Sarkozy, ou la violence en politique

— Par Caroline Constant —

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Le portait d’un homme sans le moindre scrupule. Photo GETTY IMAGES

Gérard Miller démontre avec brio à quel point les façons d’être du politicien ont imprégné la vie et le débat politiques en France. Passionnant, surtout pour les spectateurs de gauche.

Gérard Miller n’a jamais caché ses sympathies de gauche. Quand il se lance dans un portrait psychanalytique de Nicolas Sarkozy, forcément, ça saigne. Avec Anaïs Feuillette, il retrace le parcours de l’ancien président de la République et candidat à la présidentielle, de l’enfance à sa candidature aux primaires de la droite. Mais il analyse le poids de la rhétorique et de ses méthodes sur la vie politique française. Des méthodes marquées par la violence, l’hyperréactivité et un discours toujours plus à droite. On n’y apprend pas forcément grand-chose sur le parcours de cet « homme qui courait plus vite que son ombre ». Mais ce documentaire, pour un spectateur de gauche, a deux vertus : d’abord, de remettre en cohérence les égarements de Sarkozy, qu’il montre comme un homme sans scrupule. Ensuite, le côté « vachard » de l’analyse met un peu de baume au cœur, dans un univers médiatique qui salue la moindre des sorties de l’ancien président.

Gérard Miller dresse un vrai portrait, de l’enfance à aujourd’hui, de la scène publique à l’espace privé. Il montre d’emblée que la violence et la trahison sont au cœur de la façon de fonctionner de Nicolas Sarkozy. Il fait témoigner, à l’appui, des journalistes politiques comme Raphaëlle Bacqué, Caroline Roux… Jean-Luc Mélenchon apporte lui aussi son éclairage. Sans complaisance, les auteurs décryptent les différents moments de la vie politique de Sarkozy : de sa trahison pour récupérer la mairie de Neuilly pendant que son mentor, Charles Pasqua, était à l’hôpital, à ses sorties bien connues, lors de son mandat présidentiel, dans nos banlieues. Avec une absence totale de scrupule. Sarkozy a fait bouger les digues politiques, en matière de racisme, de morale, avec l’affaire des comptes de campagne, mais aussi par ses fréquentations politiques, des hommes du SAC à Patrick Buisson et consorts. Mais, alors qu’on a cru Nicolas Sarkozy hors course, après 2012, le voici de retour. François Hollande, en amenant dans le débat public la déchéance de nationalité, en faisant voter sa loi El Khomri, s’est installé sur le même terrain.

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