— Par Alex Biron —
Le scandale d’Etat que constitue la poursuite de l’utilisation du chlordécone en Martinique et Guadeloupe entre les années1971 et 1993 semble être une péripétie, une anecdote au plan national, alors que plus de 90 % des antillais sont contaminés et que la contamination des sols durera au moins 4 à 5 siècles,-le temps que la molécule se dégrade.
Au plan hexagonal, il n’y a pas d’autre situation-née de comportements criminels comparable dans l’espace et dans le temps. Il y a bien eu en l’affaire du sang contaminé qui a éclaté en 1991 et plus récemment le médiator, qui ont été considérés comme des scandales sans noms, très médiatisés qui ont abouti à des condamnations des responsables et la mise en cause d’une partie du personnel politique de l’époque pour la première affaire ! Rappelons toutefois que dans les deux cas, un pourcentage très faible de l’ensemble de la population française était concerné et que la plupart des victimes ont été indemnisées.
Que faire, comment gérer ce fardeau chlordécone ?
Il est manifeste selon l’enquête judiciaire que des responsabilités existent tant dans le monde des entreprises, que l’Etat et la sphère politique au plan national et local.. Faut il condamner les responsables ? Oui assurément. L’Etat et l’institution judiciaire traînent les pieds : trois juges d’instruction se sont succédés sur ce dossier qui a été dépaysé au pôle santé du tribunal judiciaire de Paris.
Mais cela suffit-il ? Certainement Non à mon avis. Comment vivre avec cette idée que nous et nos descendants nous allons mourir sans que les terres soient dépolluées ? que nous allons toute notre vie nous alimenter avec la peur au ventre ? Non Ce n’est pas possible, c’est décourageant pour un peuple, c’est décourageant pour nous et pour les autres catégories de la population du Pays Martinique. Comment donner, redonner espoir à notre jeunesse qui nous regarde et nous observe inquiète, parfois désemparée ?
Un véritable plan Marshall de l’Etat
Si nous devons rappeler à l’ordre la jeunesse en cas d’exactions, nous avons également l’ardente obligation de lui proposer un avenir, des perspectives dans lesquelles elle pourra se projeter et développer des projets. Et c’est sur cela que je crois il nous faut mettre l’accent et exiger de véritables mesures à la hauteur de ce scandale : un véritable plan Marshall de l’Etat en partenariat réel avec les collectivités locales, le monde économique et agricole et la jeunesse. Ce plan se distinguera de la démarche étatique très centralisée des différents plans chlordécone 1, 2 ; 3……
A situation extraordinaire, démarches, mesures extraordinaires : Envisager de renforcer de manière très significative les budgets de la recherche et de la formation au plan national, mais également au plan local afin que les acteurs locaux-limités dans leurs moyens continuent à s’impliquer, je pense qu’il faudrait mettre en place et stimuler une recherche au plan local, mais également aider de manière exceptionnelle le secteur associatif qui réfléchit mais est souvent bloqué faute de moyens suffisants : un exemple parmi d’autres, l’association AMSES animé par le docteur Jos-Pélage. D’autres initiatives comme le forum du week-end dernier sur les pesticides au Prêcheur organisé par Marcellin Nadeau vont dans le bon sens et offrent des perspectives à notre population. Ouvrir un grand chantier de la formation, mais un sentier signifiant orienté vers la mise sur orbite d’une agriculture responsable et raisonnée répondant à nos vrais besoins, protégeant la biodiversité et qui serait créatrice d’emplois dont nous avons besoin pour la pays Martinique : ingénieurs agronomes, techniciens supérieurs polyvalents, spécialistes agricoles…
Dans ce contexte extraordinaire de la lutte contre le chlordécone, il nous faut combattre notre propre auto censure, réfléchir et proposer des modèles innovants, qui n’existent pas encore, et les jeunes avec leur créativité, leur hardiesse, leur culot, pourront nous aider et aider la Martinique sur le chemin de nouvelles solutions. Soyons confiants, Osons. C’est nous qui construisons notre avenir.
Alex Biron