité est un enjeu fondamental. Un enjeu qui doit passer aussi bien par sa libération de la mainmise du privé sur les medias, que par le refus de la soumission du service public aux logiques de la concurrence et au pouvoir politique.
Déjà dans les années 70, dans cet esprit, la création de l’association ALERTE (association pour la liberté d’expression à la Radio et à la Télévision) avait été une réponse militante à la question de la soumission du service public d’information aux forces dominantes.
Plus que jamais cette question d’une information objective, transparente, de qualité et indépendante des intérêts économiques et politiques, garde toute son actualité et revêt une dimension encore plus fondamentale. Et l’idée d’une convergence salutaire entre un véritable service public d’information et des medias et réseaux sociaux alternatifs progressistes de qualité, constitue un enjeu capital. Histoire de faire cesser ce saccage du paysage audiovisuel et radiophonique soumis à la loi du profit et au règne de la concurrence acharnée entre quelques milliardaires propriétaires de l’essentiel des medias (Bolloré, Drahi, Bouygues, Dassault, Arnault, Lagardère…) avec la complicité objective des pouvoirs publics, qui en réalité profite uniquement aux partisans du maintien du système capitaliste.
Max Dorléans (GRS)