— Par Florent Grabin, président de l’Association écologique P.U.M.A. —
5 mai 2009, 1er avril 2022, soit 13 ans pour réparer 83 m emportés de la principale canalisation de transport d’Eau suite à un déboîtement du tuyau de 800 mm sur le terrain de Mr Bernard BALLY exploitant agricole à Séguineau au Lorrain. Dans la nuit du 5 mai 2009 ce tuyau s’est déboîté entraînant un important ravinement et arrachement de terres sur le terrain lui servant d’assiette et privant d’Eau de nombreux foyers. Ce sinistre a permis de mettre en évidence le cynisme politique local de certains en matière de responsabilité, vis-à-vis de plus de 100 000 citoyens impactés.
En effet, l’imprévision de nos instances en charge de la production et la distribution de l’Eau en Martinique en cas d’urgence a refait surface ; le matériel nécessaire pour ce type de réparation n’était pas disponible localement. Cette canalisation étant la propriété du Conseil Général, cela a imposé toute une procédure dont la complexité administrative et juridique a été mise en évidence. Pour toute réponse nous entendons que seule une Assemblée Unique de l’Eau permettra de faire face à une telle situation.
Nous, PUMA, avons toujours affirmé le contraire car la production de l’Eau est un métier qui demande de la compétence technique, une bonne assise financière, une grande rapidité de réaction et surtout le dialogue. Le 5 mai 2009 le service d’astreinte de la SME a signalé à 2 h du matin une forte perte d’Eau dans le secteur Nord et les investigations n’ont permis de localiser qu’aux environs de 6 h du matin à Séguineau l’extrême gravité de la situation car l’alimentation n’avait pas été coupée à l’Usine de Vivé et 1 800 m3 d’eau potable coulant en pure perte ravinaient chaque heure le terrain, cela en fait durant plus de 10 h au final, soit 18 000 m3.
Sans perdre une minute Monsieur Yves FAGHERAZZI, le Directeur de la SME, a en notre présence, tenu informé l’ensemble des responsables sur le sérieux du sinistre. Comme il fallait s’y attendre, le blabla qui s’en est suivi nous a poussés à conclure que la Martinique serait privée d’Eau pour très longtemps.
En toute urgence ce Directeur donna des instructions à ses services pour que soit acheminé dans les meilleurs délais tout ce qu’il faut pour réaliser une réparation provisoire. Un avion Tupolev a même été affrété pour ramener l’ensemble du matériel et le personnel qualifié requis pour la pose de cette installation provisoire prévue pour une durée maximale de 6 mois. Coût du seul transport : CENT CINQUANTE MILLE euros (150 000 €). Cet argent n’a été remboursé que trois ans après.
Quand on connaît la situation financière de nos EPCI et de nos autres collectivités, ce n’est pas avec une Assemblée Unique de l’Eau que l’on pourra mobiliser sur l’instant ces sommes sans respecter les procédures, les fournisseurs face à l’urgence réclamant le chèque ‘’au cul du camion’’. L’obésité administrative de la France a d’ailleurs été vérifiée lors de l’achat des masques où les Américains nous ont raflé la mise en payant cash.
Une fois de plus, une fois de trop, on peut tromper certains, on peut tromper certains pour toujours, mais on ne peut pas tromper éternellement. Ce chantier de 83 m de tuyaux devenu de plus de 400m pour défendre une vérité de circonstance niant la vraie cause et disculpant les responsables a permis de comprendre comment par idéologie et racisme certains ont préféré priver d’Eau toute une partie de la population. Imaginons un seul instant un agité du bocal à la présidence de cet outil… Ce qui est regrettable, c’est que les acteurs ne sont en fait pas tous animés des mêmes sentiments et ceci est très dangereux pour la démocratie, pour l’avenir de l’économie, voire tout court, pour notre devenir.
Avant de parler de structure unique nos dirigeants devront tirer les enseignements de l’expérience Séguineau où la nouvelle majorité de la CTM a tranché en respectant les lois et les consommateurs, en payant le préjudice réduit après négociations à 210 000 € à Mr BALLY et en achetant la parcelle d’assiette de 3 ha pour la somme de 15 000 €, contrairement à ces bonimenteurs avec à leur tête un Docteur en mensonge qui en brassant beaucoup d’air ont transformé en éolienne électorale une bonne partie de leurs suivistes devenus juristes. Après avoir connu toutes les étapes de la gestion de ce chantier, nous, PUMA, estimons que le moment est venu de passer le relais aux historiens et non aux juristes afin de comprendre et retenir qui a réellement fait quoi.
Ainsi, l’un des exemples les plus patents de faits méconnus, c’est la tentative avortée d’un membre de la communauté béké qui, sans nous consulter, en fin de carême, s’est autoproclamé facilitateur en allant proposer en toute discrétion au Président Alfred MARIE-JEANNE de mettre un terme à ce blocage en acceptant un versement immédiat de 225 000 € soit la moitié de la réalité…. Ce montant a finalement été connu de l’Assemblée qui, elle, a voté un accord. La suite tout le monde la connait et la pertinence de PUMA accompagné du représentant légal de la famille BALLY, a permis grâce au professionnalisme de la responsable juridique de la CTM d’élaborer la convention transaction que le Président Serge LETCHIMY avait décidé de signer pour mettre un terme à ce véritable scandale.
Séguineau est un terrain agricole. A Fond-Saint-Jacques à Sainte-Marie, ce sont des terrains bâtis où logent des familles qui se trouvent concernés et nous sommes inquiets pour la gestion de ce foncier pour le passage définitif de la canalisation de 800 mm. Sans jouer les Cassandre, il faudra s’attendre à plus destructeur moralement pour ces propriétaires et c’est avec la plus grande empathie que nous mettons en garde ces victimes.
La politique n’étant qu’un enchaînement de conséquences, toute vérité isolée devient un mensonge dans l’ordre social. C’est à ce titre que nous attirons l’attention de nos dirigeants qui devront tirer les enseignements de l’expérience de Séguineau. Le chantier Eau n’a pas été considéré par l’ancienne équipe de la CTM comme étant un important outil de qualité de vie, mais aussi de développement économique, écologique et sanitaire, avec à la clé de très nombreux emplois.
Le Président LETCHIMY l’a compris. La modernisation de nos réseaux a pris un grand retard qu’il faudra rattraper. C’est pourquoi il met en avant le coût de l’Eau en accompagnant financièrement les EPCI. Il y a urgence à tout mettre en œuvre pour bien gérer la ressource Eau, la production, le stockage et la distribution.
Nous espérons, nous, Pour Une Martinique Autrement, que la morale de Séguineau permettra à certains de comprendre que, quand vous êtes au sommet, vous ne devez jamais humilier ceux qui sont en dessous, vous pourriez les croiser en redescendant !
Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN