— Par Max Dorléans —
Grève à l’Ehpad du Carbet ; grève à Mangot-Vulcin ; grève à l’hôpital Louis Domergue à Trinité ; mobilisation de plus de 2000 personnes le 12 juin à Fort de France pour défendre le CHUM, l’hôpital public et la santé ; fermeture le 17 mai dernier du centre de santé de Basse-Pointe ouvert en 2015…Voilà, rapidement dit, quelques unes des dernières ripostes au plan de démolition du service public de santé décidé par Macron et cie, à la suite de Hollande, Sarkozy et autres.
Et pourtant, on n’a pas fini de voir, puisque le contenu de sa réforme du système de santé doit être annoncé dans les semaines à venir par Macron et Buzyn, pour notamment répondre aux difficultés dans les hôpitaux.
Et déjà, non seulement la couleur est annoncée, mais encore elle est renforcée. Ainsi, au congrès de la Mutualité le 13 juin, c’est un Macron respectueux de ses promesses électorales, qui a claironné sur le « reste à charge zéro », c’est-à-dire sur ce qu’il présente comme une « conquête sociale essentielle », à savoir le remboursement intégral, dans certains cas, des frais de lunettes, de prothèses dentaires et auditives.
Ce qui, traduit en langage concret, doit vouloir dire la prise en charge intégrale, pour toutes et tous, sans avance de frais (donc tiers payant intégral) de toutes les dépenses correspondant aux dépenses ci-dessus énoncées. Une prise en charge devant être réalisée par le tandem Sécurité sociale /assurances et mutuelles.
Sauf que le remboursement des frais en question ne va pas concerner tous types de lunettes, mais celles considérées comme satisfaisantes sur le plan esthétique et qualitatif. Sauf encore que ce « reste à charge zéro » ne va pas concerner l’ensemble de la population, puisque tous ceux et toutes celles qui ne disposent pas de mutuelles (en général par manque ou insuffisance de moyens), en seront en partie pour leurs frais.
Reste que à écouter Macron, on ne peut être que satisfait de sa mesure, puisqu’elle participe, avec d’autres, des conditions d’égalité de tous/toutes devant l’accès aux soins.
Mais, parle t’on de la même chose, derrière les mêmes mots. La prise en charge par le couple Sécurité sociale/assurances et mutuelles, n’a-t-elle pas des allures différentes suivant l’endroit où l’on place le curseur. Une prise en charge a minima de la Sécu – ce qui est largement à l’œuvre avec par exemple les déremboursements de médicaments, les forfaits divers, etc – c’est symétriquement une prise en charge plus importante des assurances et mutuelles. Ce qui n’est rien d’autre que le désengagement de la Sécu (comme outil et assureur collectif et obligatoire) réalisé depuis des années par l’ensemble des contre-réformes, au profit des assurances privées et autres mutuelles complémentaires.
Alors, avec l’apparente bonne mesure « reste à charge zéro », n’est ce pas en réalité la poursuite et l’approfondissement du recul de la Sécurité sociale, et l’accélération de la privatisation de la santé ? La santé à deux vitesses, non seulement on y est, mais pire, elle va, avec les prochaines annonces de Macron/Buzyn, s’amplifier davantage au détriment du plus grand nombre, pour les intérêts uniques d’une minorité pwofiteuse.
Max Dorléans