— Par Émilien Urbach —
Vincent Cochetel, envoyé spécial de l’UNHCR en Méditerranée, a évoqué, ce vendredi 16 juin, les témoignages reçus des survivants du drame survenu deux jours plus tôt, dans le Péloponnèse. Ils accusent les gardes-côtes grecs d’avoir fait chavirer leur embarcation.
l’envoyé spécial du Haut-commissariat aux réfugiés des nations unis (UNHCR) en Méditerranée occidentale et centrale, Vincent Cochetel, a fait plusieurs déclarations, ce vendredi 16 juin, concernant le naufrage survenu, deux jours plus tôt, au large des côtes. Ces prises de position révèlent de nombreuses incertitudes sur les circonstances dans lesquelles a pu se dérouler le drame qui pourrait avoir coûté la vie à 650 exilés.
Il a en premier lieu réagi, dans la matinée, à l’inaction presque avouée des autorités maritimes le jour du drame. « De nombreuses questions restent sans réponse et nécessitent une enquête indépendante, a-t-il expliqué. En effet, s’il y avait eu des soupçons d’armes, de drogue sur le bateau, il aurait été stoppé. Idem s’il s’agissait d’un bateau de plaisance. Interroger la détresse coûte des vie
Un peu plus tard, le responsable de l’UNHCR, ne s’est pas privé de rappeler quelques vérités à l’annonce de l’arrestation de 9 personnes soupçonnées d’être les passeurs ayant affrété le chalutier sur lequel avaient embarqué, sur les côtes libyennes, 750 personnes, 6 jours plus tôt. « Les trafiquants en Libye demandent souvent à certains migrants et réfugiés de diriger le navire contre le » passage libre « ou le rabais, a précisé Vincent Cochetel. Ceux qui organisent les différentes parties du voyage & protègent le départ jouissent normalement d’une impunité totale. »
Sa dernière déclaration, relayée dans plusieurs médias internationaux, en milieu d’après-midi, vient, quant à elle, questionner l’honnêteté des affirmations diffusées par les autorités helléniques et l’agence de gardes-frontières européens, Frontex. « Les survivants nous disent que le bateau a chaviré alors qu’il faisait l’objet d’une manœuvre où il était tiré par les garde-côtes helléniques, affirme le représentant de l’UNHCR. Ils nous disent qu’il était tiré non pas vers les côtes grecques, mais en dehors de la zone de secours en mer grecque. »
Les témoignages récoltés par le haut-commissariat peuvent faire frissonner d’effroi mais ne sont pas forcément étonnants. Depuis maintenant, deux ans, les accusations de refoulement illégaux forcés, largement documentées, à l’encontre des gardes-côtes se multiplient.
Compte tenu des grosses incertitudes qui demeurent, l’Onu a demandé, vendredi 16 juin, dans l’après-midi, que des investigations soient rapidement menées et des mesures « urgentes et décisives » soient prises pour éviter de nouveaux drames en Méditerranée.
Plutôt que de tenter de noyer le poisson dans des larmes de crocodile, les dirigeants européens seraient bien inspirés, en effet, de rapidement levé le voile sur ce qui pourrait bien se révéler l’un des pires crimes des bâtisseurs de l’Europe forteresse.
Source: L’humanité