Paris – « Je me suis laissé porter par ce que j’avais dans la tête »: Entre le mafieux et le dandy, SCH s’est forgé une place à part dans le monde du rap tricolore grâce à sa plume narrative et son univers cinématographique, devenu l’un des plus gros succès de l’année.
Pour comprendre qui est SCH, il faut d’abord planter le décor. Celui de la pègre où règne la « moula » (argent en argot) et la violence. C’est dans cet imaginaire qu’évolue depuis 2015 celui qui se fait également appeler « le S« , référence à son patronyme, Schwarzer.
« SCH, plus le temps passe, plus c’est moi même si au début c’était un personnage fictif que j’ai créé. Aujourd’hui, il y a Julius, qui est devenu le SCH du début. Vous arrivez à suivre ?« , plaisante le rappeur de 28 ans lors d’un entretien à l’AFP.
« JVLIVS » (prononcé Julius), là encore référence à son prénom, Julien, c’est le titre d’une trilogie sur le grand banditisme dont le deuxième volet « JVLIVS II » est sorti il y a quelques semaines.
Une suite qui s’est classée, dès sa sortie, parmi les meilleures ventes de l’année, avec près de 12 millions de streams en 24 heures. Au point de faire du rappeur marseillais à la voix grave – le jour de la sortie de l’album – l’artiste le plus écouté au monde, derrière le Canadien Justin Bieber, sur la plateforme Spotify.
– Storytelling –
Sorti en 2018, le premier tome a été un succès commercial et critique. Pourtant, le pari était risqué tant le fait d’écrire une suite reste quelque chose d’atypique dans les musiques actuelles, encore plus dans le rap.
Mais la singularité de « JVLIVS » ne s’arrête pas là : en dotant ce projet d’une colonne vertébrale narrative où le storytelling est poussé à ses extrêmes grâce à des interludes narrées par José Luccioni, la voix française d’Al Pacino, SCH fait de « JVLIVS » un ovni musical.
« J’ai toujours écrit de manière narrative, je sais pas pourquoi, c’est ma façon d’écrire. Aujourd’hui ça se détache du truc très standardisé et j’en suis content« , explique-t-il.
A cela, s’ajoute la réalisation d’un court-métrage d’une vingtaine de minutes directement inspiré, dans son esthétique, par des films de gangsters. « J’ai toujours kiffé le cinéma, et dans le rap, il y avait une carence sur les clips. Le visuel rap, c’est très standard, c’était la cité avec des bécanes (…) moi je voulais amener une nouvelle touche« , souligne-t-il.
Cet imaginaire mafieux et criminel se retrouve tel un fil conducteur tout au long de sa discographie: De sa première mixtape « A7 » (2015) portée par des tubes comme « Fusil » ou « Gomorra« , dont le clip a été tourné à Naples, à son premier opus « Anarchie » (2016) en passant « Deo Favente » (2017), avec le titre « Nino Brown« .
– Attaché à son milieu –
« Les albums je les ai enchaînés sans me dire +ah ouais il me faut un fil rouge+. Peut être qu’ils se ressemblent par leur univers mais je l’ai pas calculé« , affirme-t-il.
« Je pourrais pas chanter les cocotiers et la plage parce que c’est pas ce que je vis. J’aime bien les cocotiers et la plage trois semaines par an mais sinon je suis attaché au milieu d’où je viens« .
Ce milieu, c’est sa cité à Aubagne (près de Marseille) où il rappait à l’âge de 12 ans. Ce sont aussi les difficultés financières de ses parents qu’il raconte dans le tube A7, ses petits boulots et larcins à l’adolescence.
Dans le tome un de « JVLIVS« , il évoque son père, décédé en 2017, dans la chanson éponyme « Otto« . « Que ce soit mon père ou ma mère (…) ils font partie intégrante de ma vie artistique parce qu’ils sont en moi« , dit-il.
S’il s’est fait connaître en mettant en avant la part sombre de sa personnalité, c’est un SCH solaire que le grand public a découvert en 2020 dans le projet marseillais « 13 organisé » porté par Jul, et dont la vidéo frôle les 300 millions de vues sur Youtube: « J’étais content de montrer cette partie là de ma personnalité, plus méditerranéenne, parce qu’elle existe aussi« .
Source : AFP / Orange