— Par Christian Antourel —
Comme chaque année, la saison du Théâtre de Fort de France s’annonce comme une promesse un moment suspendu où l’on attend des artistes que nous connaissons et que l’on admire. Dans un monde pétri d’accélérations et de surenchères, il est bon de rythmer l’année par des rendez-vous artistiques d’une grande qualité.
Directrice du Théâtre, Michèle Césaire est parvenue à pérenniser divers compagnonnages avec des artistes de premiers plan et a ainsi défini et modelé le Théâtre Aimé Césaire comme un fleuron de la création contemporaine.
Focus. Cette saison est « dédiée de fait à l’écriture théâtrale contemporaine, celle qui est ancrée dans la réalité d’aujourd’hui et qui rend le spectacle vivant…notre sélection de spectacles est révélatrice d’une grande envie de divulguer et de faire apprécier les écritures modernes, et par conséquent de ne pas éviter les paris culturels difficiles. … nous multiplierons les propositions théâtrales jusqu’à présenter aux mois de mars et d’avril 2019 , deux spectacles différents sur quatre jours d’affilés, du mercredi au samedi… Le spectacle proposé au mois de novembre, « Une Maison de poupée »d’Henrik Ibsen, a marqué son temps . Créée en 1879, cette pièce a été interdite de représentation en Angleterre et en Allemagne, car la femme y est représentée trop libre d’agir et de décider de son devenir sans tenir compte du mari dont la fonction sociale était à l’époque toujours dominante dans le couple…la vie quotidienne nous démontre qu’il est encore important de faire découvrir Ibsen, auteur féministe précurseur du théâtre moderne …Une place exceptionnelle sera accordée à la musique avec du jazz et les deux concerts du saxophoniste caribéen Luther François et son quartet pour clôturer l’année de manière festive les 14 et 15 décembre…
Un engagement fidèle pour la création.
En janvier, précise Michèle Césaire nous présenterons « Races » « Alors qu’aujourd’hui des théories racistes ressurgissent dans l’économie et la politique, il nous semble urgent de sortir ce spectacle de son espace habituel et d’aller à la rencontre de tous les publics »…le mois de mars sera donc intense avec deux créations , présentées sur quatre jours, dans les mêmes conditions qu’au Festival d’Avignon. Le public découvrira des comédiennes aux multiples visages et des thèmes difficiles, concernant la question du genre et de l’identité sexuelle. Il ne faudra pas rater « Choisir de vivre »…avec Nathalie Mann… les créations de février et d’avril 2019 seront, elles, martiniquaises avec le Seul en scène d’Hervé Déluge, metteur en scène et l’interprète de « Mea culpa » pièce autobiographique qui parle de la difficulté d’exister chez nous en tant qu’artiste…Puis « Poussière(s) » et « Seul au monde » un conte initiatique interprété par Nelson -Raphaell Madel un monologue monté par le Collectif La Palmera dont la démarche est inspirée par des idées humanistes et émancipatrices… La directrice de la structure poursuit « les mois de mai et juin seront ceux d’une rencontre théâtre amateur renouvelée pour finir la saison, la participation des écoles de musiques nous garantit une belle fête de la musique le 21 juin. Nous continuons à faire vivre le Théâtre de Fort- de- France malgré tout et vous êtes nombreux à le fréquenter. Tant que vous nous soutiendrez, il sera garanti d’une programmation de qualité, mise en œuvre par notre équipe et des compagnies artistiques créatives qui comprennent notre combat culturel… Nous faisons beaucoup avec peu de moyens, mais nos jours sont comptés sans les subventions de l’Etat et un soutien plus important de notre action culturelle par les collectivités territoriales. Merci à tous et aux artistes »
Christian Antourel