Tribune – Equipe de psychiatrie du CHU de Martinique | Nous souhaitons vous transmettre nos préoccupations, les plus vives, sur la continuité des soins aux urgences psychiatriques de la Martinique.
En décembre 2012, Monsieur le Directeur Général de Agence Régionale de Santé (DG ARS), a imposé au service de psychiatrie du Centre Hospitalier Universitaire de Martinique de prendre la responsabilité des urgences psychiatriques, jusque là assurée par l’Etablissement Public de Santé de Colson, rebaptisé récemment Centre Hospitalier Maurice Despinoy (CHMD). Le DG ARS a organisé d’autorité la répartition des gardes : 2/3 pour les praticiens du CHUM et 1/3 pour ceux du CHMD.
Le Service de Psychiatrie du CHUM, s’est organisé, malgré un délai extrêmement contraint (moins d’une semaine), pour assurer la mission qui lui était confiée et a mis en œuvre la continuité des soins psychiatriques d’urgence pour la population, dans les termes cités ci-dessus.
Le 12 janvier 2016, le DG ARS, décide de modifier les règles de la garde de psychiatrie. Il impose à l’équipe de Psychiatrie du CHUM de faire 3/4 des gardes au lieu des 2/3. Cette décision, a été prise en dehors de la concertation annoncée verbalement par le DG ARS. Concertation, non tenue, prévue par le DG ARS, avec les médecins responsables de l’organisation des soins et les praticiens hospitaliers concernés du CHUM d’une part, et d’autre part avec la Commission Médicale d’Etablissement de chacun des deux hôpitaux.
La rationalité de cette décision échappe, d’autant plus aux professionnels, qu’elle induira des surcoûts, dans la situation financière déjà extrêmement tendue du CHUM, en imposant aux internes en psychiatrie une garde pleine, rémunérée à taux plein. De plus, cette décision prend le risque, d’amener les internes à ne plus choisir la Martinique, du fait de la dégradation de la qualité de leur formation, qui se fait, certes au cours des demis gardes qu’ils assurent déjà ; mais aussi dans le cadre des unités de soins auxquelles ils sont affectés. Par ailleurs, lors du semestre de mai à novembre, leur nombre restreint, les cantonnera aux seules urgences, ne leur permettant ni une formation diversifiée, ni vraisemblablement des conditions de travail conformes à la législation.
Cette dégradation de l’offre de soins, conduira, à n’en pas douter, à aggraver le déficit en praticien qui se fait déjà ressentir sur notre territoire.
Depuis le 9 février, alors que le planning des gardes a été organisé et signé par les Directions du CHUM et du Centre Hospitalier Maurice Despinoy, les psychiatres du CHMD, bien qu’inscrit sur la liste ne se sont pas présentés les 9, 13, 17 et 21 février 2016.
Lors des 13, 17 et 21 février, il n’y a eu aucun psychiatre de garde aux urgences de psychiatrie de Martinique. La garde du 9 ayant été faite par un praticien du CHUM.
Pour sortir de cette impasse récurrente, l’équipe de psychiatrie du CHUM, qui n’a pas à ce jour, les effectifs suffisants pour assurer la mission des urgences psychiatriques dans son intégralité, demande à ce que son équipe soit renforcée par 5 postes de psychiatre praticien hospitalier. Ces recrutements permettraient d’organiser dignement la continuité des soins en psychiatrie, dans le respect de la réglementation du travail.
Nous sommes extrêmement désolés et préoccupés de cette situation qui conduit actuellement à une dégradation de l’offre de soins aux urgences psychiatriques de la Martinique. Ce, alors que les besoins de la population sont considérables : 8 personnes en moyenne (entre 4 et 22) sont admises toutes les 24h aux urgences psychiatriques ; dont 2 à 4 pour une tentative de suicide.
Nos interventions auprès de L’ARS, tout comme de la Direction du Centre Hospitalier Maurice Despinoy, pour comprendre ces tensions récurrentes, sont restées à ce jour sans réponse autre que celle de ne pas prendre la garde, conformément au planning préétabli et validé par la Direction des deux établissements.