— Par Francis Carole —
Les élus du PALIMA à la CTM et ceux qui sont restés loyaux aux engagements de décembre 2015 de la majorité ont, très tôt, clairement dénoncé la décision d’une petite minorité de l’Assemblée (14 sur 51)-majoritaire par défection politique de certain.e.s-d’accorder 225 000€ à un propriétaire foncier pour autoriser la collectivité à réparer des canalisations d’eau destinées à la satisfaction des besoins de dizaines de milliers de Martiniquais.es.
Nous avons toujours mis en évidence le caractère illégal et dangereux des conditions d’adoption d’un amendement qui est bien celui de la honte : pas de bilan de la mission confiée, un mois plus tôt, par délibération de la même Assemblée, au président du conseil Exécutif pour négocier une solution acceptable pour les deux parties; pas d’inscription de cette question à l’ordre du jour; pas de rapport aux élu.e.s; pas un début de justification de la somme attribuée; pas de mention du chapitre d’imputation budgétaire de ces 225 000€; pas de délai de mise en œuvre d’un diktat que certains voulaient exécutoire « immédiatement » et « sans discussion ».
Les responsables de cette forfaiture d’une rare gravité se réfugient derrière le fait que cette délibération n’ait pas fait l’objet d’un recours devant le tribunal administratif. Si on peut, sur un plan purement formel, le regretter, ce défaut ne saurait pour autant donner caution à une dérive qui constitue une violation inacceptable des règles élémentaires de transparence politique et de bonne gestion de l’argent public dans notre collectivité. Jamais le devoir d’éthique dans l’administration des affaires publiques n’avait été foulé aux pieds avec un tel cynisme.
Il était donc fondé que face à autant d’irrégularités et d’imprécisions dans une délibération, le président du conseil exécutif -qui n’est pas un simple « exécutant » mais le principal garant de la bonne gestion des fonds publics à la CTM-marque des réserves quant au paiement de ce cadeau au propriétaire foncier, lequel, par ailleurs, avait déjà été indemnisé par l’ancien Conseil Général.
Pour la petite histoire, ou la grande, rappelons que, depuis 2016, le président du conseil exécutif a, consciencieusement, exécuté TOUTES les délibérations de l’Assemblée, sans exception, même quand il pouvait être en désaccord avec l’une d’elles.
La menace, aussi cocasse que solitaire, de Fred LORDINOT, de « renverser le conseil exécutif », après la proposition du préfet de prendre un arrêté instituant à Seguineau un droit de passage dit « servitude » (art. L 152-1 du code rural et de la pêche maritime) pour la réalisation urgente des travaux, montre bien que la véritable préoccupation de ce Monsieur et de ses comparses ne consistait nullement à donner de l’eau à la population.
Ce ne sont pas les souffrances, bien réelles, de dizaines de milliers de nos concitoyens et concitoyennes qui l’intéressait. Il ne s’agissait que d’une pitoyable manœuvre politicienne pour instrumentaliser la colère, légitime et respectable, de la population. Ce n’est pas très honorable de la part de prétendus « démocrates ». Essayer de tromper le peuple n’est jamais la bonne ligne de conduite en politique. On finit toujours par être démasqué…et on se discrédite soi-même.
La CTM, par courrier du président du conseil exécutif en date du 4 novembre, a répondu favorablement à cette proposition qui, si elle n’est pas contrariée par les éternelles manœuvres de ceux qui veulent bloquer notre pays, permettra le démarrage des travaux de Séguineau avant la fin du mois de novembre pour une durée de cinq mois.
Ce ne sont donc ni les intérêts de la CTM ni ceux des martiniquais.es qui étaient défendus par les auteurs d’un amendement qui a, en réalité, été un obstacle à la recherche d’une solution juste et rapide avec le propriétaire, lequel a d’ailleurs été incité à refuser tout compromis raisonnable avec la CTM, alors même que les enjeux de santé auraient dû conduire à plus de sagesse et à davantage de respect à l’égard de notre peuple.
Rien d’essentiel ne se construit avec les armes pitoyables de la haine et de la démagogie. Souhaitons que chacun en tire leçon.
Francis CAROLE
MARTINIQUE
Lundi 9 novembre 2020.